Kering, consommateur de pythons, s’engage avec les défenseurs de la nature

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ée en peau de python, photographiée le 13 mars 2009 à Vicenza, en Italie (Photo : Vincenzo Pinto)

[22/11/2013 18:08:45] Genève (AFP) Le groupe de luxe français Kering a signé avec deux partenaires dont l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) un accord visant à améliorer les conditions du commerce du python, alors que sa marque phare Gucci est l’un des plus grands consommateurs mondiaux de ces peaux de serpent.

Le troisième signataire de ce “Partenariat pour la conservation du python” lancé vendredi est le Centre du commerce international (ITC), qui dépend de l’OMC et de l’ONU.

Objectif: “contribuer à améliorer le caractère durable du commerce du python”.

Et “aboutir à des recommandations concrètes d’ici 18 mois”, selon Marie-Claire Daveu, la Directrice du développement durable de Kering interrogée par l’AFP.

Ce partenariat fait suite à un appel lancé il y a un an par l’UICN à l’industrie de la mode pour qu’elle mette en place un système de traçabilité de l’origine des peaux, afin que le consommateur sache qu’elles ont une origine légale.

Il y a un an, l’UICN dénonçait dans un rapport les abus dans le commerce des peaux de python utilisées dans l’industrie de la mode européenne. Selon elle, ce commerce pourrait mettre en danger la survie de l’espèce en Asie du sud-est.

“Une proportion importante des peaux vendues provient illégalement d’animaux sauvages, au-delà des quotas autorisés, avec l’utilisation de faux permis”, avait affirmé Tomas Waller, de l’UICN .

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à Izmir, en Turquie (Photo : Mustafa Ozer)

Ce commerce, suivi par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), concerne un demi-million de peaux chaque année et représente des ventes de l’ordre d’un milliard de dollars (environ 770 millions d’euros) par an, selon le rapport réalisé avec l’aide notamment de TRAFFIC, un programme commun du World Wide Fund for Nature (WWF) et de l’UICN.

Le recours à des pythons sauvages met l’espèce en danger

D’après le document, les affirmations selon lesquelles plus de 20% des peaux de python exportées proviennent d’animaux d’élevage ne sont pas “crédibles” car les coûts d’élevage sont supérieurs aux prix de vente des peaux.

Le recours à des pythons sauvages met l’espèce en danger car ils sont souvent capturés avant d’avoir eu le temps de se reproduire, selon le rapport.

Il est “très difficile” d’évaluer précisément le nombre de pythons qui vivent sur Terre mais il y en aurait “des dizaines de millions”, estime l’UICN interrogée par l’AFP. Le commerce des peaux concerne entre 500.000 et 800.000 pythons par an, issus de six espèces, et fait vivre des villageois, des fermiers, des tanneurs, des exportateurs, etc, souligne l’UICN.

L’Indonésie, la Malaisie et le Vietnam sont les principaux pays fournisseurs d’un commerce qui passe à plus de 70% par Singapour à destination de l’Italie, l’Allemagne et la France. Il concerne les deux plus grandes espèces de pythons d’Asie du Sud-Est, le python birman et le python réticulé, selon l’UICN.

Mme Daveu a souligné “la difficulté d’avoir une traçabilité extrêmement fine et fiable” en matière de pythons, “un problème identifié” par la communauté scientifique, les ONG et les industriels du secteur.

Or Kering se pose en champion de l’éthique de durabilité. “Pour des raisons éthiques et de responsabilité”, a rappelé Mme Daveu. L’UICN juge l’engagement de Kering “fort” en la matière.

De fait, Kering a affiché en 2012 une série d’engagements en matière de durabilité dont celui de “faire usage de peaux précieuses et fourrures responsables”, avec l’objectif d’ici 2016 que “100% des peaux précieuses et fourrures” proviennent d’élevages contrôlés ou d’animaux sauvages “dont la population est gérée de manière durable”.

Pour le groupe dirigé par François-Henri Pinault, l’objectif est aussi d'”aider les populations locales à tirer bénéfice de ce commerce”, a expliqué Mme Daveu.

De manière plus pragmatique, la question des pythons intéresse Kering au premier chef pour des raisons d’approvisionnement. “Gucci est un utilisateur important de peaux de pythons” (pour ne pas dire l’un des principaux, voire le premier au monde, NDLR) et “presque toutes les marques du groupe Kering en utilisent, sauf Stella McCartney”, note Mme Daveu.