OMC : mauvais auspices pour la Conférence de Bali

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à Genève, le 26 novembre 2013 (Photo : Fabrice Coffrini)

[26/11/2013 17:29:35] Genève (AFP) La Conférence ministérielle de l’OMC, qui se tiendra du 3 au 6 décembre à Bali, va commencer sous de mauvais auspices, car aucun pré-accord n’a pu être conclu avant cette échéance considérée comme essentielle pour le commerce mondial.

Ces accords, désormais compromis, auraient dû permettre à l’OMC de restaurer sa crédibilité, sérieusement ébranlée après l’absence de progrès dans les négociations du cycle de Doha, lancé au Qatar en 2001, et au point mort depuis de nombreuses années.

“Nous n’allons pas à Bali avec un ensemble d’accords finalisés qui aurait permis aux ministres d’annoncer au monde un ensemble d’accords multilatéraux, le premier depuis la création de l’OMC”, en 1995, a déclaré Roberto Azevedo, directeur général de l’Organisation, à l’issue de semaines de négociations marathon à Genève.

“Le processus de Genève est terminé, nous sommes allés aussi loin que possible”, et c’est à présent aux ministres “de décider quel sera l’avenir de tous les problèmes mis sur la table aujourd’hui, et aussi quel sera l’avenir de l’OMC”, a ajouté le directeur général.

Concrètement, les ministres vont recevoir les 10 textes sur lesquels ont planché les ambassadeurs des pays-membres à Genève, assortis des traditionnelles parenthèses autour des dispositions encore sujettes à discussion.

Le nombre de ces parenthèses est passé de 207 à 65, ces derniers jours, a-t-on indiqué de source proche de l’OMC.

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à Genève, le 26 novembre 2013 (Photo : Fabrice Coffrini)

Ces 10 textes concernent les 3 sujets sur lesquels l’OMC s’était penchée en vue de Bali, soit la facilitation des échanges, l’agriculture et le développement.

Selon M. Azevedo, les ambassadeurs étaient arrivés tout près du but.

Les travaux avaient bien avancé, mais ces derniers jours, il y a eu blocage alors que les négociations étaient sur le point d’aboutir.

“Si près du but”

Suite à cette annonce, l’Union européenne a assuré qu’un accord global “reste toujours possible à la Conférence de Bali”. Selon Karel de Gucht, commissaire européen en charge du commerce, il suffit que tous les États-membres fassent preuve de “volonté politique”.

“Alors que nous sommes si près du but, il ne faudrait pas laisser tomber”, a-t-il dit.

Les Etats-Unis, par la voix de leur ambassadeur auprès de l’OMC Michael Punke, se sont déclarés “très tristes” de la situation. “Aujourd’hui nous sommes inquiets, comme beaucoup d’autres (au Conseil général de l’OMC), parce qu’une occasion comme il n’en arrive qu’une fois par génération, nous a échappé des mains”, a-t-il ajouté.

Il a aussi relevé les difficultés d’obtenir un accord à l’OMC, un organisme comptant 159 États-membres fonctionnant selon la règle du consensus, et qui peut théoriquement être bloqué par une poignée d’entre eux.

De son côté, l’ambassadeur du Maroc, M. Omar Hilal, qui préside le groupe Afrique de l’OMC, a déclaré aux journalistes “qu’on ne va pas clore la conférence de Bali, avant même de l’avoir commencé”, et “qu’on va négocier jusqu’au 6 décembre”.

Sur les trois questions en discussion pour Bali, celle des facilitations des échanges semblait la plus prometteuse.

“C’est le dossier le plus prometteur, avec le plus grand impact”, a ainsi déclaré à la presse lundi Arancha Gonzalez, directrice générale du Centre du commerce international à Genève, un organisme qui s’occupe des PME et qui dépend à la fois de l’OMC et de l’ONU.

Selon des chiffres de l’OCDE, un accord pour simplifier les procédures douanières pourrait diminuer de 10% les coûts des échanges commerciaux, ce qui représente un montant estimé à 400 milliards USD.

Le B20, une coalition internationale des organisations patronales basée à Paris, a demandé instamment mardi un accord sur la facilitation des échanges à Bali. Un tel accord aboutirait à des gains de 1.000 milliards de dollars en termes de croissance et à 20,6 millions d’emplois, selon le B20. Les exportations des pays en développement pourraient augmenter de 570 milliards de dollars et celles des pays développés de 475 milliards USD, selon une étude de l’institut Peterson citée par l’organisation patronale.

Selon le B20, un accord sur la facilitation des échanges est “un instrument idéal pour soutenir la croissance de manière équilibrée pour tous les membres de l’OMC”.

Interrogé sur l’avenir de l’OMC alors que des accords commerciaux bilatéraux se multiplient au détriment du multilatéralisme, M. Azevedo a répondu que de tels accords avaient vocation à exister, car ils étaient plus ciblés que les accords multilatéraux.

“Ce que je crains en revanche, a-t-il dit, c’est que les pays ne s?intéressent plus à des négociations menées au sein de l’OMC, les considérant comme un combat perdu d’avance”.