Belgique : le patron de Belgacom révoqué par le gouvernement

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épond aux questions des journalistes à Bruxelles, le 8 novembre 2013 (Photo : Laurie Dieffembacq)

[15/11/2013 22:18:57] Bruxelles (AFP) Le patron de Belgacom, l’opérateur historique de télécommunications belge, Didier Bellens, a été “révoqué” vendredi soir par le gouvernement pour “manquement grave” à ses devoirs, a annoncé le Premier ministre belge Elio Di Rupo.

“Des polémiques et incidents (…) ont irrémédiablement compromis la confiance” de l’Etat, actionnaire majoritaire de Belgacom, envers son administrateur délégué, et le gouvernement a décidé de “révoquer M. Bellens de ses mandats”, a déclaré M. Di Rupo lors d’une conférence de presse.

Décidée en raison de “manquements graves à ses devoirs”, la révocation de M. Bellens n’entraînera pas de versement d’indemnité de départ alors que, selon la presse belge, il réclamait un “parachute doré” d’un montant compris entre 800.000 et plus de deux millions d’euros.

Coté à la Bourse de Bruxelles, Belgacom est détenu à 53,5% par l’Etat belge. L’action a gagné vendredi 1,31%, à 20,85 euros.

Une “équipe intérimaire” gèrera Belgacom jusqu’à la nomination d’un nouveau patron, a indiqué le ministre des Entreprises publiques, Jean-Pascal Labille.

Selon plusieurs journaux belges, c’est le directeur financier du groupe, l’Américain Ray Stewart, qui assurera la transition, jusqu’à ce qu’un “chasseur de tête” déniche un successeur.

Didier Bellens, 58 ans, patron le mieux payé des entreprises publiques belges avec un salaire de 2,4 millions d’euros nets par an, s’est mis à dos l’ensemble du monde politique en multipliant les déclarations controversées ces derniers mois.

Propos “injurieux”

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à Bruxelles, le 17 octobre 2013 (Photo : Eric Lalmand)

La semaine dernière, cet ancien proche du Parti socialiste avait, devant des hommes d’affaires, qualifié l’Etat de “pire actionnaire” qu’il ait jamais connu. Il avait affirmé qu’Elio Di Rupo ne s’intéressait à son entreprise, employant près de 16.000 personnes, que pour réclamer les dividendes, “comme un petit enfant qui vient chercher (son cadeau) de Saint-Nicolas”.

De propos qualifiés vendredi de “dénigrants voire injurieux” par M. Labille.

M. Di Rupo a souligné que des “départs, licenciements et promotions” décidées par M. Bellens et concernant les sphères dirigeantes de Belgacom, avaient “également porté préjudice à l’image de Belgacom”.

Les principaux ministres du gouvernement se sont réunis spécialement vendredi, après la fermeture des marchés, pour sceller le sort du bouillant administrateur, à la tête de Belgacom depuis 2003 et dont le mandat avait été renouvelé en 2009, en principe pour six ans.

M. Bellens, qui a été personnellement informé de sa révocation par son ministre de tutelle, n’a fait aucune déclaration. La presse belge estime qu’il pourrait la contester en justice.

Il avait assuré jeudi dans le quotidien Le Soir qu’il ne cherchait “pas à partir” de Belgacom, et s’était dit “désolé” pour ses propos “qui ont pu être mal interprétés”.

La recherche d’un nouveau patron pourrait s’avérer ardue, le gouvernement ayant décidé en septembre de raboter sérieusement le salaire des patrons des grandes entreprises publiques. Celui-ci ne pourra dépasser celui des directeurs d’administration, soit 290.000 euros bruts par an, éventuellement augmenté de 10% en cas de bons résultats.

Le quotidien économique L’Echo a fait remarquer que les membres du comité de direction de Belgacom gagnaient actuellement “beaucoup plus” que ce montant. “La plupart d’entre eux disposent aujourd?hui d?un salaire annuel tournant autour du million d?euros”, précisait-il.

Elio Di Rupo a indiqué que le montant du salaire du futur patron de Belgacom serait décidé en fonction de la nouvelle règle, mais aussi de la “spécificité” de l’entreprise cotée en Bourse.