Le Conseil d’Administration de la BCT considère que “l’actualisation du taux de croissance attendu pour l’année 2013, de 3,6%, à 3%, demeure quelque peu optimiste, car sa réalisation requiert une croissance d’au moins 3,7%, au cours du quatrième trimestre de cette année”.
Selon un communiqué publié jeudi, par l’institut d’émission, le conseil réuni le 27 novembre souligne “la faiblesse du rythme de la croissance suscitée par l’atonie de l’investissement, que reflètent le repli des importations des biens d’équipement et la décélération du rythme des crédits à moyen et long termes, au cours des dix premiers mois de 2013”, tout en relevant “une augmentation des IDE de 13% au cours de la même période”.
Il exprime “sa préoccupation concernant les données relatives à l’emploi qui font état d’une poursuite de la hausse du taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur de 1,9 point de pourcentage au cours du troisième trimestre de 2013, pour s’établir à 33,5% ou 248.000 personnes, et ce malgré un léger repli du taux de chômage global, par rapport au trimestre précédent, revenant à 15,7%”.
Le Conseil a passe en revue les derniers indicateurs de la croissance économique durant le troisième trimestre de 2013 au cours duquel le PIB s’est accru, selon les données de l’INS, de 2,4% aux prix constants et en glissement annuel, contre 3,2% aussi bien pour le trimestre précédent que pour la même période de 2012, ce qui a porté le taux de croissance à 2,8%, pour les neuf premiers mois de l’année en cours. Ce ralentissement du rythme de la croissance s’explique par la contraction enregistrée au niveau du secteur agricole (-3,3%) et celui des industries non manufacturières (-0,4%), surtout le secteur des mines, outre la quasi-stagnation des industries manufacturières (+0,2%).
Cette décélération a été relativement atténuée grâce à l’évolution positive enregistrée dans le secteur des services marchands, notamment les transports et les télécommunications, mais aussi dans les activités non marchandes liées aux services administratifs.
Accélération du rythme de l’inflation…
Sur un autre plan, le Conseil note que la stabilité de l’évolution de l’indice des prix à la consommation, pour le deuxième mois consécutif, au niveau de 5,8%, en glissement annuel au mois d’octobre 2013, ne devrait pas occulter l’accélération du rythme de l’inflation de base (hors prix des produits encadrés et des produits frais) qui a atteint 6,9%, au même mois contre 6,8% en septembre dernier.
En outre, la poursuite de l’aggravation du déficit courant (6,5% du PIB pour les dix premiers mois de 2013, contre 6,9% une année auparavant), sous l’effet du déficit des échanges commerciaux malgré l’amélioration du rythme des exportations et le ralentissement des importations, a amplifié les besoins de financement extérieur et le recours davantage à des ponctions sur les réserves en devises. Celles-ci se sont établies à 11,7 milliards de dinars ou l’équivalent de 107 jours d’importation, en date du 25 novembre 2013, contre 9,5 milliards de dinars et 91 jours, à la même date de 2012.
En ce qui concerne l’évolution des indicateurs monétaires, le Conseil constate la poursuite de l’amélioration de la liquidité, enregistrée depuis le début du mois de septembre dernier, ce qui a engendré un certain repli du volume des interventions de la Banque centrale au titre des opérations de politique monétaire, qui a varié entre 4,4 milliards de dinars en moyenne au mois d’octobre et 4,1 milliards de dinars au 27 novembre. Le taux d’intérêt moyen sur le marché monétaire a oscillé, au cours de cette période, entre 4,66% et 4,75%.
Poursuite de la décélération des concours à l’économie
Lors de l’examen des indicateurs relevant de l’activité du secteur bancaire au cours des dix premiers mois de l’année en cours, le Conseil a noté que l’encours des dépôts a retrouvé son rythme d’évolution enregistré au cours de la même période de l’année 2012 (5,2%) contre une poursuite de la décélération des concours à l’économie, par rapport à la même période de 2012 (5,8% contre 7,8%).
Compte tenu de ces évolutions, le Conseil a de nouveau insisté sur la gravité des tensions persistantes sur les équilibres financiers internes et externes et ses retombées négatives sur les perspectives de la croissance et de l’emploi pour les années futures, ce qui rend impérative, une prise de conscience accrue de tous, de la nécessité d’instaurer la stabilité politique et sécuritaire et d’entreprendre les mesures urgentes permettant la maîtrise de l’évolution des déficits du secteur extérieur et des finances publiques et le dérapage de l’inflation.
Il recommande, également, l’accélération de la mise en place des réformes structurelles relatives aux systèmes financier et fiscal, à la politique des subventions et des investissements publics, dans le cadre d’un plan de développement à moyen terme, permettant une meilleure visibilité aussi bien pour les agents économiques que pour les partenaires étrangers. Le conseil a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale.
Il a, aussi, examiné les évolutions récentes de l’environnement économique international, notamment les prévisions actualisées de l’OCDE relatives à la croissance économique mondiale pour les années 2013 et 2014. Celles-ci ont été révisées à la baisse à 2,7% et 3,6%, respectivement, en relation surtout avec le ralentissement sensible de la croissance dans les principales économies émergentes, ce qui devrait affecter négativement le rythme d’activité dans les pays avancés.
Aussi, les principales banques centrales ont-elles maintenu leurs politiques monétaires accommodantes, visant le soutien de l’activité économique, ce qui a marqué positivement, l’évolution des indices des principales bourses mondiales.