Le programme socio-économique du parti Nidaa Tounès, qui a été présenté récemment à l’opinion publique, porte l’empreinte de son président Béji Caid Essebsi, particulièrement, de son appartenance à la famille destourienne. Pour preuve, ce programme duplique presqu’à la lettre celui du Parti socialiste destourien (PSD) lors de son fameux Congrès du destin, tenu du 19 au 22 octobre 1964 à Bizerte.
Pour mémoire, lors de ce congrès, au cours duquel le Néo-Destour devient le Parti socialiste destourien (PSD), la classe politique de l’époque avait opté pour un modèle économique reposant sur la coexistence des trois secteurs: public, privé et collectif.
Cinquante ans après, le jeune parti socio-démocrate Nidaa Tounès, dont le président a toujours qualifié de «prolongement naturel du projet national réformiste inauguré avec Kheireddine Pacha, en passant par les grandes figures du mouvement national», opte pour le même modèle socio-économique, celui-là même qui consacre la primauté de l’équilibre entre les secteurs public, privé et coopératif.
Il s’agit en fait d’un modèle standard qui a fait ses preuves dans tous les pays, notamment dans les pays industrialisés (Grande-Bretagne, pays nordiques, Canada…).
Les décideurs qui se sont succédé, depuis l’accès de la Tunisie à l’indépendance, nous auraient évité tant de sous-développement et de retard s’ils avaient veillé à l’équilibre entre les secteurs, et donc s’ils n’avaient pas commis l’erreur fatale d’avoir opté exclusivement pour un seul secteur au détriment des deux autres. Ainsi, ils avaient donné l’avantage tantôt au collectivisme (1964-1970), tantôt au libéralisme (1971-1980) et tantôt à l’ultra-libéralisme (1987-2013).
Conséquence: aucun des trois secteurs ne s’est développé de manière pérenne, solide et structurelle. Le service public est toujours dégradé. Le privé est toujours frileux et fragile face aux crisse. Quant à l’économie sociale et solidaire (le coopératif), elle est tout simplement inexistante.
Pour revenir au programme, le parti Nidaa Tounès se propose, pour peu qu’il accède au pouvoir, de tirer les enseignements des acquis et des insuffisances des modèles suivis, depuis l’indépendance et, partant, d’édifier une économie standard qui repose sur les trois secteurs: public, privé et coopératif.
Concrètement, ce programme, articulé autour de quatre volets (emploi, jeunesse, développement régional et justice sociale), vise à réaliser un taux de croissance annuel de 7% par an, de réduire le taux de chômage de 16% à 11% en 5 ans, puis à 6% 5 ans plus tard.
125 milliards de dinars pour le développement régional…
Sur un autre plan, il prévoit, entre autres, de porter un intérêt particulier au développement, sur de nouvelles bases, des régions de l’intérieur (décentralisation effective en leur faveur), d’intégrer de manière effective les jeunes et les femmes dans le circuit économique, d’améliorer la qualité de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique…
Il s’agit également de rationnaliser l’exploitation des ressources naturelles du pays, de généraliser la couverture sociale à tous les Tunisiens sans distinction aucune, de veiller à l’équilibre des fondamentaux de l’économie du pays et de faire de la Tunisie, au plan international, un marché relais entre l’Afrique, le Maghreb, l’Europe et l’Asie.
Au niveau sectoriel, une attention particulière sera donnée à l’industrie et au tertiaire. Cependant, aucune proposition n’a été formulée concernant le secteur stratégique de l’agriculture et des services liés…
L’accent sera mis sur la confiance et la bonne gouvernance afin de mettre fin à la dichotomie entre les régions de l’est et de l’ouest: désenclavement, amélioration de l’infrastructure (zoning industriel, technopoles…), amélioration des conditions de vie, décentralisation de tous les services (banques, guichets uniques, structures d’appui…).
In fine, le coût de ce programme quinquennal s’élèvera à 125 milliards de dinars tunisiens, dont 40% dédiés aux régions. Pour y arriver, les coordinateurs du programme de Nidaa Tounès, en l’occurrence Mahmoud Ben Romdhane et Slim Chaker, estiment que la Tunisie dispose des moyens requis (infrastructure, ressources humaines, hommes d’affaires aguerris, administration qualifiée …).
Espérons …