ère à Lisbonne propose en chinois des biens immobiliers à la vente le 26 novembre 2013 (Photo : Pedro Nunes) |
[28/11/2013 16:29:46] Lisbonne (AFP) Ils sont exigeants, aiment le luxe et naviguent sur Google Earth pour décrocher la maison de leurs rêves: en échange d’un permis de séjour qui leur ouvre les portes de l’Europe, de plus en plus de Chinois aisés acquièrent des biens immobiliers au Portugal.
Pays sous perfusion financière en mal d’investissement, le Portugal accorde un visa “gold” aux candidats à l’exil prêts à débourser au moins 500.000 euros pour l’achat d’une maison ou appartement. La durée minimum de l’investissement est de cinq ans.
Les autorités portugaises ont accordé pour l’heure 356 permis de séjour représentant un investissement de 222 millions d’euros, selon un bilan du ministère des Affaires étrangères communiqué à l’AFP. Les Chinois sont de loin les premiers investisseurs, suivis des Brésiliens, Russes et Angolais.
Et plus de 300 autres visas sont encore à l’étude, ce qui pourrait porter cette manne financière à 600 millions d’euros, estime Luis Lima, président de l’Association des professionnels du secteur immobilier au Portugal. Selon lui, “les demandes sont pratiquement toutes acceptées”.
Si le décret sur les visa “gold” est en vigueur depuis octobre 2012, ce n’est que depuis quelques mois que la mesure a commencé à porter ses fruits. Le rythme s’accélère, “et pendant la semaine écoulée, plus de 15 millions d’euros sont entrés au pays”, fait-on valoir au gouvernement.
Yansi Xu, 34 ans, a été spécialement engagé par l’agence immobilière Casa em Portugal à Lisbonne pour accueillir les clients chinois. “Ils sont presque tous des hommes d’affaires. Je leur ai vendu sept maisons en deux mois”, dit-il avec un large sourire, en tapant frénétiquement sur son ordinateur portable.
Un de ces hommes d’affaires, 35 ans, vient de s’installer avec femme et enfant dans un appartement moderne avec vue sur le mythique stade de la Luz du club de football de Benfica. Principal motif: envoyer son enfant dans une école anglophone à Lisbonne, car “le système d’éducation en Chine est trop exigeant”.
Autre avantage: “pour 500.000 euros, les clients peuvent acquérir un quatre pièces de 130 m2 à Benfica, mais à Pékin ou Shanghai, c’est le prix d’un deux pièces de 60 m2”, assure Yansi Xu.
Villas à Cascais
La plupart des acheteurs chinois ne comptent cependant pas vivre au Portugal, mais profiter du visa pour voyager librement et faire des affaires dans l’espace Schengen. Pour décrocher le précieux sésame, il suffit de résider au Portugal seulement sept jours pendant l’année.
“En règle générale, les Chinois sont à la recherche de maisons neuves ou rénovées qu’ils peuvent louer avec un rendement élevé”, explique à l’AFP l’avocate Raquel Cuba Martins du cabinet SRS Advogados qui facilite les démarches administratives.
Parmi les options pour pouvoir accéder au visa “gold” figure aussi la possibilité d’investir au moins un milliard d’euros au Portugal ou de créer dix emplois. Mais “c’est l’achat de biens immobiliers qui est privilégié par 80% des candidats”, ajoute l’avocate.
Des villas avec piscine à Cascais, station balnéaire huppée près de Lisbonne, des bureaux sur l’avenida da Liberdade, les Champs-Elysées de la capitale, et des maisons en Algarve sont particulièrement prisés par les acheteurs chinois qui n’hésitent pas à négocier âprement les prix, selon les professionnels.
Ils ont aussi jeté leur dévolu sur les immeubles ultramodernes du Parque das Naçoes, l’ancien site de l’exposition universelle organisée à Lisbonne en 1998. “Les visa gold représentent désormais 20% de notre chiffre d’affaires”, témoigne Valdemir Lopes, directeur commercial de l’agence immobilière ERA Expo.
De quoi donner un coup de fouet à un marché immobilier particulièrement malmené par la crise, avec des prix en baisse de 30% qui commencent à se stabiliser, voire à remonter doucement la pente comme c’est le cas à Lisbonne et en Algarve.