AFP, le 26 novembre 2013 (Photo : Ed Jones) |
[26/11/2013 14:36:18] Pékin (AFP) Des accords avec Pékin sont “dans les tuyaux” pour doper l’importance de la monnaie chinoise sur la place financière de Paris, a déclaré mardi le ministre français de l’économie Pierre Moscovici, en vantant les atouts de la France face à la City de Londres.
La poussée du yuan sur les marchés internationaux est “un mouvement irrésistible, et la France est bien placée (pour en profiter). Nous avons lancé toute une série de pistes, qui vont trouver des concrétisations très rapides”, a confié M. Moscovici lors d’une visite à Pékin, dans un entretien à l’AFP.
La Chine ne cache pas sa volonté d’accélérer la circulation du renminbi (ou “devise du peuple”, autre nom de sa devise), hors de ses frontières, alors que sa convertibilité demeure étroitement contrôlée.
Pékin avait ainsi signé mi-octobre avec le Royaume-Uni un accord autorisant les institutions financières basées à Londres à investir directement en yuans en Chine – de quoi renforcer le rôle de la devise dans la City, où peuvent déjà être émises des obligations en yuans.
“Nous aurons nos propres accords (…) Un certain nombre d’agréments vont pouvoir intervenir rapidement”, a assuré Pierre Moscovici, à l’issue d’une rencontre entre hauts responsables chinois et français visant à renforcer la coopération économique et financière entre les deux pays.
“Ce sera chose faite très vite: les choses sont en quelque sorte dans les tuyaux. J’ai insisté pour que des institutions financières françaises puissent bénéficier de l’accès à des contrats, des conventions, auxquels d’autres institutions financières européennes ont déjà eu accès”, a-t-il précisé, sans donner de précisions.
Alors que l’usage du renminbi à Londres a connu une croissance exponentielle — la City représente quelque 60% de tous les échanges sur le yuan en dehors de Chine continentale, de Hong Kong et de Taïwan –, Paris semble partir dans la course avec retard.
AFP, le 26 novembre 2013 (Photo : Ed Jones) |
Cependant, “la France est déjà très bien placée, nous avons déjà (…) des institutions financières qui travaillent en renminbi, et 20% des transactions entre France et Chine sont déjà libellées en renminbi”, s’est défendu le ministre de l’économie.
De fait, alors que le volume d’échanges sur le yuan a plus que doublé entre janvier 2012 et août 2013, la France représentait 10% de ces échanges (hors Chine et Hong Kong), en troisième position derrière Londres (62%) et les Etats-Unis (13%).
Et les entreprises françaises occupent une place significative dans les émissions obligataires en renminbi réalisées hors de Chine.
Face à la City, Paris ne manque pas d’atouts, a estimé Pierre Moscovici, faisant valoir qu’il s’agissait d'”une place financière dynamique, solide et technologiquement avancée”.
Surtout, “la France, et ce n’est pas le cas de la Grande-Bretagne, est un pays membre de la zone euro”, alors que l’Union monétaire est le premier partenaire commercial de la Chine, a-t-il souligné.
De plus, “la France peut aussi ouvrir des perspectives vers l’Afrique: voilà un continent où la Chine et la France ont des intérêts, qui ne sont pas forcément d’ailleurs concurrents, où l’on peut jouer d’une certaine complémentarité”, a ajouté le ministre.
En renforçant la place du renminbi sur la place parisienne, la France espère in fine se rendre plus attirante pour les investissements chinois dans le pays et résorber un peu le grave déséquilibre entre les deux pays dans ce domaine.
“Les investissements français en Chine, à 16 milliards d’euros, sont quatre fois plus importants que les investissements chinois en France, à 3,5 milliards. La Chine investit davantage dans des pays qui n’ont pas le rayonnement, la force de la France”, a déploré Pierre Moscovici.
“Nous disons (aux investisseurs chinois), venez en France! Il n’y a pas d’obstacles, pas d’entraves”, a-t-il déclaré, disant vouloir renforcer les coopérations traditionnelles dans le nucléaire et l’aéronautique, mais aussi les développer dans des secteurs “à fort potentiel”, “de l’agroalimentaire à l’urbanisation, du numérique aux énergies nouvelles”.
à Pékin, le 26 novembre 2013 (Photo : Ed Jones) |
“Bien sûr, nous devons veiller à nos intérêts, préserver notre souvraineté et il peut y avoir des cas où, pour des raisons stratégiques, nous pouvons hésiter”, a cependant reconnu le ministre.
Interrogé sur le cas du constructeur automobile PSA Peugeot Citroën, au capital duquel pourrait rentrer le chinois Dongfeng, M. Moscovici a seulement précisé que “l’Etat suivait les choses de près” sans faire de plus ample commentaire.
Il avait reconnu dans une conférence de presse plus tôt mardi “en avoir parlé, et de façon approfondie”, lors de sa rencontre avec des dirigeants chinois, dont le vice-Premier ministre Ma Kai.
Cette rencontre, première séance d’un “dialogue économique de haut niveau franco-chinois” initié en avril à l’occasion d’une visite en Chine, a également débouché sur la signature d’une convention de coopération fiscale entre les deux pays, destinée elle aussi à doper “les investissements croisés”.