L’OCDE abaisse ses prévisions de croissance mondiale à cause des pays émergents

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à Bombay, le 21 juin 2013 (Photo : Indranil Mukherjee)

[19/11/2013 10:29:06] Paris (AFP) L’OCDE a abaissé mardi ses prévisions de croissance mondiale pour 2013 et 2014, “en grande partie à cause de perspectives dégradées dans plusieurs pays émergents”, et a appelé à la rescousse les Banques centrales, mais aussi l’Allemagne et les Etats-Unis.

L’OCDE table désormais sur une croissance mondiale de 2,7% cette année et 3,6% l’an prochain, et donne une première prévision pour 2015, à 3,9%, selon son rapport annuel de conjoncture.

En mai, dans ses dernières prévisions, elle avait annoncé attendre 3,1% pour 2013 et 4,0% pour 2014.

“L’économie mondiale continue à progresser à un rythme modéré, avec une certaine accélération attendue en 2014 et 2015”, a indiqué l’OCDE, ajoutant: “Les prévisions de croissance mondiales ont toutefois été revues en baisse de manière significative en grande partie à cause de perspectives dégradées dans plusieurs pays émergents”.

Certains grands pays émergents tels que le Brésil ou la Russie ont fait face cette année à un ralentissement de leur croissance, parfois conjugué à des turbulences financières ou sociales.

L’Organisation note un changement de paradigme au niveau mondial: jusqu’ici “les impulsions dans les économies émergentes avaient des effets d’entraînement positifs sur les pays avancés” mais désormais “l’environnement économique mondial pourrait faire office d’amplificateur et de courroie de transmission pour des chocs négatifs” en provenance de ces mêmes pays.

L’OCDE a tiré les leçons de la tourmente qu’ont connues cet été les devises de plusieurs pays émergents, face à la perspective d’un durcissement de la politique monétaire américaine, et à des inquiétudes sur leur croissance.

Le phénomène “a été particulièrement marqué au Brésil, en Inde, en Indonésie, en Afrique du Sud et en Turquie, pays dont les besoins de financement extérieurs sont importants”, tandis que “la Chine a été une exception”, résistant mieux que les autres.

Faire contre-poids

Face à ce ralentissement des pays émergents, l’OCDE en appelle à la réserve fédérale américaine (Fed) et à la Banque centrale européenne (BCE) pour faire contre-poids.

Aux Etats-Unis, “les achats en masse de bons du Trésor devront être graduellement réduits quand la croissance prendra des forces puis, courant 2015, la Réserve fédérale devrait commencer à relever ses taux.”

En zone euro, la Banque centrale européenne “devrait réfléchir à des mesures supplémentaires si les risques de déflation devenaient plus sérieux”.

L’OCDE s’inquiète aussi d’un possible retour du psychodrame budgétaire qu’ont connu les Etats-Unis il y a quelques semaines.

Pour elle, si les Etats-Unis échouaient l’an prochain à relever le plafond de leur dette et se voyaient obligés de tailler à vif dans leurs dépenses pour équilibrer le budget, ils glisseraient dans une récession avec une contraction de leur produit intérieur brut qui pourrait atteindre jusqu’à 6,8%, entraînant le monde entier, et mettant au chômage 5 millions de personnes rien que dans l’OCDE.

La solution, selon l’Organisation: abolir cette notion de plafond de la dette pour éviter que ne se rejoue chaque année le même scénario, et adopter “une stratégie (budgétaire) crédible à moyen terme”.

L’OCDE ne rappelle pas que les Etats-Unis à leurs responsabilités.

Elle se joint aussi aux appels toujours plus pressés lancés à l’Allemagne, moteur économique en Europe, dont les abondants excédents font des jaloux.

“Peu d’ajustements, voire aucun, se produisent dans les pays en excédent” par rapport à ceux confrontés à des déficits, selon elle, et “un ajustement plus durable et plus symétrique est nécessaire à travers des réformes des marchés de biens et du travail, y compris une libéralisation des services en Allemagne “.

Dans la première économie européenne, “des réformes structurelles destinées à déréguler les services, à faire tomber les barrières au travail à temps complet des femmes, et à améliorer l’accès à l’éducation supérieure renforceraient la croissance et contribueraient à un rééquilibrage global”.

Parmi les autres conseils prodigués par le “club des pays riches”: en Europe, recapitaliser les banques et avancer sur le chemin d’une union bancaire; au Japon, reprendre le contrôle sur un endettement qui pourrait “devenir insoutenable”; au Royaume-Uni, poursuivre la consolidation budgétaire tout en préservant les dépenses d’infrastructure; en Chine, prendre conscience du fait que “les ressources de relance budgétaire sont peut-être épuisées”; en Inde, au Brésil et en Russie, poursuivre ou enclencher la consolidation budgétaire.