Didier Penissard* : “Réveiller, en chacun, son réservoir de potentialités“

didier-penissard-2013.jpgWMC : Le coaching, tout le monde en parle mais on ne sait pas le définir. Est-ce une science ou tout simplement des “bonnes pratiques“? On l’enseigne avec pédagogie ou on le fait apprendre avec des astuces mémo techniques?

Didier Penissard: Le coaching n’est pas une science. Mais une démarche active pour obtenir un changement, tout en étant accompagné. Etre coaché, c’est comme un peu comme une plante qui a besoin, juste après sa plantation en terre, d’un tuteur pour lui faire prendre la bonne direction. Un jour viendra où le tuteur sera supprimé. De la même manière, un coach joue le rôle de tuteur. Le plus tôt où il se sépare de son “coaché“ sera le mieux.

Le coaching utilise des méthodes, des techniques, des stratégies d’organisation, de motivation personnelle et des conseils. La pédagogie est la clé en effet. Un “bon coach” est avant tout un pédagogue. Rendre compréhensible une théorie ou un concept est un facteur clé pour permettre à celle ou celui qui est coaché de comprendre aisément la feuille de route que le coach lui fixe.

Le terme astuce me semble ne pas être le bon terme. Le coaching est plus une prise de conscience et un engagement. L’engagement doit être fort entre le coach et le coaché. Un suivi doit être assuré par ce que l’on nomme des feed-back. Rien n’est possible si l’évaluation régulière des résultats n’est pas au rendez-vous.

Je pense que le coach peut enseigner une nouvelle manière de faire, mais surtout il veille à ce que la stratégie soit effectivement appliquée pendant le temps du cheminement, jusqu’à ce que le changement soit obtenu.

Vous semblez dire que le coaching procure un bien-être professionnel au coaché et cela ne gâche rien. Est-ce qu’un gain de productivité, en retour, est garanti?

Je suis persuadé que le coaching efficace doit intégrer une notion de plaisir. Nous sommes tous encore des “grands enfants” et donc, nous avançons avec des récompenses. Le coach doit toujours mettre en ligne de mire que si changement il y a, alors on obtiendra PLUS de bien-être (familial, professionnel, personnel, etc.). Ne nous cachons pas la vérité: parfois le changement est douloureux. Néanmoins, si le bénéfice est supérieur à la “douleur” que doit concéder le coaché pour atteindre son but, alors ce sera plus aisé pour franchir cette étape.

Le coaching vise l’excellence, et donc la productivité peut faire partie de cela. La véritable question est de savoir ce que l’on entend par productivité. Pour ma part, être plus productif d’idées, de solutions, de créativité en général correspond à cette qualité. De la même façon, être plus performant dans sa gestion du temps, dans son efficience, sa capacité d’adaptation, de parler, de convaincre, de faire fonctionner de manière optimale ses ressources cérébrales relève, je le crois, de la productivité. C’est en cela que je préfère le terme “développement personnel”.

En somme vous éveillez le candidat ou l’apprenant à une performance comportementale. N’est-ce pas de l’autodiscipline avec du mordant et de la motivation? vous poussez l’apprenant à réaliser un “boost“ de son mental?

L’idée de performance est exacte à la condition que je l’aide à chercher en lui-même la (ou les) ressource(s) nécessaire(s). Nous possédons tous des ressources endormies au plus profond de notre cerveau. Le neurologue Cragg affirme que dans une vie, l’homme n’utilise que 1% de ses connexions neurologiques… On peut même passer à côté toute une vie sans utiliser l’immense réservoir de potentialités qui sommeillent en nous. La bonne nouvelle est que cela s’apprend!

Le coach est donc là pour détecter la ressource et donner le “mode d’emploi” pour y parvenir.

Oui, il y a nécessairement une forme d’autodiscipline. Mais pas seulement. La volonté ne suffit pas, loin de là. Il faut détecter les freins internes qui peuvent inhiber une grande partie de notre personnalité.

En revanche, pour la motivation, oui c’est un vecteur essentiel pour acquérir un changement. Le mot motivation veut dire littéralement “donner un motif à son action”. C’est en cela que le coach doit trouver le grand motif du coaché et le renforcer.

La question du “boost” me plaît assez. Car, elle correspond au principe d’une nouvelle dynamique. Ce n’est par hasard qu’une de mes techniques favorites pour enseigner les techniques de changements se nomme “Dynamique mentale”.

Selon vous, le coaching s’inscrit dans le prolongement du cercle de qualité…

Si le cercle de qualité est relié à notre personnalité, alors oui. Car, nous pouvons (et devons) renforcer nos qualités. Maintenant, je pense que vous faites référence aux notions de “process/qualité” que bons nombres d’établissements appliquent pour renforcer leurs exigences. Je ne pense pas que ces points soient associés systématiquement. On peut être coaché, personnellement ou bien en groupe sans avoir comme priorité le cercle qualitatif en tête. C’est surtout une mobilisation du potentiel endormi qui est ici concerné par cette démarche.

Le coaching devient un stimulant de la performance. Le luxe pour le coaching serait qu’il fasse l’objet d’une certification ISO?

C’est un sujet que je connais bien, ayant été moi-même auditeur interne ISO dans le groupe Renault. Je vais peut-être vous surprendre mais, je pense que ISO limite, à terme, grandement l’emploi des potentialités et ressources de l’être humain. ISO renforce les exigences qualitatives, c’est son but premier. En revanche, j’ai constaté qu’il fait baisser la valeur créative. Un homme, une femme dans une entreprise, possède un potentiel créatif quasi illimité qui est un atout précieux. En formalisant à l’extrême, comme c’est le cas avec les process ISO, j’ai vite constaté que l’on devient des “robots”.

Bref, on perd cette capacité précieuse d’inventer, de créer des idées. Si important aujourd’hui pour avancer.

Citez-nous quelques recettes types de coaching?

Si recette il y a, je donnerai une piste à vos lecteurs en leur fournissant des petits outils d’auto coaching.

Commencez par détecter les “croyances” qui vous bloquent! Vous devez commencer par là! Car, si vous n’avancez pas, si vous stagnez, c’est peut-être une croyance profonde qui vous empêche de réussir.

Une enquête menée en 2001 sur 250 volontaires qui étaient confrontés à la nécessité de changer… et qui n’y arrivaient pas, ont été interrogés sur leurs croyances! Éloquent. Voici les réponses les plus courantes:

– “Il faut tout savoir et tout “bien faire” pour se lancer dans un projet”

– “Il faut avoir du talent pour réussir”

– “La vie fait toujours que cela se termine mal”

– “Le passé est tellement lourd (échecs) que cela influence mon avenir”

– “Il vaut mieux éviter d’affronter l’existence que d’entreprendre une nouvelle initiative”

En revanche, la même enquête a été menée sur 250 autres volontaires qui se sont “engagés” dans des projets, initiatives et les ont menés à terme. Voici les réponses de leurs croyances:

– “Toute difficulté est une occasion d’apprendre (opportunité)”

– “Réussir est un engagement de tous les instants”

– “La vie est un jeu”

– “On peut s’inspirer et imiter les personnes qui réussissent”

– L’apprentissage des choses et de la vie ne s’arrête jamais.

————————-