Des transporteurs prêts à bloquer les routes samedi contre l’écotaxe

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autoroute A10, le 25 novembre 2013 (Photo : Jean-Pierre Muller)

[29/11/2013 19:02:33] Paris (AFP) Des routiers prévoient de mobiliser de nouveau 4.000 camions pour bloquer les routes françaises samedi à l’appel de la fédération OTRE, qui réclame l’abandon pur et simple de l’écotaxe, dont le calendrier de mise en place reste flou.

L’Organisation des transports routiers européens (OTRE), organisation patronale qui revendique 3.000 adhérents, a prévu 26 barrages filtrants un peu partout dans l’Hexagone, dont trois en Ile-de-France et un en Bretagne, où s’est cristallisée l’opposition à l’écotaxe. “On devrait mobiliser 4.000 camions”, a assuré son secrétaire général Gilles Mathelié-Guinlet à l’AFP.

“Les véhicules légers pourront passer, mais les poids lourds, notamment ceux en transit international, seront bloqués” samedi, a fait savoir M. Mathelié-Guinlet. “C’est la réponse que nous apportons au fait que le gouvernement se cache derrière la mise en place d’une mission parlementaire pour ne rien dire sur l’écotaxe”, justifie-t-il.

En région parisienne, la Préfecture de Police a dit vendredi soir s’attendre à “de fortes perturbations tant sur les axes autoroutiers que sur le réseau secondaire. Les secteurs nord, est et sud d’Ile-de-France seront fortement impactés, et les autoroutes A1, A4 et A6 très ralenties en journée”.

“Les perturbations devraient durer jusqu’à 18 heures”, indique la préfecture qui “conseille vivement aux automobilistes de différer leurs déplacements et de privilégier les transports en commun, et notamment pour les poids lourds, de contourner les trois autoroutes impactées, à savoir les A1, A4 et A6”.

L’Assemblée nationale a créé le 12 novembre une mission d’information sur l’écotaxe, tandis que les sénateurs socialistes ont fait savoir qu’ils allaient demander la création d’une commission d’enquête sur la société italienne Ecomouv’, chargée de la collecte de cette taxe décidée en 2009 par la précédente majorité.

Plusieurs milliers de camions, 2.100 selon le ministère de l’Intérieur, 4.000 selon la fédération, avaient déjà défilé il y a quinze jours à l’appel de l’OTRE, créant des ralentissements autour des grandes villes. Les cortèges s’étaient rassemblés autour de portiques écotaxe.

Pour l’OTRE, le gouvernement doit purement et simplement renoncer au dispositif.

Les autres organisations pas défavorables à l’écotaxe

Le calendrier de la mise en place de l’écotaxe “n’est pas arrêté”, a indiqué Matignon vendredi, après que le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a indiqué que la taxe ne pourrait être mise en place avant 2015.

Le ministre de l?Écologie Philippe Martin avait, lui, évoqué une suspension de l’écotaxe dans l’attente de la remise à plat de la fiscalité, au moment de l’annonce de cette vaste réforme par le Premier ministre.

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écotaxe incendiée près de Lamotte-Warfusee, dans le nord de la France, le 20 novembre 2013 (Photo : Philippe Huguen)

La taxe, applicable sur les camions de plus de 3,5 tonnes circulant sur 15.000 km du réseau routier hors autoroutes, devait avant sa suspension cet automne entrer en vigueur début 2014 après plusieurs reports.

Les autres fédérations du secteur, en revanche, n’appellent pas leurs adhérents à manifester. Toutefois, affirme l’OTRE, des adhérents ou des unions régionales d’autres organisations participeront au mouvement.

La Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR), l’Union des Entreprises de transport et de logistique (TLF), l’Union nationale des organisations syndicales des transporteurs routiers automobiles (Unostra) et la Chambre syndicale du déménagement (CSD) acceptent le principe de l’écotaxe tant qu’elle est compensée par une majoration forfaitaire de leurs prix. Votée par l’Assemblée nationale, cette disposition doit leur permettre de répercuter l’écotaxe sur leurs clients.

“Samedi ce n’est pas le combat de la profession mais le combat d’une organisation”, a dénoncé dans un communiqué l’UNOSTRA Aquitaine.

Pour Nicolas Paulissen, délégué général de la FNTR, il est plus urgent de mener à bien les négociations entamées avec le ministère des Transports pour moderniser la filière.

Abandonner l’écotaxe serait lourd de conséquences pour l’État. En vertu du contrat signé avec Ecomouv’ dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP), il devra payer près d’un milliard d’euros à l’entreprise en remboursement des investissements réalisés.

Le report ne sera pas neutre financièrement non plus. L’État doit payer à la société un loyer mensuel de 18 millions d’euros à partir du moment où le système de collecte est homologué, même si la taxe n’est pas appliquée. La décision concernant cette homologation technique est attendue début décembre. Ecomouv’ en revanche, qui devait livrer le dispositif en juillet dernier, doit verser à l?État huit millions d’euros mensuels d’indemnités de retard.