Chine : le Parti s’engage à accorder un “rôle décisif” au marché

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évolutionnaire sur la place Tiananmen à Pékin, le 12 novembre 2013 (Photo : MARK RALSTON)

[12/11/2013 13:51:15] Pékin (AFP) Le Parti communiste chinois (PCC) a conclu mardi les travaux de son troisième plénum sur un engagement à laisser le marché jouer un “rôle décisif” en vue d’un “approfondissement général des réformes”, ont annoncé les médias d’Etat.

Les 376 membres du Comité central du PCC avaient entamé samedi leur troisième réunion plénière depuis la transition au sommet du pouvoir il y a un an, avec l’objectif affiché de s’attaquer à des réformes économiques et sociétales “historiques”.

Les dignitaires communistes ont toutefois prévenu mardi que “le plus important est de maintenir l’autorité du Parti” sur le pays, selon le communiqué final du plénum cité par l’agence officielle de presse Chine Nouvelle.

“Le principal problème est de gérer correctement les relations entre le gouvernement et le marché” afin que ce dernier ait un “rôle décisif” dans la répartition des ressources économiques, permettant ainsi au gouvernement de “mieux jouer son rôle”, selon le document.

Aucun “big-bang” ne semble toutefois poindre à l’horizon, le communiqué soulignant que les autorités “maintiendront la prépondérance des secteurs économiques d’Etat et les laisseront jouer le rôle moteur”.

Mais en même temps, “nous devons résolument encourager, soutenir et guider le développement du secteur non public”, poursuit le communiqué, pour qui privé et public sont “tous deux des composantes importantes de l’économie socialiste de marché”.

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ée chinoise en patrouille devant le Palais du Peuple à Pékin, le 12 novembre 2013 (Photo : Mark Ralston)

Selon la presse officielle de ces derniers jours, les réformes issues du plénum doivent ouvrir à la concurrence des secteurs actuellement dominés par les monopoles des grands groupes d’Etat, tels que les chemins de fer, la finance et les télécoms.

Un “groupe dirigeant central” doit être mis sur pied pour “concevoir” et “superviser” les réformes à venir, a encore décidé le comité central du PCC.

Les analystes n’avaient anticipé qu'”une feuille de route” très générale pour ce plénum, les mesures précises et le calendrier devant être dévoilés ultérieurement.

La Chine va également “promouvoir la réforme des terres agricoles” afin de “donner davantage de droits aux agriculteurs sur la propriété” des terres, a ajouté le document, précisant qu'”un marché unifié et ouvert des terres constructibles” sera mis en place, à l’heure où la spéculation foncière est la première source de revenus des autorités locales.

Les médias d’Etat avaient évoqué avec insistance de possibles réformes de la propriété agraire, mais aussi du système du hukou (permis de résidence), qui restreint l’accès aux services publics des nombreux ruraux ayant migré vers les villes.

Le hukou n’a pas été spécifiquement mentionné dans le communiqué, mais le Comité central s’est engagé “à promouvoir un accès équitable pour tous aux services publics de base”.

En outre, un “Comité chargé de la sécurité de l’Etat” sera mis en place afin de “perfectionner le système et la stratégie assurant la sécurité nationale”, selon le document final, qui ne fournit pas d’autres détails.

Le plénum du PCC s’est déroulé loin des regards et sous bonne garde, dans un hôtel de l’ouest de Pékin.

Au journal du soir de la télévision d’Etat, les membres du Comité central ont été montrés réunis dans une grande salle, face aux 25 membres du Bureau politique devant une estrade ornée de la faucille et du marteau.

Le président Xi Jinping et l’assemblée ont voté à main levée à l’unanimité l’adoption des mesures, peut-on voir sur ces images.

Les deux premiers plénums suivant un congrès du PCC servent traditionnellement à désigner les dirigeants du Parti et de l’Etat, tandis que le troisième fixe les grandes lignes politiques et économiques. C’est à cette occasion que Deng Xiaoping avait lancé en 1978 sa grande modernisation de l’économie chinoise.

Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang, qui ont pris leurs fonctions en mars, ont affirmé leur volonté de rééquilibrer la croissance de la seconde économie mondiale, pour la rendre moins dépendante des exportations et des investissements au profit de la consommation intérieure.

Le Comité central a semblé écarter toute évolution politique majeure, réaffirmant son rejet de “la vieille et rigide politique de fermeture” vis-à-vis de l’étranger, tout comme “les velléités d’abandonner le socialisme et de prendre des voies erronées”.

Ce rappel de l’autorité du Parti intervient à un moment où une vaste campagne contre la corruption frappe tous les niveaux de l’appareil administratrif.

“Nous devons (…) améliorer le système de punition et de prévention de la corruption et bâtir (un monde) politique propre”, a averti le Comité central.