“Où étiez-vous” il y a 50 ans, le jour de la mort de Kennedy ?

3720c758ba5e7b417a68fc166def8faf7aa05e1f.jpg
ésident John F. Kennedy devant le Congrès, le 25 mai 1961 à Washington (Photo : -)

[19/11/2013 19:04:53] Washington (AFP) Deux Américains sur trois n’étaient pas nés quand le président John Fitzgerald Kennedy a été tué il y a 50 ans, mais sa mort fut pour les plus âgés, un “coup à l’estomac” à jamais dans les mémoires, aux Etats-Unis ou ailleurs.

Le 22 novembre 1963, Thomas Hamilton, jeune analyste pour le programme spatial Apollo chez Grumman Aircraft près de New-York, revenait de sa pause déjeuner quand un de ses collègues, connu pour ses mauvaises blagues, s’est écrié “On a tiré sur le président !”.

“Je lui ai dit +même venant de toi, c’est de mauvais goût+”, se souvient l’astronome aujourd’hui retraité. “Mais il a insisté. J’ai appelé un journal local, une femme m’a répondu +c’est vrai, il est mort+ et a raccroché”.

“Ca a été un coup à l’estomac”, raconte Paul Robert Edwards, alors juriste, qui écoutait la radio ce jour-là, en déjeunant au bar d’un restaurant de Kansas City (Missouri, centre).

Angelo Armenti avait 23 ans, étudiait la physique et avait travaillé pour la campagne électorale de Kennedy en 1960. “Je sortais d’un parking en voiture quand une femme s’est mise à courir en criant +on a tiré sur Kennedy, on a tiré sur Kennedy+”.

La petite école où étudiait Beatrice Hogg, fille de mineur afro-américain en Pennsylvanie (est), avait renvoyé les élèves chez eux. La petite fille a trouvé sa famille en larmes: “Maman et la cousine Kat se demandaient ce qui allait se passer pour les personnes de couleur”, se souvient l’écrivain, qui vit actuellement en Californie (ouest).

e4182dfbd9b4659d360204304e240dc6f78e1ecb.jpg
ésident américain John F. Kennedy à Dallas (Texas)

Dans le Massachusetts (nord-est), l’Etat des Kennedy, les religieuses de l’école catholique où étudiait Ramsey Bahrawy avaient demandé aux élèves de “prier pour JFK”. “J’étais plus touché que les autres parce que mes parents, immigrés d’Egypte, nous répétaient que c’était grâce au gouvernement Kennedy qu’ils avait pu venir”, témoigne l’avocat.

“Je me demandais si on allait nous attaquer”

Ailleurs, dans l’Amérique conservatrice qui avait donné ses voix à Richard Nixon, battu de peu par Kennedy, certains se réjouissaient. La professeur de gymnastique de Lucy Siegel, à Greenville (Caroline du sud, sud-est) avait rassemblé les filles et annoncé la nouvelle.

“Beaucoup se sont mises à applaudir. C’était avant la déségrégation, l’Etat était encore plus conservateur que maintenant. Ca m’a choqué autant que la nouvelle”, raconte cette attachée de presse de New York.

Lana Mae Noone, alors étudiante en art de 18 ans, se trouvait dans un bus de Manhattan à New York et ne voulait pas y croire : “Pour moi, la mort, c’était quelque chose qui n’arrivait qu’aux personnes âgées et lui était si jeune, si énergique”.

“Je me souviens d’être assis dans la cour de l’école, de regarder les avions passer au-dessus de nous et je me demandais si on allait nous attaquer”, raconte John Echeveste, consultant en communication de Californie.

“C’était une époque où les exercices anti-nucléaires étaient obligatoires, on apprenait à se réfugier sous nos pupitres”, explique-t-il, “un héros était mort et un peu d’espoir avec lui”.

La nouvelle avait déjà dépassé les frontières.

Alexander Longolius, instituteur de 28 ans dans un Berlin alors divisé, avait été invité à dîner chez des diplomates américains : “Je crois que personne ne s’est servi à boire, on était collé à la radio”.

Après l’espoir soulevé par la phrase de Kennedy “Je suis un Berlinois”, “il nous semblait que les espoirs de millions de gens étaient soudainement brisés”, note cet ancien homme politique.

A Moscou, pas de larmes à l’école de Alexandra Panina, parce que dans l’Union soviétique d’alors, “on nous disait toujours d’être forts, donc on ne pleurait pas” mais la nouvelle nous a stupéfaits, se souvient l’enseignant en littérature de 68 ans. “Tuer un président en plein jour, c’était inimaginable”.