La macroéconomie occupe l’essentiel de la politique tunisienne, tant l’instant est politique. Cheville ouvrière du dynamisme économique, l’entreprise est occultée. Il faut l’aider à refaire surface.
“What is good for General Motors, is good for America“, claironnait le président américain, Harry Truman. Les enseignes américaines sont la fierté des Etats-Unis. General Motors ou General Electric auparavant, et aujourd’hui Apple ou Intel sont les emblèmes de l’Amérique qui gagne et qui prospère.
L’entreprise est au cœur de l’économie de marché, il va sans dire. Mais à l’heure actuelle, l’entrepris tunisienne est passée sous silence. Le budget 2014 la remet, ponctuellement, en scène. Elle attend d’être remise en selle, car ne perdons pas de vue que nos entreprises sont nos emplois et que nos emplois sont nos emplettes.
Principal vecteur de croissance, elle ne semble pas au cœur des préoccupations des décideurs, pourtant il serait bien de la remettre à flots. Dans le classement des 1.000 premières entreprises du pourtour méditerranéen, point d’enseignes tunisiennes. C’est frustrant. Que fait-on, pour rattraper le coup?
Le budget 2014 : le stimulus fiscal
Le projet de loi de finances pour l’année 2014 viendrait au service de l’entreprise de deux façons différentes.
La première est un stimulus fiscal, car la loi de finances envisage de baisser le taux de l’impôt sur les sociétés de 30 à 25%. Moins d’impôt c’est mécaniquement plus de cash flow. Cela signifie plus de moyens pour conforter les fonds propres, ou pour investir.
La seconde est la fiscalisation des dividendes à 10%. Le rétablissement de l’impôt sur les valeurs mobilières pourrait dissuader les dirigeants de la politique de distribution. A quelque chose malheur est bon. Cet effet de rétention peut se traduire également par plus de cash flow. Mais, en gros, là s’arrête l’intérêt porté à l’entreprise. Son environnement d’affaires est vite occulté. En décembre dernier, lors des Journées de l’entreprise de l’IACE, l’UTICA, par l’entremise de sa présidente, Wided Bouchamaoui, avait demandé à ce qu’on décrété l’“état d’urgence de l’économie nationale“. Visiblement, son message n’a pas été entendu.
Le mauvais procès fait à l’entreprise
Le corps entrepreneurial national traîne quelques casseroles. Il a flirté avec l’évasion fiscale. Sa traque aux subventions est bien connue. C’est vrai qu’il verse dans la complainte du “toujours plus“, d’avantages, de subventions et autres primes, soit. Malgré tout, il faut ménager ce corps de métier, en usant de compréhension.
Les arrangements fiscaux, à eux seuls, ne modifieront pas la physionomie de l’environnement d’affaires dans le pays. Quand le gouverneur de la BCT met à l’index leur comportement poujadiste, cela n’est pas valorisant. Décrier l’esprit boutiquier chez ce corps d’élite, ce n’est pas un signal de soutien.
Chedly Ayari voyait d’un mauvais œil la résistance de la SFBT contre un projet de taxe supplémentaire de 100 millimes sur la bouteille de bière. La SFBT disait exactement ceci: une taxe supplémentaire sur la bière ferait baisser le chiffre d’affaires. Elle pénaliserait donc l’entreprise et l’Etat. D’ailleurs le ministère des Finances a abandonné son projet.
Nicolas Sarkozy, pendant son mandat, avait défendu un partage en trois tiers entre l’Etat, les salariés et le capital. Pourquoi ne pas convenir d’un deal national en la matière et couper court à tous les procès en mauvaises intentions.
Secteur informel : L’Etat est-il prêt à faire le ménage
Quand on exige des entreprises de gagner, il faut leur permettre de se constituer un trésor de guerre. Des entreprises qui quémandent, cela ne se voit pas qu’en Tunisie. Les entreprises anglaises ont bien obtenu de Tony Blair que l’Etat anglais prenne en charge les frais de formation des jeunes recrues au motif de l’employabilité.
Nous connaissons tous les vulnérabilités de l’entreprise tunisienne à savoir sa sous-capitalisation, son sous-encadrement, mais convenons que nous ne lui rendons pas la vie facile. La difficulté d’accès au crédit bancaire est une entrave majeure. Et, puis, n’oublions pas que le secteur informel lui dévore son espace vital. L’Etat peut convenir d’un programme de performances avec l’entreprise pour la contraindre à plus d’efficacité. Personne ne trouverait à redire sur la question. Encore faut-il qu’il la débarrasse du fléau qui l’étrangle lentement. Est-on prêt à faire le ménage dans l’informel? N’est-ce pas par-là qu’il faut commencer?.