France : croissance nulle attendue au troisième trimestre

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ée à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

[12/11/2013 15:32:18] Paris (AFP) L’Insee publie jeudi sa première estimation de la croissance française au 3e trimestre 2013 attendue en repli, après le rebond du 2e trimestre, et qui pourrait ne pas retrouver de vigueur avant 2014 faute d’un sursaut de l’investissement, selon des économistes.

Dans ses dernières prévisions du 3 octobre, l’Institut national de la statistique et des études économiques annonçait une stagnation du produit intérieur brut français entre juillet et septembre. La Banque de France tablait de son côté sur une croissance de 0,1% sur cette même période.

De fait, les ingrédients concourant à la croissance sont en très petite forme au troisième trimestre: la production industrielle a reculé (-1,4% sur le trimestre), la consommation (-0,1%) aussi et les exportations sont toujours en souffrance.

“L’ensemble des données dures sont mauvaises donc on pense que le trimestre va être mauvais”, explique à l’AFP Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis. Il prévoit lui-même un recul de 0,2% du PIB.

Pour lui, “l’élément crucial qui pourrait relativiser cette mauvaise nouvelle, c’est l’investissement des entreprises”. “S’il est nul ou légèrement positif, ça permettra d’avoir le coeur un peu plus léger même si les trois autres composantes du PIB sont négatives”, détaille l’économiste en rappelant que l’investissement des entreprises est “un indicateur qui précède le cycle” et donne donc une information sur la conjoncture à moyen terme.

“Si tout est négatif ou pas bon, comme on l’attend, et qu’en plus l’investissement qui s’était stabilisé au deuxième trimestre, replonge en territoire négatif, alors là, on a toutes les raisons d’être pessimistes”, analyse-t-il.

Or, les premiers signaux ne sont pas bons. Selon l’Insee, les industriels ont revu leurs prévisions d’investissement pour l’ensemble de l’année 2013 légèrement à la baisse par rapport à leurs intentions en juillet. Son enquête trimestrielle auprès des chefs d’entreprises publiée vendredi montre que l’investissement industriel chutera ainsi de 7% en valeur en 2013 contre 6% attendus en juillet.

Ce n’est qu’en 2014 que pourrait poindre une quasi-stabilisation, avec une baisse limitée à 2%.

Croissance attendue autour de 1% en 2014

“Aujourd’hui, les entreprises disent qu’elles ont encore des marges de production avec leurs équipements non utilisés: elles estiment qu’elles peuvent produire 3% de plus sans embaucher et 1% de plus sans investir dans de nouveaux équipements”, explique à l’AFP Eric Heyer, analyste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.

Mais selon lui, fin 2013, elles seront arrivées au terme de leurs capacités. “Il y aura eu 11 trimestres de désinvestissement sur les 13 derniers trimestres. Du coup, il va falloir qu’elles refassent des investissements de productivité”, prévoit-il, annonçant le redémarrage début 2014 d’un “léger cycle d’investissement”.

Pour les deux économistes, un autre facteur va s’immiscer dans l’embellie annoncée mi-août de l’économie française. La croissance du PIB cet été risque de pâtir de son sursaut du printemps (+0,5 point) en en subissant le “contre-coup”.

“On risque de payer ce regain de dynamisme qui était au-dessus du potentiel de croissance tel qu’on l’estime aujourd’hui”, juge M. Caffet, pour qui la croissance a été “tirée de manière artificielle” par une forte consommation d’énergie liée au froid persistant du printemps.

Le quatrième trimestre pourrait cependant bénéficier à nouveau d’une poussée des dépenses de consommation liée à l’anticipation de l’augmentation des taux normal et intermédiaire de TVA à partir du 1er janvier. “Mais par contre-coup, on aura un mauvais premier trimestre 2014”, déplore l’économiste.

Mardi, l’OCDE a néanmoins confirmé pour le deuxième mois consécutif que la croissance française connaissait une “inflexion positive”. Les indicateurs composites avancés de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques établissent une tendance six mois environ avant qu’elle ne se concrétise dans l’économie réelle.

La plupart des observateurs tablent sur le retour d’une croissance autour de 1% en 2014.