Déjà par le passé, de l’époque de Bourguiba et de Ben Ali, on avait l’habitude de découvrir de temps en temps l’énormité de ce que l’appareil du gouvernement ou du Parti nous cachait pendant des années. Aujourd’hui les choses se précipitent et les langues se délient pour appeler tous les Tunisiens à un sursaut sur tel ou tel sujet… Mais est-ce que nous écoutons? Pas tant que ça malheureusement!
La dernière en date? Le projet de loi sur les «houbous» que certains illuminés des islamistes d’Ennahdha veulent nous faire passer pour la panacée des reformes économiques dont le pays a besoin dans la foulée de la mode des «finances islamiques» et autres «soukouks».
Habib Bourguiba avait très tôt banni cette forme de propriété qui faisait sortir du circuit économique régenté par l’Etat tout un pan des avoirs fonciers (ou autres), qu’ils soient commerciaux, immobiliers ou surtout agricoles. Cependant, ils nos éminents économistes nahdhaouis veulent aujourd’hui nous convaincre des bienfaits de cette pratique révolue sans se rendre compte que dans la mémoire des Tunisiens, les «houbous» et autres «aouqaf» font surtout brandir la hideuse image de l’Etat théocratique… Mais peuvent-ils avoir le courage de nous dire les dessous de ce qu’ils manigancent en voulant réintroduire cette pratique? Nous le saurons de toutes les façons!
Sur un autre registre, nous assistons ces temps-ci à une cohorte de bonhommes et de bonnes femmes qui arpentent à longueur de journée les amas de nos déchets et poubelles, ramassant de tonnes de pain rassis et jetés à tour de bras par les honnêtes citoyens qui se saignent pour payer la baguette à 200 millimes et le grand pain à 240! Ils font un boulot de recyclage très utile certes.
Alors, y a-t-il quelqu’un aux ministères du Commerce et de l’Agriculture qui aura le courage de crier au scandale et de demander la vérité des prix du pain que nous gaspillons? Personne, ni au pouvoir ni à l’opposition n’osera le dire! Il faut qu’on se le dise dès à présent!
Il y a certains qui osent! Parce que les choses ont atteint peut-être leur paroxysme dans le domaine de la compensation, le ministre de l’Industrie, Mehdi Jomaa, a déballé ce qu’il a sur le cœur lors d’une rencontre avec les représentants des médias! En 2012, l’Etat a subventionné le secteur de l’énergie (directement et indirectement) à hauteur de 5,3 milliards de dinars! C’est presque l’équivalent de ce que nous avons pu collecter comme investissements nouveaux durant la même période. Envolée en fumée!
En effet, nous payons l’électricité à presque la moitié de son prix de revient pour la STEG et le gaz à presque le un tiers! L’Etat paie la différence! Arrêtez, il n’y a rien à voir, le courant est coupé!
Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire dit l’adage. Mais il y a plusieurs vérités qui sont bonnes et très bonnes à dire! Il nous faudra nous armer de notre courage et nous attaquer aux non-dits de notre système!
La fiscalité forfaitaire que rien ne justifie plus pour certaines activités, le système éducatif qui fabrique des chômeurs ignares et surdiplômés, les syndicats qui prennent les citoyens en otage, les salaires exorbitants de certains dans un pays qui saigne, l’incivilité que nous inculquons à nos enfants tous les jours, la fainéantise des milliers de fonctionnaires payés pour ne rien faire!
Ça devrait être la mère de toutes les révolutions!