à Washington DC, le 7 novembre 2013 (Photo : Saul Loeb) |
[14/11/2013 08:47:19] Washington (AFP) Janet Yellen défendra jeudi devant le Sénat la politique monétaire américaine, contestée par certains républicains, afin d’être confirmée au poste de présidente de la Banque centrale des États-Unis (Fed).
Après l’audition, la Commission bancaire du Sénat puis l’ensemble des sénateurs devront approuver la nomination de Mme Yellen, 67 ans. Choisie par le président Barack Obama, elle deviendrait alors la première femme à diriger la Fed depuis sa création il y a cent ans.
Le vote de la Commission, composée de 22 sénateurs dont 12 démocrates, ne devrait pas intervenir jeudi.
Démocrate, Mme Yellen est vue comme une “colombe”, davantage préoccupée par le chômage que par l’inflation, et comme une alliée proche de l’actuel président de la Fed, Ben Bernanke, auquel elle devrait succéder le 31 janvier. Déjà vice-présidente de la banque centrale depuis 2010, elle incarne la continuité de sa politique.
Depuis la crise financière de 2008, la Fed a mené une politique monétaire ultra-accommodante, maintenant le taux directeur proche de zéro depuis cinq ans et lançant pas moins de trois cycles d'”assouplissement quantitatif” (“Quantitative Easing” ou “QE”), injectant des milliards de dollars de liquidité dans le circuit financier.
ège de la Fed à Washington (Photo : Karen Bleier) |
Cette politique de l’argent facile, qui vise à pousser les taux à la baisse, a amené la Banque centrale à quadrupler le montant des actifs qu’elle détient, qui atteint 3.800 milliards de dollars.
Opposition républicaine
Ces largesses ont favorisé Wall Street, qui a atteint des records historiques et aidé à la dépréciation du dollar. Mais elle sont soulevé l’opposition de certains républicains qui craignent que cette politique ne nourrisse l’inflation, voire une bulle financière.
“J’ai voté contre la nomination de Mme Yellen à la vice-présidence de la Fed en 2010 à cause de son parti pris de colombe sur la politique monétaire (…). Je ne crois pas qu’elle ait beaucoup changé”, avait indiqué en octobre le sénateur républicain Bob Corker, membre de la Commission bancaire, laissant entendre qu’il ne soutiendrait pas sa candidature.
Le sénateur du Kentucky Rand Paul, figure du mouvement populiste du Tea Party, a lui, réclamé un audit et plus de transparence de la Fed avant d’approuver la candidate de Barack Obama au poste le plus puissant de l’économie américaine.
Mais Mme Yellen est aussi vue très favorablement au sein de la Commission. Le démocrate Tim Johnson qui la préside s’était félicité de sa désignation, citant son “expérience incomparable”, et l’influente sénatrice démocrate Elizabeth Warren s’était dite “enchantée par cette nomination historique”.
Plus généralement, un tiers des sénateurs démocrates avaient signé une lettre au président Obama pour soutenir Mme Yellen contre Larry Summers, pourtant candidat favori de la Maison blanche mais qui avait dû jeter l’éponge sous le poids des critiques.
Contrairement à nombre de ses collègues au sein du système de Réserve fédérale, la vice-présidente de la Fed a été plutôt discrète dans ses commentaires sur l’économie du pays ces derniers mois.
Lors de sa désignation par le président Obama le 9 octobre, Mme Yellen avait simplement insisté sur le rôle de la Fed dans la promotion de l’emploi.
“Trop d’Américains ne peuvent pas trouver de travail et s’inquiètent de savoir comment ils vont faire pour payer leurs factures”, avait-elle déclaré. Elle a aussi assuré que la Fed s’attacherait à ce que “l’inflation reste sous contrôle et ne sape pas les bénéfices de la croissance”.
La croissance américaine a atteint 2,8% au troisième trimestre en rythme annualisé tandis que le chômage était à 7,3% en octobre. L’inflation est bien en-dessous de l’objectif de 2% minimum de la Fed en s’étant établie à 1,2% en glissement annuel en septembre.
Jeudi, les marchés financiers seront à l’écoute de tout indice que pourrait donner Mme Yellen sur le calendrier d’une réduction de l’aide de la Fed à l’économie, en gestation depuis des mois.