«Il s’agit de projets de coopération et d’investissements concrets. Nous ne nous arrêterons pas aux discours d’intention ou aux déclarations fracassantes tout juste pour faire bonne figure auprès de la galerie… La firme américaine, General Electric, est un partenaire de longue date de la Tunisie. Il était temps que notre niveau de partenariat passe à un pallier supérieur comprenant bien entendu l’implantation de GE dans notre pays», a précisé Karim Jamoussi, chef de cabinet du ministre du Développement et de la Coopération internationale (MDCI).
Plus de précisions sur la portée du mémorundum d’entente, signé entre le ministère du Développement et de la Coopération internationale et General Electric s’imposaient. Car trop nombreux sont les mémorundums d’entente signés, (Memorundum of understanding) pour la réalisation de mégaprojets et des projets structurants, qui restent lettres mortes. Leur concrétisation traîne en longueur et la phase de «marketing économique ou politique» s’éternise au point d’oublier même leur existence.
Pour Karim Jamoussi, il s’agit d’un passage à l’acte attendu depuis des années par les pouvoirs publics. General Electric est un partenaire de longue date de la Tunisie quoique l’opacité qui pesait sur les appels d’offres nationaux ne plaidait pas en faveur de l’implantation du groupe américain en Tunisie. «Nous ambitionnons de promouvoir une coopération efficiente entre GE, les opérateurs publics et privés. Le protocole d’accord vise la mise en œuvre de projets structurants pour le pays. GE s’engage à nous munir de son expertise et des meilleures solutions et technologies de pointe dont le groupe dispose. La Tunisie est un site attractif et nous espérons mettre en place des institutions fortes et un Etat de droit pour rassurer les investisseurs et nos partenaires aussi bien nationaux qu’internationaux».
Le chef de cabinet du MDCI se veut sécurisant pour toutes les entreprises et les groupes qui veulent traiter avec la Tunisie et qui s’interrogent sur la solidité des institutions tunisiennes en phase de transition. «Les gouvernements passent, l’Etat reste, et je ne me rappelle pas avoir eu vent d’un manquement ou d’une désistance de l’Etat tunisien quant à un engagement pris par l’une de ses institutions. Nous avons toujours tenu à respecter les accords passés avec nos partenaires, il en a été ainsi de la Tunisie depuis son indépendance. Et cela ne changera pas de sitôt».
Des projets structurants qui profiteront aux régions intérieures
Un comité de pilotage, regroupant des représentants de GE, d’autres des ministères économiques et des opérateurs privés, sera mis en place dans les jours qui viennent pour identifier les projets et les modes de gestion. La formule adoptée est, bien entendu, celle du partenariat public/privé adoptée depuis des années entre l’Etat tunisien et GE qui a installé en Tunisie nombre de centrales électriques pour le compte de la STEG.
«En partenariat avec le groupe GE qui opère dans différents secteurs, telles l’énergie, la logistique routière et autres, nous visons le développement des zones qui souffrent d’un manque manifeste d’infrastructures, qu’il s’agisse de celles en rapport avec le transport comme les chemins de fer ou encore le secteur de la santé. Plus que du financement, le goupe américain participera à la formation de notre main-d’œuvre. Des workshops et des ateliers seront organisés en direction des experts tunisiens. Il ne sera pas question d’importer des travailleurs étrangers pour les projets que nous comptons développer sauf si les profils exigés n’existent pas sur le marché local, tout comme il nous importe en tant qu’Etat tunisien que le transfert technologique se traduise par des réalisations concrètes et ne se limite pas à des discours d’intention».
Karim Jamoussi voit grand, et estime, contrairement à beaucoup d’autres qui pensent que la Tunisie est un marché négligeable pour le géant américain, que le positionnement géostratégique de notre pays le prédispose à être un centre d’excellence et une plateforme régionale multisectorielle. «Notre pays doit être un pôle-pivot d’échanges et de correspondance géopolitique et stratégique. Nous espérons le voir se transformer en un hub, soit une porte ouverte pour la conquête du marché régional. Nous sommes soucieux non seulement des aspects géostratégiques mais aussi financiers et économiques. Nous considérons que la Tunisie offre le site idéal pour tous les acteurs économiques de la région méditerranéenne, qu’il s’agisse de simples investisseurs, d’industriels, de financiers, ou d’opérateurs dans les secteurs énergétiques et de hautes technologie. N’oubliez pas que nous lions l’Europe au Maghreb et à l’Afrique, ce qui offre aux opérateurs venus de tous les pays du monde des opportunités uniques pour le développement de leurs activités et la conquête de nouveaux marchés».
En somme, le ministère du Développement et de la Coopération internationale ainsi que le partenaire américain GE veilleront à ce que le MOU signé récemment ne devienne pas un corps inanimé auquel on fera à chaque fois subir un électrochoc pour les besoins de la cause. En tout cas, M. Jamoussi y croit fort et espère en faire un corps vivant qui générera, pour la Tunisie, richesses et valeurs ajoutées technologique, ainsi que des postes d’emplois au fur et à mesure que les études et projets seront mis en place.
Le comité de pilotage aura du pain sur la planche si ce qui n’est aujourd’hui que des mots couchés sur du papier se transforme en véritables réalisations.
Pour information, les échanges économiques entre la Tunisie et les Etats-Unis sont en progression régulière. Ils ont augmenté de 17,6% durant les 8 premiers mois de 2013 par rapport à la même période en 2012, tout comme les exportations tunisiennes qui ont progressé de 25,8% en direction des USA.