à Lisbonne, le 26 juillet 2013 (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
[14/11/2013 15:53:58] Lisbonne (AFP) Le Portugal, sous assistance financière, a confirmé au troisième trimestre sa sortie de récession, en enregistrant une timide croissance de 0,2%, mais la reprise est encore fragile et la crise loin d’être terminée.
Après deux ans et demi de récession, l’économie du Portugal a renoué avec “une croissance modérée”, a commenté le ministre de l’Economie Antonio Pires de Lima. “C’est un beau jour pour l?économie portugaise”.
“La nouvelle est positive, mais nous sommes encore très loin du miracle économique promis par le gouvernement”, a rétorqué un porte-parole de l’opposition socialiste, Rui Paulo Figueiredo.
La croissance au troisième trimestre a nettement ralenti par rapport à la hausse de 1,1% enregistrée au deuxième, selon les chiffres publiés jeudi. Et le pronostic pour l’ensemble de l’année reste négatif, le gouvernement tablant sur une baisse de 1,8% du PIB, avant une reprise de 0,8% en 2014.
Des exportations en hausse, des chiffres record du tourisme, reprise des ventes automobiles et du marché immobilier… les signes d’une embellie s’accumulent, mais les analystes restent prudents quant à sa durée.
“Il est encore trop tôt pour dire que la fin de la crise est proche. Le Portugal doit d’abord sortir de son programme d’assistance et il faut voir si la dose d’austérité n’aura pas été excessive”, a commenté à l’AFP Paula Carvalho, économiste de la banque BPI.
“Les mesures de rigueur pèsent sur la consommation des ménages et les deux prochains trimestres risquent d’être moins positifs”, a-t-elle ajouté.
En échange d’un prêt de 78 milliards d’euros accordé en mai 2011 par l’Union européenne et le FMI, le Portugal s’est engagé à mettre en oeuvre un exigeant plan de rigueur et de réformes.
Pour sortir de son plan de sauvetage en juin 2014, le pays doit regagner la confiance des marchés pour financer à un coût abordable sa dette écrasante qui devrait atteindre 127,8% du PIB cette année.
Lueur d’espoir, les exportations du Portugal ont grimpé de 5,8% au troisième trimestre et de 9,8% au seul mois de septembre. Parmi les produits les mieux vendus figurent les carburants raffinés, les chaussures, le vin et l’huile d’olive.
Chômage en baisse
La croissance au troisième trimestre est un signal encourageant, d’autant que le chômage a dans le même temps reculé, enregistrant une nouvelle baisse à 15,6%.
Ce recul du chômage ne reflète cependant pas une reprise générale de l’activité mais une augmentation temporaire de l’emploi pendant la période estivale, liée au tourisme et à l’agriculture. Et un nombre croissant de chômeurs ont abandonné la recherche d’un emploi, sortant du coup des statistiques.
Autre indicateur, les ventes de voitures neuves, qui avaient chuté de 37,9% en 2012, ont augmenté de 8,1% entre janvier et octobre. Mais elles restent bien en-deçà du niveau des années précédentes.
“Ce ne sont pas deux trimestres de croissance qui vont résoudre nos problèmes. Il faut voir si l’on arrive à obtenir pendant trois ou cinq ans une croissance à un rythme suffisant pour rembourser la dette”, a déclaré à l’AFP Rui Barbara, économiste de Banco Carregosa.
Signe d’une accalmie sur les marchés, les taux d’emprunt du Portugal à dix ans sont repassés sous la barre des 6%.
L’agence Moody’s a donné un coup de pouce au Portugal en relevant vendredi la perspective de la note de crédit du pays de “négative” à “stable”.
Le plein retour du Portugal sur les marchés à l’issue de son programme est “possible”, car les investisseurs ont “reconnu la détermination du gouvernement à mettre en oeuvre les réformes”, a estimé mercredi le FMI.
Mais si les indicateurs les plus récents montrent que “l’économie du Portugal a probablement touché le fond, des incertitudes persistent quant à la pérennité de la reprise”, a prévenu l’institution.