France : le marché de l’immobilier neuf ne voit pas le bout du tunnel

f1d754b4952e576eb80be84239f599da46faa062.jpg
Un immeuble en construction (Photo : Damien Meyer)

[26/11/2013 16:41:50] Paris (AFP) L’horizon reste sombre pour le marché du logement neuf, avec une construction dont le repli s’est accentué d’août à octobre, tandis que les permis de construire continuaient à plonger, laissant augurer une fin d’année et un premier semestre 2014 difficiles.

Les mises en chantier de logements neufs en France ont diminué de 2,8% sur un an, pendant les trois mois allant d’août à octobre, à 76.624 unités, selon les statistiques du ministère du Logement publiées mardi.

En succédant à un repli de 0,6% entre juillet et septembre, ce recul plus accentué confirme que la légère embellie constatée entre juin et août (+2,1%) n’était que passagère.

D’août à octobre, le segment des logements en résidence (seniors, étudiants…) a toutefois vu ses mises en chantier bondir de 20,2% à 5.026 unités sur un an, alors que celles des logements ordinaires ont baissé de 4,1% à 71.598 unités.

Sur les douze mois écoulés entre novembre 2012 et octobre 2013, le nombre de logements neufs mis en chantier est toujours en net repli de 9% à 339.957 unités.

Plus inquiétant pour les mois à venir, le nombre des permis de construire accordés aux logements neufs, qui représentent les futures mises en chantier, a chuté de 23% d’août à octobre, à 101.989 unités, comparé à la même période un an plus tôt.

Le décrochage est plus fort pour les permis de construire accordés aux logements en résidence (-42,8% à 6.033 unités) que pour les logements ordinaires (-21,3% à 95.956 unités).

Et sur douze mois, la tendance est toujours à une nette baisse, avec un repli cumulé de 15,4% à 441.071 unités entre novembre 2012 et octobre 2013, comparé à la même période un an plus tôt.

L’envol des prix de 2005 à 2011

“Tant du côté des mises en ventes de logements que des mises en chantier, qui allaient un peu mieux depuis quelques mois mais repassent dans le rouge, tous les indicateurs convergent pour indiquer que la machine ralentit de plus en plus”, commente auprès de l’AFP François Payelle, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).

“Après avoir vendu 75.000 logements neufs l’an dernier, nous pourrions tomber à 70.000 cette année. Nous retournons sur les niveaux des années 1993-1994, qui étaient très mauvaises”, poursuit-il.

Pour les promoteurs, “les perspectives pour le quatrième trimestre et le premier semestre 2014 sont très mauvaises”, estime-t-il.

Comme l’ensemble des observateurs, le Crédit Foncier rappelle que la principale explication de ce ralentissement du rythme de construction réside dans la crise économique actuelle, “conjuguée à une incertitude sur l’évolution incertaine des prix à terme”, des facteurs qui “n’encouragent pas les Français à se projeter dans l’avenir”.

Or, en parallèle à cette dégradation de la conjoncture économique, les coûts de construction – qui se situaient déjà à des niveaux élevés, en raison de la cherté du foncier – se sont envolés, du fait d’une accumulation des normes de construction (performance énergétique, règlementation thermique, normes handicapés, normes sismiques…), rappelle le Crédit Foncier.

Ainsi les prix de revient (coût du foncier, coût de la construction et coût des honoraires) ont-ils augmenté de “plus de 28% en Ile de France entre 2005 et 2011, et de 55% en dehors de cette région”, selon la même source.

“De ce fait, les prix de l’immobilier neuf ressortent à de tels niveaux que les promoteurs sont plus prudents à construire des programmes, par crainte de ne pouvoir les commercialiser”, conclut le Crédit Foncier.