Alberta, au Canada, le 22 octobre 2009 (Photo : Mark Ralston) |
[25/11/2013 11:44:09] Montréal (AFP) Entre web-documentaire et jeu vidéo, “Fort McMoney” propose dès le 25 novembre aux internautes de participer aux débats et de faire valoir leurs arguments sur la question de l’exploitation pétrolière au Canada et ses conséquences environnementales et sociales.
L’idée est originale. Plutôt que de livrer aux téléspectateurs un documentaire figé et orienté, “Fort McMoney” laisse chacun se forger sa propre opinion sur les avantages ou les inconvénients d’une exploitation pétrolière hors du commun, dans une région souvent rude du nord Canadien.
Communauté de la province de l’Alberta (ouest du Canada) à un peu plus de 400 km au nord d’Edmonton, Fort McMurray, surnommée “FortMcMoney” dans le documentaire, respire le pétrole et contribue pour 7% du volume total de gaz à effet du Canada.
Le pétrole y est extrait des sables bitumineux dont les écologistes dénoncent une exploitation aux effets dévastateurs pour l’environnement. Début octobre, 21 prix Nobel avaient jugé “l’impact désastreux sur les changements climatiques” de ces pétroles non conventionnels. A l’inverse, le Canada met en avant son autonomie énergétique.
Une fois entré dans ce jeu documentaire gratuit, le joueur spectateur explore trois facettes de cette région hors du commun, “l’industrie, le social et l’environnemental”, explique le créateur et réalisateur français David Dufresne, installé à Montréal depuis deux ans.
Ce documentaire cherche “à vous attirer au-delà” d’un récit unilatéral et au fur et à mesure du déroulé chacun va “faire en sorte que ses convictions l’emportent”.
Pour cela le spectateur pose ses propres questions à tous les acteurs clés de ce documentaire, les patrons des compagnies pétrolières, le maire de la ville, les tenanciers de bars, les travailleurs parqués dans des baraquements sommaires ou divers lobbyistes. Au total ce sont des centaines de combinaisons qui ont été imaginées par les concepteurs.
60 jours de tournage
Alberta, le 25 octobre 2009 (Photo : Mark Ralston) |
Comme dans un jeu vidéo, le “joueur” progresse et va franchir des étapes. Tous les dimanches soirs et en fonction du vote des participants, la ville va bouger, l’environnement du documentaire sera modifié en fonction de la majorité et ceci sur 4 semaines. “La ville de Fort McMurray est reproduite virtuellement et va évoluer en fonction de l’interactivité”, souligne M. Dufresne.
A travers ce jeu-documentaire, “l’idée est de dire aux spectateurs +prenez-vous en mains+. Que fait-on du pétrole et que fera-t-on quand il n’y aura plus de pétrole?”, explique M. Dufresne.
Le réalisateur a signé le web-documentaire “Prison valley” sur l’industrie pénitentiaire aux Etats-Unis et pour lequel il a décroché un prestigieux prix World Press en 2011.
Le défi pour la réalisation de ce nouveau web-documentaire était de “toujours faire en sorte que le jeu soit au service du documentaire” et non l’inverse. Il fallait garder toute la force au sujet en juxtaposant l’exploitation des sables bitumineux pour la production de pétrole nécessaire à une des principales économies mondiales et l’impératif environnemental.
Pour accéder à “Fort McMoney”, décliné en anglais, français et allemand pour offrir un accès très large à travers le monde, les joueurs se connectent indifféremment avec leur compte Facebook ou Twitter ou simplement par leur identifiant de courrier électronique.
Grâce au partenariat passé avec la télévision publique Radio-Canada et aux grands quotidiens, le Süddeutsche Zeitung, Le Monde et le Globe and Mail, le documentaire sera accessible depuis les sites de ces médias qui consacreront régulièrement une couverture à la problématique des sables bitumineux.
La réalisation a nécessité 60 jours de tournage pour un budget de 870.000 dollars (620.000 euros). L’essentiel du financement est assuré par l’ONF (Office national du film du Canada) et par la télévision franco-allemande Arte.