L’UFC accuse les opérateurs de “dégrader” la 3G pour mieux vendre la 4G

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éseau mobile très haut débit (Photo : Eric Piermont)

[19/11/2013 13:45:26] Paris (AFP) Les opérateurs de téléphonie mobile dégradent-ils volontairement leurs réseaux 3G pour forcer leurs clients à adopter la 4G, plus chère ? L’association UFC-Que Choisir a mis les pieds dans le plat en saisissant le gendarme des télécoms, en s’appuyant sur une enquête publiée mardi.

“Les opérateurs ont fait de la 4G un enjeu stratégique majeur (…) Et il n’y a pas de meilleure façon de valoriser la 4G qu’en dégradant la 3G”, a dénoncé le président de l’association, Alain Bazot, lors d’une conférence téléphonique.

“Il y a une diminution de la qualité de l’offre (3G), ce qui conduit à une valorisation tout à fait artificielle et provoquée de la 4G”, a-t-il accusé.

Après une première étude dénonçant une mauvaise qualité du réseau 3G en janvier, l’UFC a publié les résultats d’une seconde analyse réalisée selon la même méthodologie en Ile-de-France ainsi qu’à Lille, Toulouse et Grenoble. Ses mesures sur les services vidéo, audio et de téléchargements d’applications montrent une dégradation toujours plus prononcée de la qualité de la couverture.

Trois opérateurs sur quatre offrent une qualité de réseau dégradée par rapport à janvier. Seul Bouygues Télécom améliore légèrement ses services.

Free, pointé du doigt

“Free se singularise comme étant lanterne rouge des opérateurs”, a précisé Alain Bazot. La filiale d’Iliad, le groupe de Xavier Niel, affiche les plus mauvaises performances sur son réseau propre, même si le débit s’améliore quand il passe par le réseau d’Orange (en itinérance). Une perspective “inquiétante” pour l’UFC, alors que Free s’est engagé à couvrir 75% de la population avec son propre réseau en 2015.

Le quatrième opérateur a contesté vigoureusement les conclusions de l’UFC et menacé de traîner l’association devant les tribunaux.

Orange-France Télécom a également rejeté en bloc l’étude de l’UFC.

“Il est absolument insensé de prêter à Orange la volonté de dégrader la qualité de son réseau quel qu?il soit. Notre objectif est toujours de proposer la meilleure qualité sur tous nos réseaux à tous nos clients”, a indiqué une porte-parole, jointe par l’AFP.

L’UFC saisit l’Arcep

De son côté, l’association n’hésite pas à qualifier la dégradation de la 3G d'”illogique”. Le départ d’un million de consommateurs vers la 4G aurait en effet dû “désengorger le réseau 3G”, encore utilisé par 35 millions de Français.

En conséquence, l’UFC a saisi l’Autorité de régulation des communications électroniques pour endiguer ce démantèlement organisé selon elle.

“L’UFC-Que Choisir dénonce un risque réel de transhumance forcée des consommateurs vers la 4G, et en appelle au régulateur des télécoms pour éviter ce risque”, a annoncé l’association dans un communiqué.

L’UFC demande notamment au gendarme des télécoms de fixer des “exigences sur une qualité minimale de service pour la 3G”, que les opérateurs devraient respecter pour obtenir l’autorisation d’exploiter les fréquences 4G.

Interrogée par l’AFP, l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep) n’a elle pas souhaité commenté la méthodologie et les résultats de l’UFC.

L’association a également lancé un observatoire de la couverture de l’Internet mobile, via une application gratuite. Les consommateurs peuvent ainsi participer aux tests de la qualité du réseau sur le territoire français.