éroport Fiumicino de Rome, le 1er novembre 2013 (Photo : Gabriel Bouys) |
[13/11/2013 22:46:06] Milan (AFP) La compagnie aérienne italienne Alitalia a décidé de s’accorder plus de temps pour mettre en oeuvre son augmentation de capital, de quoi tenter de convaincre son partenaire et principal actionnaire Air France-KLM de participer au sauvetage.
Alitalia a décidé de repousser au 27 novembre la date-butoir d’adhésion à son augmentation de capital, a-t-elle indiqué mercredi soir dans un communiqué publié à l’issue d’un conseil d’administration. Le délai de 30 jours initialement prévu devait expirer jeudi soir.
Le report vise à permettre aux actionnaires non représentés au conseil d’administration de prendre connaissance du nouveau plan stratégique de la compagnie, également adopté mercredi soir, précise Alitalia.
Ce plan, une version remaniée de celui déjà présenté en juillet, prévoit “une sévère réduction des coûts” afin de parvenir à “une meilleure efficacité dans la gestion de l’activité et l’amélioration de la capacité de concurrence sur le marché”. La compagnie ne précise pas s’il comprendra des suppressions d’emplois, alors que la presse italienne a évoqué la possibilité d’une réduction de plusieurs milliers de postes.
Le plan prévoit en outre une “réduction du nombre d’avions moyen-courrier” et une augmentation des vols internationaux et intercontinentaux.
Air France-KLM a voté contre le plan, affirme l’agence Ansa, citant des sources proches du dossier. Bien qu’ils aient bien accueilli la révision du plan, ses représentants ont estimé qu’il lui manque des mesures adéquates de réduction de la dette d’Alitalia. Contactée par l’AFP, Air France-KLM s’est refusée à tout commentaire.
jusqu’à 300 millions d’augmentation de capital
Alitalia, en grandes difficultés financières, avait validé le mois dernier le principe d’une augmentation de capital de jusqu’à 300 millions d’euros. L’opération comprend la probable arrivée à son capital de la compagnie publique Poste Italiane, qui pourra souscrire jusqu’à 75 millions d’euros d’actions nouvelles, une fois cette décision validée par l’assemblée générale prévue le 20 novembre.
Nombre des actuels actionnaires d’Alitalia, sur une vingtaine au total, ont déjà fait savoir qu’ils ne voulaient ou ne pouvaient pas participer à l’opération: à ce stade, seuls les sociétés Intesa Sanpaolo (à hauteur de 26 millions d’euros), Atlantia (26 millions), Maccagnani (6 millions) et Immsi (13 millions) ont annoncé leur participation. La compagnie a par ailleurs reçu 65 millions d’euros de prêt des banques Unicredit et Intesa Sanpaolo.
Air France-KLM, qui détient 25% d’Alitalia, est lui-même en pleine restructuration et a jusqu’ici paru plutôt sceptique sur l’opportunité de venir à la rescousse de sa partenaire au bord de la faillite.
De l’avis des experts, il fait face à un choix difficile: en cas de non-participation, le groupe verrait sa part fortement diluée. Une liquiditation d’Alitalia pourrait en outre se traduire pour lui par une concurrence accrue d’Emirates et des compagnies low cost.
L’autre point à l’ordre du jour du conseil d’administration était l’examen d’un plan d’économie, grande source d’inquiétude pour les syndicats et le gouvernement italien. Plusieurs dizaines d’employés ont organisé un sit-in de protestation mercredi soir devant le siège de la compagnie.
L’agence Ansa évoquait ces derniers jours un plan d’économies de 250 millions d’euros et une réduction d’effectifs d’environ 2.000 personnes (sur 14.000), ainsi qu’une possible réduction des salaires. Alitalia n’a fourni aucun chiffre à ce sujet mercredi soir.
Si les suppressions d’emplois devaient être confirmées, la réponse des syndicats serait “très dure”, avait averti plus tôt la patronne du Cgil, principal syndicat de la péninsule, Susanna Camusso.
“Les employés d’Alitalia ont déjà payé un prix très élevé (lors des précédentes opérations de restructuration, NDLR). Nous ne pensons pas que la relance de l’entreprise puisse se faire à la charge des salariés ou en licenciant”, a-t-elle ajouté.
Le ministre des Transports, Maurizio Lupi, qui avait reçu les représentants des syndicats d’Alitalia mardi, a semblé abonder dans son sens: “la priorité du gouvernement sur Alitalia est un plan stratégique prévoyant la continuité de l’entreprise, les investissements des (actionnaires) privés et la défense de l’emploi”, a-t-il tweeté mercredi.
Le ministre a plusieurs fois déclaré ces dernières semaines qu’en cas de refus d’Air France-KLM de participer à l’augmentation de capital, le gouvernement aiderait la compagnie à chercher un autre partenaire étranger. Le nom de la compagnie russe Aeroflot, membre comme Air France-KLM de l’alliance SkyTeam, est régulièrement cité à cet égard.