érie, le 31 janvier 2013 (Photo : -) |
[24/11/2013 18:07:42] Washington (AFP) Les entreprises et diplomates implantés dans les zones instables doivent se préparer à affronter l'”impensable”, à l’heure où les groupes armés visent de plus en plus souvent des cibles occidentales, estiment des professionnels de la sécurité.
S’appuyant sur leurs expériences des attaques contre le site gazier algérien d’In Aménas en janvier et de la prise d’otages de Téhéran en 1979, experts gouvernementaux et dirigeants d’entreprises ont jugé lors d’un forum à Washington que l'”impensable”, comme une offensive armée d’envergure, doit désormais entrer en ligne de compte dans les zones à risque.
“J’étais en état de choc, comme tout le monde”, s’est remémoré Marc Cobb, directeur adjoint du site d’In Aménas, en racontant son expérience de l’assaut où 38 otages ont été tués.
Ce genre d’attaque ne s’était jamais produit “ni en Algérie, ni dans le secteur” gazier, a-t-il poursuivi au cours de ce forum de rencontre entre des diplomates du département d’Etat et des entrepreneurs américains.
En ce jour de janvier, M. Cobb venait à peine de se faire un café lorsqu’il a entendu un coup de feu suivi de tirs de mitrailleuse. Il est parvenu à prévenir le siège de BP à Londres avant de prendre la fuite mais il n’était certainement pas préparé à voir plusieurs dizaines d’assaillants armés de lance-grenades, de mortiers et de Kalachnikov s’attaquer au site gazier.
Il dit cependant avoir été parfaitement conscient qu’une fois que les forces algériennes seraient impliquées dans le sauvetage des otages, les événements allaient prendre un tour sanglant.
“La nouvelle norme”
“Les Algériens ne négocient pas avec les terroristes (…). Nous partions du principe que les Algériens allaient réagir rapidement et c’est ce qu’ils ont fait”, a expliqué Nicole Deal, responsable de la sécurité dans la région à l’ambassade américaine à Alger.
“In Aménas a marqué un tournant”, a-t-elle poursuivi. “Désormais, il faut être prêt à tout, même aux pires attaques, comme ce qu’il s’est passé à Westgate”, le centre commercial de Nairobi attaqué en septembre et au cours duquel au moins 67 personnes sont mortes.
In Aménas et l’attaque de Westgate “pourraient devenir la nouvelle norme”, a averti M. Deal.
Les diplomates de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran pris en otages en 1979 ont raconté, lors de la même rencontre, qu’ils pensaient alors que la situation ne durerait que quelques heures ou quelques jours, comme lors de précédentes manifestations.
Mais après la chute du gouvernement provisoire iranien en 1980, ils comprirent qu'”il n’y avait plus personne au bout du fil” avec qui Washington pourrait négocier, s’est souvenu John Limbert, directeur des affaires politiques de l’ambassade, qui resta otage pendant 444 jours.
Comme le film “Argo” l’a décrit, la CIA a dû recourir à un ingénieux plan pour exfiltrer six diplomates américains qui s’étaient réfugiés en secret chez l’ambassadeur du Canada.
Tony Mendez, l’agent de la CIA chargé de l’opération et plus tard joué par Ben Affleck dans “Argo”, a souligné que “très souvent, on trouve les meilleures idées quand on est désespérés”.
Son conseil? “Mettez le plan sur la table, gardez-le sur la table et quand vous êtes prêts, faites-le vite”.
Le secrétaire d’Etat John Kerry a indiqué que le département d’Etat avait averti 78 entreprises ou ONG américaines, dont certaines liées à des organisations religieuses, de menaces spécifiques contre elles cette année.
“Tout le monde ici comprend les risques, vous connaissez les dangers”, a dit John Kerry, tout en lançant: “Vous ne pouvez pas battre en retraite. Il ne peut y avoir de forteresse”.
“Rien ne fonctionnerait si c’était le cas, franchement, parce qu’aujourd’hui plus que jamais, je pense que nous devons nous investir dans le monde pour continuer la transformation qui a été engagée”, a-t-il dit.