Face au cyberharcèlement des ados, les parents retournent à l’école

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Une jeune fille joue sur un ordinateur

(Photo : Alain Jocard)

[25/11/2013 18:30:08] Paris (AFP) Longtemps limité à la cour du collège, le harcèlement des ados a désormais lieu aussi sur internet: pour faire face à ce phénomène en expansion, les formations pour les parents ou les enseignants se multiplient chez les opérateurs et les réseaux sociaux.

Mardi, à l’occasion du lancement par le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon de la campagne de prévention et de lutte contre le harcèlement scolaire, un volet important sera consacré à la cyberviolence, une problématique à cheval entre la vie scolaire et la vie privée.

Selon les chiffres de l’essai de Catherine Blaya “Les ados dans le cyberespace, Prises de risque et cyberviolence”, synthèse mondiale sur le sujet parue en mai, 6% des élèves en France disent être agressés de façon répétée sur le net. On parle alors de cyberharcèlement.

“C’est un phénomène dont personne ne parlait il y a deux ou trois ans mais qui est en progression”, confirme Justine Atlan, présidente de l’association E-Enfance, qui propose une plateforme d’écoute pour les victimes de cyberharcèlement et forme quelque 100.000 élèves par an, essentiellement dans les collèges.

“D’après nos propres chiffres sur le terrain et issus de la plateforme, 15% des élèves de collège se disaient harcelés sur internet il y a deux ans, aujourd’hui, on est à 22%”, précise celle dont l’association est agréée par le ministère de l’Education nationale.

Pour faire face à ce problème et, plus généralement, au fossé qui existe souvent entre des parents nés avant l’apparition d’internet et des adolescents qui maîtrisent sur le bout des doigts web et réseaux sociaux, les formations destinées aux adultes se développent.

Paris, début novembre. Au sous-sol d’un immeuble d’Orange, près des Grands boulevards, une dizaine d’adultes font face à un coach. L’opérateur, qui a lancé “le cours des parents” en mars 2012, a déjà formé gratuitement près de 4.000 d’entre eux dans 38 villes en France au cours de trois campagnes par an (mars, juin et octobre).

“C’est ça qu’on appelle le mur?”

“C’est ça qu’on appelle le mur?”, “Ah bon? On peut identifier quelqu’un sur une photo?”, les questions, des plus basiques aux plus pointues, se succèdent en fonction des connaissances des uns et des autres. Des seniors sont aussi là, pour leurs petits-enfants.

“Avec l’évolution des paramètres de Facebook, je me sentais un peu noyée. Je n’avais pas envie d’être naïve mais je ne savais pas trop où trouver des réponses. Du coup, je me tournais plutôt vers les collègues de bureau ou la famille”, témoigne Lorène, mère d’une fille de 14 ans et d’un fils de 15 ans. “Ils étaient assez touchés que je vienne à ces cours”.

“Sur le terrain, les gens nous disent +Facebook, Google, ils n’ont pas de boutique. Vous, on peut vous parler+”, explique à l’AFP Alain Liberge, directeur de l’environnement et de la responsabilité sociale chez Orange, qui précise que l’opérateur “a la prétention d’être le coach numérique des Français”.

Pour toucher davantage de personnes, des vidéos pédagogiques ont récemment été mises en ligne sur le site bienvivreledigital.orange.fr.

De son côté, Facebook, le premier réseau mondial – 1,2 milliard d’utilisateurs -, organise dans ses bureaux français, plusieurs fois par an, des sessions de formation destinées aux associations de prévention.

“On ne peut pas remplacer les parents, mais en tant que leader, on se doit de faire tout ce qui est possible. Pour cela, on s’appuie sur des grands ensembles institutionnels pour avoir un maximum de relais qui sauront quoi faire en cas de problème”, détaille Anton’Maria Battesti, responsable des affaires publiques de Facebook France, chargé des projets pédagogiques et de la sécurité des jeunes.

“Ce fossé générationnel va se tasser d’ici quelques années, quand les jeunes nés avec internet vont devenir parents”, conclut Justine Atlan.