Capital Invest, une société marocaine de capital investissement, prend pied en Tunisie. Il s’agit là de la énième manifestation de la Banque marocaine pour le commerce extérieur (BMCE) pour notre pays. Où elle est déjà présente à travers le groupe Axis.
Présente en Tunisie depuis sept ans à travers le groupe Axis (Axis Bourse, Axis Conseil et Axis Gestion), la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE) s’y renforce. La deuxième plus importante banque du Maroc le fera à travers l’implantation d’une autre de ses filiales, Capital Invest.
Après s’être bâti une réputation au Maroc, où elle a réalisé une vingtaine d’opérations d’investissement (prises de participation minoritaires et majoritaires dans le capital de petites, moyennes et grandes entreprises marocaines performantes et ayant une fort potentiel) et gère des fonds ayant une capacité d’investissement globale de près de deux milliards de dinars tunisiens, Capital Invest –créée en 1999- étend aujourd’hui son terrain d’action à d’autres pays d’Afrique du Nord, la Tunisie et l’Egypte en l’occurrence.
Ces deux pays sont, avec le Maroc, la cible du fonds généraliste Capital North Africa Venture Fund II (CNAV II) dont Capital Invest a clôturé une première tranche de 75 millions d’euros –sur les 100 millions d’euros initialement ciblés-, dont une bonne partie engagée par la Banque européenne d’investissement (BEI, 20 millions d’euros), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD, 20 millions d’euros) et la Société financière internationale (IFC, groupe de la Banque mondiale, 10 millions d’€).
Le tour de table regroupe également le suisse Sifem (8 millions), le belge BIO, la Caisse des dépôts et consignations française, l’assureur marocain RMA Watanya, et le fonds de fonds Averroes, avec 5 millions pour chacun, et la banque française CIC (Groupe Crédit Mutuel, 2 millions).
Outre ses financements en fonds propres et en quasi-fonds propres, Capital Invest apportera aux entreprises ciblées, à l’instar des autres opérateurs régionaux de capital investissement, de précieux conseils pour améliorer leurs méthodes, transparence et gouvernance.
L’implantation de Capital Invest en Tunisie étonne d’autant moins que ce n’est là que la énième manifestation du groupe Finance Com en général et de la BMCE en particulier pour ce pays. La BMCE a pour la première fois manifesté de l’«appétit» pour notre pays en 2003 à l’occasion de l’appel d’offres pour la privatisation de la Banque du Sud finalement remporté par le groupe Attijariwafa Bank, son éternel et farouche concurrent.
Après la reprise du groupe Axis –dont elle est aujourd’hui l’actionnaire majoritaire- et probablement encouragé par la réussite de cette expérience, la BMCE s’est maintenue en position de chasse. La deuxième banque du Maroc a ainsi été parmi les prétendants au rachat de la Banque Tuniso-koweïtienne –finalement tombée dans l’escarcelle du groupe Caisse d’Epargne. Elle a ensuite postulé au rachat de la Banque franco-tunisienne lorsque, sous Ben Ali, l’Etat s’est imaginé qu’il pouvait d’un seul coup, en l’occurrence une cession, se débarrasser de cette banque et enterrer le litige avec la société ABCI. Mais l’appel d’offres a finalement capoté puisque ABCI, détentrice de 50% du capital, a bloqué la manœuvre.
Mais l’arrivée de Capital Invest prouve que la BMCE va continuer à guetter toutes les opportunités qui pourraient se présenter en Tunisie.