Japon : les investissements publics soutiennent la croissance

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Des acheteurs dans une boutique de Tokyo le 14 novembre 2013 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[14/11/2013 07:32:54] Tokyo (AFP) L’économie japonaise a aligné un quatrième trimestre de croissance d’affilée grâce au soutien des dépenses publiques, mais son rythme s’est ralenti du fait de ménages et entrepreneurs plus prudents et d’un passage à vide des commandes extérieures.

Au cours du trimestre de juillet à septembre, le produit intérieur brut (PIB) de la troisième puissance économique mondiale a augmenté de 0,5% en comparaison trimestrielle, soit une hausse de 1,9% si on extrapole en rythme annuel, a annoncé jeudi le gouvernement.

“La demande intérieure est robuste et nous espérons que la reprise va s’accentuer”, a commenté le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d’un point de presse.

Le Japon a renoué avec la croissance au cours du dernier trimestre de 2012, ce qui coïncide avec le début d’un recul bénéfique du yen et le regain de confiance de la population du fait d’un changement de gouvernement et d’un virage à droite en décembre.

Le Premier ministre alors choisi, Shinzo Abe, a martelé sa résolution de tout faire pour redresser l’économie de l’archipel et en finir avec le frein que constitue la déflation.

La croissance était de 0,1% au 4e trimestre 2012 par rapport au précédent, de 1,1% au 1er trimestre de cette année, de 0,9% au 2e.

Au 3e, le petit ralentissement à 0,5% ne constitue pas en soi une mauvaise surprise pour les économistes, puisqu’ils tablaient en moyenne sur 0,4%.

“Jusqu’au deuxième trimestre, c’est le regain de consommation des ménages qui avait servi de locomotive”, a souligné Junya Naruse, économiste de Daiwa Securities interrogé par le groupe d’information économique Nikkei.

Les dépenses des foyers, un moteur essentiel pour la vitalité économique de l’archipel, n’ont augmenté que de 0,1% sur un trimestre entre juillet et septembre, contre +0,6% au 2e trimestre et +0,8% au 1er.

Le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari, explique cette rétrogression par “l’influence sur le moral des citoyens” d’une stagnation des cours de Bourse depuis plusieurs mois.

De toute façon, “la vitesse de progression de ces dépenses n’était pas soutenable et il semble qu’une correction se soit produite”, a renchéri un analyste de l’institut de recherche économique Itochu, Yoshimasa Maruyama.

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çant de Ginza, à Tokyo, le 14 novembre 2013 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Les dépenses de biens d’équipements des entreprises ont certes aussi progressé (+0,2%), mais très faiblement et nettement moins qu’au trimestre précédent, preuve d’une certaine prudence des entrepreneurs.

Toutefois, cela devrait repartir de plus belle. Car l’augmentation décidée récemment de la taxe sur la consommation (équivalent de la TVA française) devrait inciter les acheteurs à effectuer leurs gros achats avant la date fatidique du 1er avril 2014 où cet impôt indirect passera de 5% à 8%.

Un ralentissement qui souligne la nécessité des “Abenomics”

In fine, durant les mois de juillet à septembre, la croissance a été soutenue par une hausse de 6,5% sur un trimestre des investissements publics, ce qui correspond à la mise en oeuvre des mesures de soutien de M. Abe, entre autres pour accélérer la reconstruction de la région du nord-est dévastée par le tsunami du 11 mars 2011.

Les investissements privés résidentiels ont aussi nettement augmenté (+2,7%).

Quant aux exportations nettes (c’est-à-dire les exportations desquelles sont déduites les importations), elles ont pesé négativement sur la croissance, du fait d’un affaiblissement de la demande en provenance de pays d’Asie.

“Les exportations ont viré en sens négatif pour la première fois en trois trimestres, mais elles devraient se reprendre. Il ne faut pas s’inquiéter outre-mesure”, veut rassurer Masahiko Hashimoto de l’Institut de recherche Daiwa.

Les chiffres annoncés jeudi confirment que les dispositions budgétaires, monétaires et réformatrices de relance économique surnommées “Abenomics”, du nom de leur inspirateur Abe, sont plus que jamais nécessaires pour entretenir le moral des consommateurs et entrepreneurs japonais.

Elles sont tout autant indispensables pour contrebalancer les fluctuations erratiques de la demande extérieure, même si les experts sont portés à croire qu’elle va s’améliorer.

“La faiblesse du yen va continuer de soutenir les exportations et nous pensons qu’elle vont remonter”, a réagi M. Suga.

Au vu de ces données, la banque centrale du Japon (BoJ) ne devrait pas modifier sa politique monétaire on ne peut plus accommodante pour stimuler les investissement et dépenses afin de débarrasser le pays de la déflation qui le mine depuis une quinzaine d’années et tend à dégrader le bien-être économique de la population.