Commerce : la politesse ne suffit pas face à Pékin, estime Karel De Gucht

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mbre 2013 à Pékin (Photo : Ed Jones)

[22/11/2013 13:37:16] Pékin (AFP) L’Union européenne (UE) doit défendre avec détermination ses intérêts commerciaux face à la Chine, a estimé vendredi à Pékin le commissaire européen en charge du Commerce, estimant que rien ne peut “être obtenu en étant (simplement) poli”.

“Je ne crois pas que vous obtenez quoi que ce soit des Chinois en faisant seulement preuve de politesse. Je n’y crois absolument pas, et d’ailleurs, eux non plus n’obtiennent rien de nous en étant seulement polis”, a insisté Karel De Gucht à Pékin, au lendemain d’un sommet Chine-UE.

“Nous défendons nos intérêts et eux les leurs. (…) Ce n’est pas une solution que de garder le silence quand il y a un problème”, a fait valoir le responsable européen lors d’une rencontre avec la presse.

Plusieurs vifs différends commerciaux ont récemment opposé la Chine et l’UE, notamment dans le secteur du solaire, Bruxelles accusant les groupes chinois d’être excessivement favorisés par de larges subventions publiques.

La Commission européenne et les autorités chinoises étaient parvenues fin juillet à un accord provisoire sur le volet antidumping de cette enquête, mais d’autres dossiers restent en suspens, dont ceux des terres rares ou des vins européens.

“Imaginez que nous eussions cédé sur le solaire, vous croyez vraiment que nous aurions été récompensés par un traitement de faveur dans le dossier du vin?”, s’est interrogé le commissaire.

Il a estimé que l’enquête antidumping enclenchée par Pékin et ciblant les importations de vins européens “n’était pas une affaire impossible à résoudre”.

“Les Chinois auront beaucoup de mal à prouver qu’il y a du dumping” dans ce domaine, a-t-il maintenu.

“Nous sommes la plus grosse économie du monde, mais nous ne le réalisons pas toujours. Nous avons le devoir de défendre nos intérêts (…) et nous ne devons pas être constamment honteux de le faire”, a assuré M. De Gucht.

En revanche, “je ne fais pas de cas particulier pour la Chine, absolument pas. Il ne faut pas la traiter différemment de nos autres partenaires commerciaux. (…) nous devons garder la tête froide, avec respect, face aux Chinois”, a-t-il ajouté.

La Chine et l’UE ont annoncé jeudi avoir formellement entamé leurs discussions sur un accord d’investissement, qui doit leur assurer un meilleur accès réciproque à leurs marchés.

Le Premier ministre chinois Li Keqiang avait estimé jeudi que les deux partenaires devraient “travailler à encore accroître leurs échanges commerciaux jusqu’à 1.000 milliards de dollars d’ici 2020”, contre 546 milliards de dollars en 2012 (selon les douanes chinoises).

Mais le commissaire De Gucht a assuré vendredi aux journalistes qu’il ne s’agissait pas d’un objectif officiel négocié entre les deux parties, jugeant ce montant “considérable”.