à Krefeld, en Allemagne (Photo : Marius Becker) |
[24/11/2013 16:33:47] Francfort (AFP) Le premier syndicat européen, l’allemand IG Metall, tiendra dimanche et lundi son congrès extraordinaire à Francfort, durant lequel il désignera officiellement son nouveau patron avec pour mission de poursuivre sa cure de rajeunissement et la hausse de ses effectifs.
Numéro deux du puissant syndicat depuis 2007, Detlef Wetzel, 60 ans, s’apprête à en prendre la tête, succédant au très respecté Berthold Huber, en poste depuis plus de six années.
Avec près de 2,3 millions d’adhérents, IG Metall, qui défend les salariés toutes catégories confondues dans la sidérurgie, l’automobile, l’électronique ou encore le textile est le plus gros syndicat d’Europe et le plus puissant d’Allemagne.
Confrontée depuis la décennie 1990 à l’érosion de ses effectifs, l’organisation s’est lancée dans une vaste réorientation de sa stratégie ces dernières années, mettant davantage l’accent sur les services, en vue de conquérir de nouveaux adhérents.
Il doit également faire face à un vieillissement de ses membres, ce qui le pousse à tourner sa communication en direction d’un public plus jeune, n’hésitant pas, par exemple, à diffuser sur les réseaux sociaux un clip loufoque durant les élections législatives allemandes pour inciter les électeurs à se rendre aux urnes.
“Le syndicat a changé sa politique”, explique Volker Rieble, chercheur au sein du Centre des relations du travail et du droit social (ZAAR) de Munich (sud).
“Avant, IG Metall était une organisation très rigide, ce qui s’expliquait par ses positions idéologiques, et il a perdu de vue ce qui intéressait vraiment les adhérents. Il est aujourd?hui moins politisé et s?occupe plus de ce que veulent ses membres”, ajoute-t-il.
Un partenaire stable et pragmatique
Cette stratégie commence à payer: en 2012, l’organisation a gagné près de 18.000 nouveaux adhérents, après décompte des départs à la retraite et des désinscriptions, répétant ainsi son exploit de 2011. Cette année-là, il avait profité de l’embelli du marché de l’emploi en Allemagne, plus de travailleurs signifiant plus d’adhérents potentiels.
Le nombre de ses membres de moins de 27 ans a également augmenté l’an dernier, de 4,5% à 223.000. L’organisation a séduit notamment plus d’intérimaires, dont les conditions de travail constituent ces dernières années l’un de ses chevaux de bataille.
“IG Metall est dans une bien meilleure situation qu?il y a quelques années”, confirme Michael Fichter, chercheur au sein de l’institut de science politique Otto Suhr, basé à Berlin.
“Durant la crise de 2008-2009, l’Allemagne a traversé de graves problèmes économiques. Le syndicat a réussi à trouver des solutions très constructives avec les comités d’entreprises et les représentants des employeurs en limitant les pertes d’emplois”, explique M. Fichter.
Selon lui, “IG Metall est respecté dans le débat public allemand en tant que représentant puissant (des salariés) mais également en tant que partenaire de négociation stable et pragmatique”. Ce qui ne l’empêche toutefois pas de brandir régulièrement la menace de grève pour parvenir à ses fins.
“Nous manifestons peut être un peu moins bruyamment et un peu moins spectaculairement que dans d’autres pays mais nous atteignons nos buts”, avait résumé par le passé Berthold Huber.
Quant à l’avenir, M. Wetzel, considéré comme l’artisan du renouveau du syndicat, entend poursuivre sur cette voie, en trouvant “des réponses particulières aux nouvelles questions qui émergent dans la société”, a-t-il déclaré dans un entretien accordé à l’AFP.
“Nous allons accorder une importance particulière à la lutte contre les recours abusifs aux contrats de prestation de services, pour qu?ils ne soient pas utilisés pour faire du dumping et aggraver les conditions de travail, et à une plus grande implication des salariés”, a-t-il promis.