Fitch constate que les principales sociétés de gestion marocaines ont réalisé des progrès au cours des dernières années tant dans leur organisation que dans leurs opérations. Elles sont néanmoins confrontées à la situation de faible croissance des encours qui prévaut au Maroc depuis 2011.
En effet, après six années de forte hausse, la gestion collective y pâtit notamment des incertitudes économiques et budgétaires locales, de la concurrence des dépôts bancaires et des faibles performances des marchés actions.
Les environnements opérationnels des trois premières sociétés, Wafa Gestion, CDG Capital Gestion et BMCE Capital Gestion (notées ‘Highest Standards (mar)’ par Fitch), bénéficient depuis quelques années d’une meilleure organisation des fonctions, de la mise en place de procédures et d’investissements en technologie. Cela permet aujourd’hui un traitement plus efficace et sécurisé des investissements, une plus grande discipline d’investissement et une bonne capacité d’absorption de nouveaux volumes d’actifs.
La croissance des encours du secteur a fortement ralenti depuis 2011, après six années de fort développement durant lesquelles ces encours ont plus que doublé. A fin septembre 2013, les encours s’élevaient à 233 Mrd MAD, un niveau proche de celui de 2011. Ils étaient en baisse de 3,5% depuis le début de l’année, avec une décote nette de 760 Mio MAD qui a affecté l’ensemble des classes d’actifs, à l’exception de l’obligataire court terme.
A l’image d’autres pays émergents, les encours de la gestion collective au Maroc ne représentent que 29% du PIB contre, par exemple, 140% en France. La concurrence des dépôts bancaires dans un environnement de taux d’intérêt relativement attrayant, la forte aversion au risque des investisseurs particuliers, après deux années de baisse des indices actions, et le manque d’épargne de long terme institutionnalisée ont pesé sur la croissance récente des encours.
La faible liquidité des marchés actions et crédit constitue un autre défi pour la gestion d’actifs. Le nombre restreint d’émetteurs et de titres liquides réduit la profondeur du marché et le champ d’action des gérants. Le 26 novembre 2013, le Maroc sortira d’ailleurs de l’indice MSCI Emerging Markets pour rejoindre le MSCI Frontier Markets en raison, principalement, de cette faible liquidité.
Des opportunités existent toutefois ; depuis 2008, le régulateur autorise les fonds à investir à l’étranger, sous certaines conditions et à hauteur de 10% maximum de leur actif net. Cependant, cette possibilité est encore peu utilisée. Des initiatives ambitieuses sont aussi menées pour développer le secteur financier au Maroc, comme l’illustre le projet Casablanca Finance City qui vise à faire de la place financière marocaine un centre d’affaires de référence pour l’Afrique du Nord et de l’Ouest.
Le secteur compte 18 sociétés de gestion, dont onze sont adossées à des acteurs institutionnels. C’est aussi un secteur particulièrement concentré avec 62% du total des encours gérés par les trois principales sociétés de gestion, et 98% par les dix premières, même si l’apparition de nouveaux entrants s’est faite plus dynamique au cours des dernières années. Les actifs obligataires dominent avec 61% des encours, la classe d’actifs actions peinant à se développer avec seulement 8,3%. La gestion monétaire (26% des actifs) se structure davantage avec des produits sécurisés (tels BMCI Trésorerie, Attijari Monétaire Jour et CDM Securité Plus, notés AAAmmf(mar)) et des produits offrant plus de rendement.
Source : boursier.com