«Bien qu’elle traverse une situation difficile, l’économie tunisienne reste résistante et dispose des ingrédients nécessaires pour sortir de la crise». C’est en tout cas l’avis de Jalloul Ayed, expert économique et ex-ministre des Finances.
Optimiste, M. Ayed souligne que la Tunisie peut non seulement réussir cette phase de transition démocratique qui a trop duré, mais passer à celle de la consolidation démocratique pour peu que certaines actions soient engagées.
Pour ce faire, recommande-t-il, il est nécessaire d’élaborer un nouveau modèle de gouvernance où l’Etat -qui était historiquement le plus grand employeur et investisseur- aura à jouer un rôle de catalyseur d’investissement marchand, seul à même de résoudre les problèmes majeurs de l’économie tunisienne, à savoir le chômage et le déséquilibre régional.
Intervenant lors d’une conférence-débat organisée, vendredi dernier, par l’Observatoire tunisien de la transition démocratique, il a appelé à encourager ce qu’il a nommé le «triangle d’or», soit la formule du partenariat public/privé (PPP) en matière d’investissement.
En outre, il recommande de promouvoir le capital investissement à travers la création de fonds d’investissement en vue de procurer les fonds propres nécessaires aux entreprises. Car, selon lui, le problème de base de financement des entreprises tunisiennes n’est pas un problème d’endettement, mais plutôt l’absence d’un marché de fonds propres.
M. Ayed préconise également d’accorder davantage d’intérêt aux petites et moyennes entreprises (PME) et aux très petites entreprises(TPE), estimant qu’elles ont été souvent négligées, bien qu’elles représentent 98% du tissu économique tunisien et offrent 70% de la main-d’œuvre.
“Près des 2/3 des TPE exercent leurs activités dans le secteur informel et si rien n’est fait à temps, on risque de se retrouver dans une situation catastrophique”, a averti M. Ayed.
Il a appelé à cet effet à revoir le cadre réglementaire de la micro-finance et à promouvoir la micro-assurance en vue d’intégrer les entreprises informelles dans le circuit organisé.
Le renforcement du système financier tunisien à travers la création d’un marché d’obligations a été, également, mis en évidence par M. Ayed.
Analysant la situation économique du pays, l’expert a indiqué que le problème le plus grave concerne les pressions sur les finances publiques. Selon ses prévisions, si rien n’est fait à temps, le déficit budgétaire de la Tunisie peut dépasser les 8%.
Autres indicateurs évoqués par M. Ayed, le creusement du compte courant de la balance des paiements à 7%, la hausse du taux d’inflation à 6,5% et la baisse des réserves de change, actuellement de l’ordre de 102 jours d’importation.
Dans ce cadre, il appelle à encourager les exportations tunisiennes, notamment celles à fort contenu technologique et de passer d’une économie de transformation -qui a pour mérite de créer de l’emploi- à une économie qui crée de la valeur ajoutée.
Tenue sur le thème «Economie de la Tunisie, état des lieux et perspectives», cette conférence-débat s’inscrit dans le cadre des rencontres mensuelles organisées par l’observatoire tunisien de la transition démocratique.
WMC/TAP