Tourisme : Le cri d’alarme de Mourad Hattab


tourisme-tunisie-23112013.jpgLe
tourisme est en détresse, on le savait. Les statistiques récentes annoncées par
Mourad Hattab le confirment bien. Mais là où le bât blesse, selon lui, est que
l’Etat ne semble pas voler au secours du secteur. Le budget de promotion est
quasiment épuisé. La mise à niveau du secteur n’est pas réactivée. Le budget
semble l’avoir zappé. Et, la volonté politique n’adresse aucun message fort. Ce
n’est pas rassurant! Autant pour le tourisme que pour l’économie du pays.

Le tourisme serait-il laissé à son propre sort? C’est ce qui ressort de
l’intervention de Mourad Hattab, expert économique et financier, sur les ondes
de Mosaïque FM, à l’émission midi show.

Le tourisme continue sa descente aux enfers. Deux cents unités hôtelières sur
les 630 hôtels classés sont fermées. Sur les trois dernières semaines, 20 hôtels
ont fermé. TUI, Tour-operator majeur sur la destination Tunisie, envisage de
réduire la voilure pour l’année qui vient. L’emploi perd 6,6%.

Quand le secteur s’enraie, c’est toute la chaîne de valeur qui ralentit. Quand
l’hôtellerie est impactée, suivent derrière elle les cafés et restaurants, tout
l’artisanat, les sociétés de location de voitures, les transporteurs ainsi que
l’industrie du loisir.

Mourad Hattab prévient contre une lecture au premier degré de la part de valeur
ajoutée du tourisme dans le PIB. La participation directe du secteur est évaluée
à 7% mais au vu de l’ensemble de la chaîne d’activité qu’il dynamise, cette
proportion grimperait à 17%.

Le marasme touristique devient une affaire de sécurité économique nationale.
Quelles perspectives s’offrent au secteur, à l’heure actuelle?

Les touristes sont les clients de l’hôtellerie

Tout de go, Mourad Hattab exclut l’indice de recensement des entrées de
touristes. S’y mêlent les étrangers qui se rendent chez des amis résidents et
tous les autres qui se logent à leur propre compte, principalement dans des
maisons en location. Les touristes à prendre en considération pour des
statistiques appropriées sont les seuls clients des établissements hôteliers.
Ceux-là ne sont pas encouragés par les autorités de leurs propres pays à faire
le pas.

Les sites officiels des quatre grands marchés émetteurs, à savoir la France,
l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne, ne poussent pas au voyage. Et pour
les plus déterminés, ceux qui sautent le pas, une zone territoriale est
délimitée qui va de Tunis à Sfax. Au-delà, on laisse supposer que c’est la porte
ouverte à tous les dangers.

Les nouvelles qui partent de Tunisie ne sont pas plus encourageantes. Au final,
nos marchés européens traditionnels, d’Europe de l’Ouest, chutent de manière
vertigineuse. Mourad Hattab parle de 500.000 touristes français en moins et
d’autant d’allemands. Le fléau frappe les marchés d’Europe de l’Est, russes,
tchèques, polonais et autres ont levé le pied.

Mourad Hattab avance une baisse globale de 26% des touristes européens réunis.
Naturellement, les recettes en devises, exprimées en euros, ont baissé, à leur
tour, de 17%.

Selon les statistiques de l’Office mondial du tourisme (OMT), rappelle Mourad
Hattab, un touriste dépense 1.590 dollars US par séjour. En Tunisie ce montant
n’est que de 300 dollars. Le secteur est en train de peiner. Quelles issues se
présentent à lui?

L’équation de montée en charge est complexe

La raison voudrait que lorsque le site est parasité par des événements
contrariants, on contribue à un travail de valorisation de “l’image building“ du
site. Mais en l’occurrence, selon l’expert, le budget de promotion, voisin de 40
MDT, n’est pas dimensionné pour la circonstance, outre qu’il a été largement
affecté à des opérations de campagne.

Le secteur en soi appelle tout un travail de mise à niveau et ce chantier ne
semble pas décoller. La Fédération tunisienne de l’hôtelière (FTH) s’active
seule mais ses moyens sont limités. Le budget 2014 n’a pas prévu de mesures
dédiées à conforter la relance du secteur.

A ce point, s’indigne Mourad Hattab, le secteur touristique serait déclassé des
priorités économiques nationales. Faute d’un sursaut des pouvoirs publics, le
tourisme, qui bat déjà de l’aile, serait gravement exposé.

A bon entendeur…