Le poste doit être attribué au mérite et non aux accointances partisanes, soit. Profitons de la suspension du dialogue pour souffler l’idée d’une audition publique des candidats. Il s’agit de jauger leurs capacités. On a besoin de savoir sur quels critères sera sélectionné le prochain chef du gouvernement et au préalable quel est son programme de travail. Nous ne mettons pas la barre très haut, c’est le SMIC en matière de communication publique.
Le droit à l’information, nous l’avons conquis à la force du poignet et au prix du sang, pensent les Tunisiens, votre serviteur compris. Une information démocratique nourrie des principes de gouvernance voudrait que la transparence soit la règle dans tous les processus de décision publique.
La crise nous a conduits au dialogue, ce dernier se fige et nous n’en savons fichtre mot. L’opinion est en rage parce que le seul recours en information reste les fuites rapportées par les médias. Aucune raison de nous exclure, ça suffit! Le minimum, en la matière, serait d’assurer une Com’ respectueuse de l’opinion. Le dialogue n’est pas audible par le peuple. Il faut réparer cela sans attendre.
Il faut le “Business plan“
On ne voit rien venir du dialogue national. Pourquoi est-ce qu’il avance au forceps? Qu’est-ce qui fait que nous sommes en face d’un black out total? L’ennui est que l’opinion a eu le temps de se construire sa propre vision sur le dialogue. Le moins est qu’il manque de méthodologie.
Sur quels critères est-ce que le pays s’apprête à investir un nouveau chef de gouvernement? Le mystère est total, et puis on découvre que l’étalonnage se fait sur les états de service ou les actions d’éclat en matière de résistance politique. Le moins est que cette sélection est par trop subjective.
Des journalistes avaient demandé au directeur de la NASA les critères sur lesquels se fonde l’agence pour sélectionner les fournisseurs. La réponse était déroutante: “Ce qui est déterminant, ce ne sont pas les hommes ou les technologies mais la rigueur des procédures“.
Comment peut-on appeler quelqu’un, à se mettre à la barre pour, sans savoir quel est son audit de la situation? Ce n’est pas raisonnable. Et d’abord ce n’est pas démocratique.
De tous les candidats, à notre connaissance, c’est Jaloul Ayed qui s’est prêté au jeu et s’est livré à notre confrère Le Maghreb. Mais une hirondelle ne fait pas le printemps. Cette attitude doit être la règle. L’opinion ne peut pas dire son mot, en l’occurrence. Le quartet s’est interposé pour la cause et au vu de sa large représentativité, on peut lui déléguer la fonction. Encore faut-il qu’il renvoie l’ascenseur.
Une audition publique, à la manière d’une primaire
Un des éléments qui devrait peser dans le choix du nouveau chef du gouvernement, c’est l’adéquation de son programme avec son analyse de la situation. Il y a une exigence incontournable de cohérence. Opinion publique et experts pourront rapidement se faire une idée sur la manière dont le pays serait gouverné, si toutefois le dialogue aboutit.
On entend de partout que tout va s’écrouler. Comment le nouveau locataire de La Kasbah entend-il s’y prendre? Les candidats n’étant pas consultés avant d’être nominés par les partenaires au dialogue, ils peuvent être exonérés d’un plan de travail dûment établi. Mais au moins que l’on découvre le discours et la méthode du postulant.
L’audition publique est une pratique démocratique érigée en règle aux Etats-Unis et dans le monde anglo-saxon, de manière générale. Les Tunisiens détestent les mystères et l’expression populaire on «n’achète pas un chat enfoui dans un sac», dit bien l’état d’expectative dans lequel on nous tient. Indument! C’est inacceptable.