Les forêts tunisiennes qui génèrent, chaque année, 223 millions de dinars de revenus, soit 0,3% du PIB, sont de plus en plus menacées, notamment par des incendies prémédités, selon des données diffusées mercredi, à l’occasion de journées d’information sur la promotion du secteur forestier.
Le directeur général des forêts au ministère de l’Agriculture, Youssef Saâdani, a précisé à l’agence TAP que 5.000 hectares de forêts ont été perdus durant ces dernières années (déboisement et arrachage d’alfa).
Les forêts qui occupent 8% de la superficie du pays et servent d’abris à 10% de la population et au 1/5 des paysans, se trouvent pour la plupart dans les zones frontalières. Quelque 4.500 personnes veillent sur ces forêts. Ce corps qui fait partie de la police judiciaire est désormais exposé à des risques grandissants, ce qui nécessite la révision de son statut, a affirmé M. Saâdani.
Il a, également, recommandé la révision de la structuration de la direction générale des forêts pour l’adapter aux défis auxquels elle est confrontée et de manière à lui conférer davantage d’autonomie dans la prise de décision. Selon M. Saâdani, cette direction oeuvre à sensibiliser l’opinion publique à l’importance des forêts en tant que bien public, à reboiser les superficies incendiées et à améliorer les conditions de vie de leurs habitants.
Exploitation de bois et de liège
Les forêts tunisiennes fournissent plusieurs produits, particulièrement le liège et le bois. A cet égard, les forêts de chêne liège s’étendent sur environ 70.000 hectares situés dans les gouvernorats de Jendouba, Béja et Bizerte. Leurs productions annuelles de liège varient entre 50 et 60.000 quintaux et servent notamment à la fabrication de bouchons dans 5 usines, selon le directeur de l’Agence d’exploitation des forêts, Mohamed Mokhtar.
Le secteur, a-t-il noté, constitue un gisement important d’emplois pour les habitants des forêts et génère des revenus directs de près de 6 MDT.
L’opération d’extraction de lièges nécessite, d’après lui, le recours à des techniques de pointe pour garantir la qualité du produit et préserver l’arbre. A cet égard, l’agence œuvre à assurer le renouvellement naturel des forêts et à mettre en œuvre des stratégies pour la protection de l’arbre.
S’agissant du bois, il est fourni par les forêts situées au nord et au centre du pays en général. La capacité de production dans ce domaine est estimée à 500.000 mètres cubes, dont 250.000 seulement sont exploités, a-t-il ajouté.
La couverture forestière du pays comprend, également, des plantes aromatiques qui sont utilisées dans la production des huiles essentielles, du romarin, du myrte et autres produits, à l’instar du pin d’Alep, du pignon et les olives sauvages.
L’agence, a-t-il précisé, cède plusieurs produits forestiers exploitables à des privés dans le cadre d’adjudication publique.
Activités de chasse et de tourisme écologique menacées
Par ailleurs, environ 12.000 chasseurs locaux et étrangers ont trouvé leur bonheur dans les forêts tunisiennes s’adonnant à la chasse des lapins et des perdrix pour les premiers (10.000) et à la chasse de sangliers pour les seconds (2.000), d’après le directeur de la sauvegarde de forêts, Habib Abid.
Cependant, la dégradation des conditions sécuritaires dans le pays suite à la montée du terrorisme et l’interdiction de la chasse dans les zones militaires fermées, outre la sécheresse qui sévit dans le pays, ont porté préjudice aux forêts et réduit les activités de chasse, notamment dans les gouvernorats du Kef et Kasserine, d’après lui.
«Environ 300 incendies ont été, en outre, recensés depuis le début de cette année, par les services forestiers ravageant ainsi près de 4.200 hectares, dont 80% se trouvent dans les gouvernorats du Kef, de Bizerte et de Zaghouan», a-t-il fait savoir, précisant qu’il s’agit «d’incendies prémédités».
A cet effet, la direction générale des forêts devrait recevoir 26 camions d’extinction de feu, en décembre 2013, et 24 autres véhicules au cours de 2014, et ce dans le cadre d’un programme de coopération tuniso-italien.
La Tunisie compte 17 parcs nationaux et 27 réserves naturelles, que les services concernés oeuvrent à enrichir grâce à des programmes de repeuplement de gazelles et de sauvegarde de plantes naturelles, outre la promotion de tourisme écologique.
Ces réserves et parcs nationaux accueillent environ 100.000 visiteurs par an. Actuellement seul l’accès au parc de Mont Chambi, déclaré “zone militaire fermée” après avoir été le théâtre d’actes terroristes, est interdit aux visiteurs.
Les journées d’information dédiées au secteur forestier sont organisées du 6 au 8 novembre 2013 à l’occasion de la célébration, dimanche 10 novembre, de la fête nationale de l’arbre.