à Londres, le 19 juillet 2012 (Photo : Ben Stansall) |
[19/11/2013 10:53:36] Londres (AFP) Déjà empêtrée dans les difficultés financières, la banque “éthique” britannique Co-operative Bank est en pleine tourmente après les révélations choc des tabloïds sur la vie de débauche de son ancien président, un pasteur méthodiste de 63 ans.
Paul Flowers, président de la banque de 2010 à juin, a été filmé en caméra cachée par le tabloïd Mail on Sunday dans sa voiture à Leeds (nord) en train de discuter de l’achat de cocaïne, de métamphétamine et de kétamine, avant de compter 300 livres en billets et d’envoyer un ami conclure le “deal”.
Piégé, le pasteur s’est excusé dimanche dans un communiqué avant d’être suspendu par l’église méthodiste pour trois semaines, le temps que l’enquête clarifie la situation, ainsi que par le parti travailliste, dont il a été un élu local.
“Cette année a été incroyablement difficile avec un décès dans ma famille et la pression engendrée par mon rôle au sein de Co-operative Bank. Au pire moment de cette période terrible, j’ai fait des choses mauvaises et stupides. J’en suis désolé et ai fait appel à l’aide d’un professionnel. Je m’excuse auprès de tous ceux que j’ai pu blesser”, a déclaré le pasteur, qui a présidé par le passé une association d’aide aux toxicomanes.
Selon le Mail on Sunday, M. Flowers aurait été filmé quelques jours après son audition le 6 novembre par la commission parlementaire qui se penche sur les difficultés de Co-op Bank.
A cette occasion, il avait fait preuve de sa méconnaissance de la banque en assurant qu’elle disposait de 3 milliards de livres d’actifs alors que le véritable montant est 47 milliards.
Évoquant cette audition dans un sms publié par le tabloïd, il indiquait être allé se “défoncer avec des amis à Manchester” après avoir été “passé sur le gril par la commission du Trésor”
Le Sun a à son tour sauté sur l’affaire. Il affirmait mardi que le pasteur utilisait son adresse email professionnelle pour organiser des rendez-vous avec de jeunes hommes prostitués. L’un d’eux, âgé de 21 ans, affirme que le pasteur consommait de la drogue lors de leurs relations.
Le choc causé par ces révélations a entraîné la démission mardi de Len Wardle, président de The Co-operative Group, groupe très connu en Grande-Bretagne, qui chapeaute la banque et est également présent dans la distribution alimentaire, les voyages ou les pompes funèbres.
“Je présidais le conseil d’administration qui a nommé Paul Flowers à la tête du conseil de la banque et les développements font que j’estime qu’il est temps pour moi de démissionner, sans attendre mon départ en retraite prévu en mai”, a déclaré M. Wardle.
Un coup dur pour l’image de Co-op
Cette affaire est un coup très dur pour l’image du groupe mutualiste. Il avait déjà fait la Une de l’actualité début novembre, en raison de l’annonce par la banque, connue pour la valeur éthique de ses investissements, d’un plan de sauvetage destiné à renforcer son bilan de 1,5 milliard de livres (1,8 milliard d’euros). Ce plan va se solder par des suppressions d’emplois “significatives”.
Le sauvetage a fait émerger des craintes sur la pérennité de son caractère éthique alors que le groupe Co-op, qui détenait la banque à 100%, a été obligé de céder le contrôle aux créanciers, dont de nombreux fonds spéculatifs américains, et de descendre à 30% du capital.
Les difficultés de la banque, dues à l’acquisition de sa concurrente Britannia en 2009, sont apparues au grand jour au printemps lorsqu’elle a renoncé au rachat de plus de 600 agences appartenant à Lloyds Banking Group.
“Il est un peu difficile d’imaginer une banque gardant son credo éthique en étant gérée par des fonds spéculatifs américains et après avoir été présidée par un pasteur ayant visiblement acheté de la cocaïne”, a jugé Andre Spicer, professeur à la Cass Business School à Londres.