Le président de l’Association nationale de protection de la vie sauvage, Ali Gharbi, estime que «l’amoncellement des ordures, les déchets déversés dans les rues et la chasse anarchique sont les principales causes de l’apparition des sangliers dans les quartiers limitrophes aux montagnes».
Il a déclaré, dans un entretien avec l’agence TAP, que «le manque d’aliments dans leurs milieux naturels en raison de la sécheresse et de la dégradation de l’environnement, dans les régions montagneuses, a poussé ces animaux à rechercher leur nourriture dans les monticules d’ordures qui s’entassent dans les quartiers limitrophes, outre le fait qu’ils font l’objet d’opérations de chasse anarchique. En conséquence, ils fuient vers des régions plus sûres».
L’apparition de sangliers sauvages, la nuit, à la Cité Ennasr (gouvernorat d’Ariana) a provoqué la frayeur des habitants qui ont appelé les autorités locales à lutter contre ce phénomène.
En conséquence, la municipalité de l’Ariana a organisé des campagnes de chasse pour lutter contre la prolifération des sangliers. Les agents municipaux, appuyés par l’association des chasseurs ont tué 36 sangliers (9 à Djebel Ammar et 24 à Ennahli).
A Gabès, face aux dégâts causés à la récolte agricole, une campagne de chasse aux sangliers a été, également, lancée. Dix animaux ont été tués, dont le poids varie de 45 et 90 kg.
M. Gharbi a exprimé son refus pour ces campagnes intensifiées de chasse de sangliers, qui peuvent réduire le nombre d’animaux, surnommés “nettoyeurs de la forêt”, qui contribuent à y préserver l’équilibre écologiques.
D’après lui, l’éradication de cet animal nous mettrait face à des espèces plus nuisibles, telles que les serpents, les scorpions, les rats…
Il a, même, affirmé, qu’il « n’y a pas lieu d’avoir peur du sanglier, qui fait son apparition depuis 15 ans, dans les zones urbaines de Ben Arous, avoisinantes de Boukornine. L’animal part à la recherche de sa nourriture, sans pour autant nuire aux citoyens».
Il a jugé que «le nombre global de phacochères ne dépasse pas 15.000 et doit être préservé, notamment de la chasse anarchique, qui en élimine plusieurs, étant donné les recettes financières importantes découlant de sa vente aux hôtels».
De son côté, le ministère de l’Agriculture évalue le nombre de sangliers à 20.000, vivant dans les montagnes et les forêts tunisiennes, qui se nourrissent, essentiellement, d’herbes sauvages, des plants et d’insectes.
Le directeur de la protection des forêts au département de l’Agriculture, Habib Abid, a abondé, dans ce sens, en soulignant que cet animal “n’est pas nuisible et craint d’apparaître dans les zones habitées”.
«Un sanglier peut atteindre 1,3 m, peser de 60 à 130 kg et vivre de 15 à 20 ans. La femelle (laie) a deux portées par an (de 2 à 8 marcassins). Elle est agressive quand elle est accompagnée de ces petits, et peut attaquer lorsqu’elle se sent en danger», a t-il relevé.
Le sanglier, qui se trouve dans les forêts tunisiennes dans le nord, le centre et le sud, peut faire quotidiennement 20 km, mais n’apparaît que rarement dans les zones urbaines avoisinantes à ces régions.
Le ministère de l’Agriculture publie, tous les ans, un décret pour l’ouverture de la saison de la chasse des sangliers, organisée cette année de septembre à avril, pour les amateurs tunisiens et étrangers (10.000 chasseurs nationaux et 2.000 touristes).
La chasse d’un sanglier nécessite un groupe de 12 chasseurs, ainsi que plusieurs rabatteurs.
Chaque année 4 à 5 mille sangliers sont chassés en Tunisie, dont 40% par les touristes, 24% par l’administration de l’agriculture, 23% par les chasseurs tunisiens et 15% par les agriculteurs.
La chasse aux sangliers génère des recettes de l’ordre de 1,2 million de dinars grâce aux permis de chasse (617 mille dinars) et la vente de la viande de sanglier (390 mille dinars), selon M. Abid.
Le touriste paie 150 dinars pour chaque sanglier chassé, et le Tunisien entre 20 à 30 dinars. La viande de l’animal est essentiellement vendue aux hôtels.
WMC/TAP
