éoliennes près de Lauchhammer, en Allemagne (Photo : John Macdougall) |
[25/11/2013 11:49:53] Paris (AFP) La transition énergétique nécessitera des centaines de milliards d’euros d’investissements pour l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne au cours des prochaines décennies, selon une étude publiée lundi par la grande-école HEC Paris et le cabinet de conseil Kurt Salmon.
“Le constat est implacable: ce sont des centaines de milliards d’euros que nos pays vont devoir financer au cours des deux prochains décennies pour atteindre leurs objectifs en matière de réduction de gaz à effet de serre”, souligne l’étude.
Les trois pays passés sous revue représentaient à eux seuls 40% de la consommation pétrolière de l’Union européenne en 2012. Ils ont chacun emprunté des trajectoires différentes pour réduire la dépendance de leur économie aux énergies fossiles émettrices de CO2.
La facture devrait être la plus élevée pour l’Allemagne, qui a engagé sa sortie du nucléaire et recherche “un nouveau modèle de croissance économique” en favorisant les énergies renouvelables.
Jusqu’à 400 milliards d’euros seront nécessaires d’ici à 2030 pour financer la transition, sans que l’impact sur l’emploi puisse être quantifié avec précision, estiment les auteurs de l’étude.
“Cela correspond à un tiers de l’effort engagé pour la réunification de l’Allemagne et de l’Ouest et de l’Allemagne de l’Est (1.300 milliards d’euros)”, soulignent-ils, évoquant notamment comme pistes de financement une augmentation des prix de gros de l’électricité et de la tonne de CO2.
La facture pourrait même atteindre 580 milliards d’euros en 2050.
Le Royaume-Uni a fait le choix inverse: sa stratégie de décarbonisation se traduit par une relance de son programme nucléaire, comme en témoigne l’accord conclu fin octobre avec le géant français EDF pour la construction de deux réacteurs EPR. L’objectif est surtout d’améliorer la productivité du secteur électrique du pays pour renforcer sa compétitivité, souligne l’étude.
Les besoins d’investissements sont estimés à 200 milliards d’euros à l’horizon 2050, dont 130 milliards pour la restructuration du secteur électrique d’ici à 2030.
Enfin, en Espagne, c’est un constat d’échec qui domine pour la transition énergétique amorcée au milieu des années 2000, en raison d’un déficit tarifaire induit par un fort niveau de soutien public aux énergies renouvelables et son non financement initial par le consommateur particulier.
Ainsi, le pays fait face à une dette cumulée de plus 26 milliards d’euros de son secteur électrique entre 2005 et 2013. “Selon toute vraisemblance, il ne devrait pas y avoir de relance de la transition énergétique en Espagne sans véritable réforme structurelle du secteur électrique et assainissement des finances publiques”, écrivent les auteurs de l’étude.