Emploi des personnes handicapées : chômage en forte hausse sur fond de crise

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éléguée au handicap, Marie-Arlette Carlotti, avec un travailleur handicapé à Marseille, le 24 septembre 2012 (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[18/11/2013 07:25:05] Paris (AFP) La 17e édition de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées s’ouvre lundi dans une situation d'”urgence”, avec un chômage en hausse de 60% en quatre ans, alertent des associations.

“Il y a urgence. Le chômage des personnes handicapées a augmenté de 60% depuis quatre ans. Cette situation supposerait une mobilisation des entreprises et des pouvoirs publics, beaucoup plus forte que celle qu’on a aujourd’hui”, estime Véronique Bustreel, conseillère nationale chargée de l’emploi à l’Association des Paralysés de France (APF).

Deux millions de personnes de 15 à 64 ans ont une reconnaissance administrative de leur handicap en France métropolitaine, selon une récente étude de la Dares (Ministère du travail), portant sur les chiffres de 2011. Seulement 700.000 travaillent.

Plus âgées et moins diplômées que la moyenne (51% n’ont aucun diplôme ou seulement le BEPC, comparé à 31% pour l’ensemble de la population), leur taux de chômage est de 21%, plus du double de celui de la population totale.

“Le manque de qualifications des personnes en situation de handicap, et la représentation négative du handicap dans les entreprises – qui l’associent trop souvent à +absence+ ou +manque de performance+ – font que plus que les autres, ils vont être fragilisés par une crise économique”, souligne Valérie Paparelle, directrice générale adjointe de l’Adapt (Association pour l’insertion sociale et professionnelle des handicapés).

L’Adapt, qui a créé cette semaine de sensibilisation ponctuée de forums et conférences, a souhaité l’axer cette année sur l’insertion professionnelle des jeunes, et mettre l’accent sur l’Europe pour mettre en valeur les expériences positives menées dans certains pays.

Le futur projet de loi réformant la formation professionnelle et l’apprentissage aura un volet handicap, a annoncé la ministre déléguée au handicap, Marie-Arlette Carlotti.

Les entreprises de plus de 20 salariés ont l’obligation d’employer 6% de personnes handicapées sous peine de pénalités financières, mais le taux moyen dans le privé comme dans le public est encore inférieur à 4%.

Diversification des activités

Plus de 80% des personnes handicapées qui travaillent sont en milieu “ordinaire”. Celles qui n’ont pas acquis suffisamment d’autonomie peuvent travailler en milieu “protégé”, c’est-à-dire dans des Esat (établissements et services d’aide au travail) ou des entreprises adaptées (EA).

A défaut de recruter directement, une entreprise peut recourir à des sous-traitants employant des personnes handicapées, et éviter ainsi de payer des pénalités.

Pour faire face à la crise, les Esat et EA diversifient leurs activités. “Certains secteurs comme la sous-traitance automobile, où nous étions il y a une dizaine d’années, n’ont pas survécu”, explique Michel Jeanbille, directeur d’APF Entreprises, qui fédère 53 établissements employant 3.000 salariés handicapés.

Ce réseau, qui compte par exemple parmi ses clients de grands groupes comme Air France, dont il reconditionne les casques audio, ou ERDF dont il recycle les compteurs, se développe ainsi dans le secteur tertiaire (centres d’appels) et développe des produits “verts” tels que toilettes sèches ou brasseurs de compost.

Mme Carlotti a affirmé sa volonté de faciliter le passage des travailleurs handicapés entre le milieu “protégé” et le milieu ordinaire.

Mais les associations regrettent que le projet de budget 2014 ne prévoit pas de création de nouvelles places en Esat.

“Pour des raisons budgétaires, on arrive difficilement à insérer durablement une personne handicapée mentale en milieu ordinaire”, déplore Thierry Nouvel, directeur général de la fédération Unapei, souhaitant que des moyens soient mobilisés pour “moderniser les Esat” et “pour accompagner des handicapés mentaux dans le milieu ordinaire de travail”.

Le projet du gouvernement de transférer la tutelle des Esat de l’Etat aux conseils généraux constitue une autre source d’inquiétude. “La décentralisation risque d’accentuer les inégalités de traitement” sur le territoire”, estime M. Nouvel.