Un billet de cinq euros (Photo : Bas Czerwinski) |
[08/11/2013 19:42:30] Paris (AFP) Deux ans après une première tentative, la Monnaie de Paris relance sa campagne en faveur de la création d’une pièce de 5 euros, qui viendrait concurrencer le billet de même dénomination.
Le groupe public met en avant la longévité des pièces (en moyenne de 40 ans), bien supérieure à celle des billets (estimée à 1 an), qui pourrait permettre d’importantes économies.
“Si on transformait tous les billets de 5 euros en pièces, la zone euro ferait une économie collective de 10 milliards d’euros”, a fait valoir vendredi auprès de l’AFP Christophe Beaux, le patron de la Monnaie de Paris.
M. Beaux a fait valoir son point de vue lors d’une réunion, tenue le même jour à Bruxelles et réunissant des représentants des Etats membres de la zone euro, de la Banque centrale européenne et des instituts de frappe monétaires. La Commission européenne prépare actuellement un Livre vert sur comment réduire les coûts de production de monnaie au sein de l’Union monétaire. Une première mouture devrait être présentée en fin d’année.
Même s’il obtenait l’accord des autorités politiques, en l’occurrence en France de la direction du Trésor qui dépend de Bercy, M. Beaux risquerait de buter comme en 2011 sur l’hostilité de la Banque centrale européenne (BCE) opposée à une telle idée. D’autant que les banques centrales nationales sont celles qui fabriquent le billet de 5 euros considéré avec le billet de 10 euros comme l’un des plus rentables de toutes les coupures.
Relancer son activité
Pour la Monnaie de Paris, se voir confier la fabrication d’une pièce de 5 euros relancerait son activité séculaire de frappe de monnaies pour le compte de l’Etat, en perte de vitesse.
Le chiffre d’affaires de cette activité historique a baissé en 2012 de 9%, à 42 millions d’euros. Elle ne représente plus que 27% des revenus de la Monnaie de Paris contre 60% en 2007.
Si l’Etat a commandé 800 millions par an de pièces à la Monnaie pour les trois prochaines années, cette commande devrait diminuer par la suite, indique le groupe public, dont les marges et les bénéfices sont assurés depuis peu par ses activités commerciales (la fabrication de monnaies de collection, de monnaies courantes étrangères et de médailles).
“Cette activité va se tasser”, reconnaît M. Beaux, d’où la nécessité d’anticiper au vu des surcapacités de production de son usine de Pessac (Gironde), qui ne fabrique plus que quelques 900 millions de pièces par an aujourd’hui contre plus de trois milliards en 2002. “C’est trois fois moins, alors qu’on pourrait facilement en produire trois fois plus”, explique Christophe Beaux.
“Faut-il autoriser la production d’une pièce de 5 euros pour occuper des salariés de Pessac. Franchement ce n’est pas possible”, ironise un responsable de Bercy.
En 2011, avec entre autres les instituts de frappe danois, italien et espagnol, la Monnaie de Paris avait déjà fait campagne auprès des autorités européennes pour la création d’une pièce de 5 euros calquée sur le modèle de la pièce de 5 francs suisse. L’essai n’avait pas été concluant.
Cette initiative s’inscrit dans une campagne générale de la Monnaie de Paris, qui milite pour une restructuration de l’industrie européenne de la frappe monétaire, qui compte une vingtaine d’acteurs.
Cette réorganisation passerait par une vive compétition entre les acteurs via des appels d’offre, selon M. Beaux, et à terme une “disparition” de certains frappeurs de monnaie. “Il y a plus de fabricants de pièces que de constructeurs automobiles en zone euro”, ironise M. Beaux.
Bousculée comme ses rivaux européens par la multiplication des moyens de paiement électroniques, la Monnaie de Paris doit réagir.