Air France-KLM arrête les frais dans Alitalia

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éroport de Rome (Photo : Gabriel Bouys)

[14/11/2013 20:29:57] Paris (AFP) Après d’intenses discussions, Air France-KLM, pas convaincu du plan de redressement d’Alitalia, renonce à venir une nouvelle fois à la rescousse financière de sa partenaire italienne au bord de la faillite.

Le groupe franco-néerlandais, qui détient actuellement 25% d’Alitalia, a annoncé jeudi qu’il ne souscrirait pas à l’augmentation de capital de la compagnie italienne.

“Même si le volet industriel du nouveau plan présenté hier (mercredi) par Alitalia va dans la bonne direction et reçoit le plein soutien d’Air France-KLM, les indispensables mesures de restructuration financières ne sont toujours pas réunies”, explique Air France-KLM, numéro deux européen derrière Lufthansa.

“Nous constatons que la partie financière n’est pas au rendez vous.. C’est pourquoi, de manière logique, nous n’avons pas donné notre accord”, a expliqué Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM, dans un entretien au Figaro, publié sur le site internet du quotidien jeudi soir.

M. de Juniac a ajouté qu’il regrettait de ne pas avoir eu “accès à des informations détaillées comme tout investisseur” ni avoir été associé à la mise en ?uvre des plans concernant Alitalia.

“Il y a des sacrifices à demander aux créanciers et notamment aux banques. Les actionnaires pour leur part ont déjà fait ces sacrifices”, a-t-il estimé.

M. de Juniac a conclu en disant que le partenariat qui a achoppé jeudi n’était donc plus à l’ordre du jour. “Si Alitalia parvient enfin à traiter ce volet financier, nous serons ouverts”, a-t-il ajouté.

Alitalia, en grande difficulté financière, avait validé le mois dernier le principe d’une augmentation de capital jusqu’à 300 millions d’euros.

Mais depuis, Air France-KLM, lui-même en restructuration, s’était montré plutôt sceptique, son PDG Alexandre de Juniac martelant ces derniers mois que l’aide était strictement subordonnée à la mise en ?uvre d’un redressement durable.

Cette annonce intervient avant même l’expiration du nouveau délai fixé par Alitalia, qui a repoussé au 27 novembre la date-butoir d’adhésion à son augmentation de capital après la présentation d’un nouveau plan stratégique.

Ce plan prévoit “une sévère réduction des coûts” pour parvenir à “une meilleure efficacité dans la gestion de l’activité et l’amélioration de la capacité de concurrence sur le marché”. Il comprend en outre une “réduction du nombre d’avions moyen-courriers” et une augmentation des vols internationaux et intercontinentaux.

Pour autant, dès mercredi soir, l’agence Ansa indiquait qu’Air France-KLM avait voté contre le plan, citant des sources proches du dossier.

Air France-KLM avait soutenu jusqu’alors sa partenaire, acceptant même en février de souscrire à un prêt à hauteur de 37,5 millions d’euros. Ces dernières semaines, le groupe avait pourtant préparé les esprits à la possibilité de ne pas la soutenir à n’importe quel prix.

Air France-KLM a pourtant confirmé jeudi “son engagement à rester un partenaire loyal et sérieux d’Alitalia, dans la continuité du partenariat industriel actuellement en place”.

Conclu en 2009 pour une durée de huit années, celui-ci “présente de nombreux atouts pour les deux entreprises”, dit-il.

C’est que Air France-KLM redoute une disparition d’Alitalia dont les créneaux de vol pourraient être récupérés par les compagnies à bas coûts ou des transporteurs tels qu’Emirates.

L’avenir d’Alitalia en question

L?Italie représente un marché important pour le groupe en termes de transports de loisirs et d’affaires. Les trois compagnies coopèrent d’ailleurs avec des accords commerciaux et de combinaison tarifaire. Leur partenariat offre ainsi de nombreuses possibilités de correspondances bien réparties géographiquement du Nord au Sud de l’Europe.

Jeudi, pour signifier qu’il ne l’abandonnait pas totalement, Air France-KLM a parallèlement annoncé son “intention, à l’issue de l’augmentation de capital, de convertir ses obligations convertibles” en actions.

A l’issue de ces opérations, la participation sera comprise entre 5 et 10%, a confirmé un porte-parole d’Air France-KLM.

La grande inconnue reste le devenir d’Alitalia, qui subit notamment de plein fouet la concurrence des compagnies à bas coûts et du train.

“Nous prenons acte” de la décision d’Air France-KLM, a déclaré le ministre italien des Transports, Maurizio Lupi. “Il sera effectivement possible à présent, pour la société avant tout et aussi pour le gouvernement dans la mesure de sa compétence, de lancer la recherche d’un autre vecteur international intéressé par un partenariat fort avec Alitalia”, a-t-il ajouté, en déclarant toutefois “apprécier la volonté française de poursuivre la collaboration avec la compagnie italienne”.

Le nom de la compagnie russe Aeroflot, membre comme Air France-KLM de l’alliance SkyTeam, est parmi les plus cités à cet égard.