épond aux journalistes, le 12 novembre 2013 à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard) |
[12/11/2013 19:59:08] Paris (AFP) La pression politique s’est accentuée mardi dans le dossier La Redoute avec une visite de la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, au siège de Kering pour appeler le groupe de luxe à assumer ses responsabilités envers l’emploi.
Mme Aubry, après des déclarations virulentes il y a dix jours contre le groupe dirigé par François-Henri Pinault, s’est entretenue avec lui durant deux heures mardi au siège parisien de Kering (ex-PPR), dans la foulée d’un appel solennel de Bercy à éviter tout empressement dans ce dossier.
A l’issue de la rencontre, elle a appelé le groupe à prendre “sa responsabilité” dans la vente de sa filiale de vente par correspondance, qui emploie 2.400 à 2.600 salariés en France et environ 900 à l’étranger, mais dont dépendent au total 6.000 emplois dans le nord de la France, selon elle.
La cession par Kering de La Redoute, dont le principe avait été annoncé de longue date, pourrait être conclue d’ici quelques semaines alors que deux repreneurs restent en lice.
“Il faudra que Kering prenne sa responsabilité par rapport à La Redoute, bastion historique qui a permis d’asseoir ce grand groupe de luxe”, a déclaré Mme Aubry. M. Pinault lui a assuré qu’il choisirait le repreneur en fonction de la “pérennité” de l’entreprise, “de la solidité industrielle et des effets sur l’emploi+”, un message que “nous entendons”, a dit Mme Aubry.
‘Minimiser’ l’impact sur l’emploi
“Mais, pour nous, l’essentiel c’est que La Redoute continue à vivre dans toutes ses fonctions: le marketing, le commercial mais aussi l’informatique et la logistique, notamment sur les sites de La Martinoire à Wattrelos”, a souligné la maire socialiste.
La délicate question du plan social qui s’esquisse chez La Redoute (700 emplois seraient supprimés dans le cadre de la reprise) n’a pas été abordée : “Nous n’avons pas souhaité parler de plan social car nous considérons que nous sommes avant la cession”, a indiqué Mme Aubry.
De son côté, Kering a promis de retenir “le projet industriel le plus solide pour l’entreprise et le mieux disant pour les salariés”, avec comme priorité de “minimiser l’impact sur l’emploi”.
Le groupe a contesté avoir tardé à prévenir le personnel de la perspective d’un nouveau plan social, comme l’en avait accusé Mme Aubry avant sa venue à Paris.
Il assure avoir tenu les représentants du personnel “informés” depuis juin “du calendrier et des modalités de la cession”, et avoir organisé cinq réunions pour évoquer l’accompagnement social et financier d’une cession.
La question des emplois est devenue éminemment politique à l’approche des élections municipales en mars prochain et dans l’entourage de Kering, on s’inquiète de cette politisation, susceptible de dissuader des repreneurs potentiels. Les noms de la foncière Altarea Cogedim et des fonds OpCapita et HIG Capital circulent.
Le gouvernement socialiste, se déclarant “attentif” au dossier La Redoute, avait appelé vendredi soir Kering à surseoir à toute décision “apparaissant comme prise dans la précipitation”. Un appel lancé au lendemain d’une manifestation de 1.200 salariés de La Redoute à Lille.
Mme Aubry avait dénoncé début novembre “l’attitude irresponsable” de Kering, selon elle, l’accusant d’avoir “laissé s’enfoncer” La Redoute en rechignant à investir pour moderniser l’informatique et la logistique.
Mais Kering conteste: il dit avoir investi 400 millions d’euros depuis 2008 dans la société pour permettre sa mutation.
Les deux parties ont rappelé mardi que Kering co-financerait aussi les investissements nécessaires pour transformer l’entreprise dans le cadre de sa reprise.
Le délégué CGT de La Redoute, Fabrice Peeters, a souligné que les salariés attendaient “le maximum de garanties pour tous”. “On ne veut pas que lors de cette cession, la saignée continue”, a-t-il ajouté, alors que la société a cumulé plusieurs plans sociaux douloureux ces dernières années.
Selon M. Peeters, des assemblées générales des salariés sont prévues mercredi et jeudi à La Martinoire et au siège à Roubaix pour décider d’actions futures. Une manifestation à Paris serait à l’étude.