La difficile décision étant prise, le gouvernement a choisi de commencer à dégraisser le mammouth par le secteur de l’énergie, dont les branches ont, à cet effet, été réparties en cinq catégories en fonction du volume de leur consommation.
Les champions en la matière étant les cimentiers, c’est à eux que va s’appliquer en premier la politique de retrait des subventions. En contrepartie, les industriels du ciment vont bénéficier d’une mesure réclamée depuis très longtemps: la libération des prix du sac de ciment.
«Si nous ne faisons rien nous allons dans le mur. Et le mur on n’en est plus très loin». Mehdi Jomaa ne pouvait pas mieux exprimer et souligner l’urgence pour l’Etat de se libérer du système de subventions des produits de base en général et des hydrocarbures en particulier, comme il l’a fait mardi 19 novembre devant des adhérents de la Tunisian British Chamber of Commerce (TBCC), présidée par Hassine Doghri.
Selon le ministre de l’Industrie, le budget de l’Etat ne peut plus supporter le fardeau des subventions qui, rappelle-t-il, ont triplé en trois ans à 5,3 milliards de dinars «dépassant le budget d’investissement qui est de 4,2 milliards de dinars». D’où l’obligation et l’urgence pour les pouvoirs publics d’agir.
La difficile décision étant prise, le gouvernement a choisi de commencer à dégraisser le mammouth par le secteur de l’énergie, dont les branches ont, à cet effet, été réparties en cinq catégories en fonction du volume de leur consommation. Les champions en la matière étant les cimentiers, c’est à eux que va s’appliquer en premier la politique de retrait des subventions.
Cette industrie se verra ainsi retirer les siennes en deux tranches de 50% espacées de six mois. En contrepartie, les industriels du ciment vont bénéficier d’une mesure réclamée depuis très longtemps: la libération des prix du sac de ciment. Et cette disposition ne devrait pas se traduire par une hausse vertigineuse des prix comme le craignent certains. «La hausse ne devrait pas dépasser 950 millimes par sac», rassure le ministre de l’Industrie.
Toutefois, si la plupart des secteurs vont être mis progressivement à la vérité des prix en matière d’énergie (pétrole, gaz et électricité), certains –comme l’industrie agroalimentaire, que l’Etat voudrait encourager- vont continuer à bénéficier d’un certain niveau de subvention. Mais tous vont bénéficier d’un court répit pour laisser le temps de mettre en place des mesures d’économie d’énergie, afin d’éviter l’explosion de leurs factures énergétiques.
Répit pour la frange pauvre de la population
En ce qui les particuliers, des mesures seront prises pour épargner à la frange la plus pauvre de la population et à la classe moyenne le contrecoup de la hausse des prix des hydrocarbures et de l’électricité qui va découler du retrait progressif des subventions. Pour les autres, le prix dépendra du volume de la consommation.
Pour amortir l’impact de la nouvelle politique en matière de prix, entreprises et particuliers vont bénéficier de meilleures incitations pour développer l’utilisation de sources d’énergies renouvelables, comme le solaire. Jusque-là freiné par le différentiel des prix et le tarif peut incitatif de la vente des surplus à la STEG, le recours au solaire devrait, selon Mehdi Jomaa, se développer sous le double effet du rétrécissement du «gap» entre énergies fossiles et renouvelables en matière de prix et l’adoption d’un tarif plus incitatif pour la vente des surplus d’électricité.