ès de Lille le 6 décembre 2012 (Photo : Philippe Huguen) |
[30/11/2013 11:36:31] Paris (AFP) Pour s’imposer dans le paiement sur mobile, les banques multiplient les offres sur ce marché encore émergent mais stratégique, où géants du web, distributeurs et plateformes spécialisées se livrent une concurrence féroce.
S’il ne représente que 2% des transactions dans le monde (3% en France), le paiement mobile devrait croître de 35% en volume et en valeur d’ici 2017, selon une étude du cabinet Gartner. Une progression portée par l’augmentation des achats via smartphone et par des appareils de plus en plus performants.
Premier outil pour capter cet essor, le portefeuille électronique, qui permet de régler ses achats sans avoir à renseigner systématiquement ses numéros de carte de paiement tout en garantissant un haut niveau de sécurité.
Si l’américain Paypal propose ce service depuis près de 15 ans, le monde bancaire y est venu beaucoup plus récemment. Après Crédit Agricole qui a lancé Kwixo en 2011, BNP Paribas, Société Générale et la Banque postale ont mis au point une solution commune Paylib, il y a 2 mois.
Cette semaine, le groupe BPCE (Banque Populaire et Caisse d’Epargne) et LCL (filiale de Crédit Agricole) ont annoncé le lancement en France de V.me, le portefeuille électronique de Visa.
“On pense que V.me est l’offre la plus adaptée à notre marché. C’est un produit qu’on a dans une certaine mesure co-construit avec Visa, qui est un partenaire historique et de référence du groupe”, explique Nicolas Chatillon, directeur du développement banque commerciale chez BPCE.
“On construit le moteur et ce sont les banques qui fournissent la voiture”, indique Laurent Bailly, porteur du projet pour Visa Europe, ajoutant que deux autres banques françaises allaient s’y associer en 2014.
L’autre géant des cartes bancaires, Mastercard, veut lancer en France son portefeuille électronique Masterpass d’ici fin 2013, en partenariat avec une banque ou un distributeur.
Côté distributeurs, les initiatives en France restent timides mais le sujet est très regardé: le portefeuille électronique permet d’intégrer les cartes de fidélité et de proposer des réductions ciblées. C’est ce que fait Auchan avec Flash’N Pay.
Aux Etats-Unis, les principaux acteurs de la grande distribution, emmenés par Wal-Mart, ont créé la coentreprise MCX pour développer leur solution.
ès de Lille, le 6 décembre 2012 (Photo : Philippe Huguen) |
“L’ouverture du marché des moyens de paiement constitue pour les grands de la distribution alimentaire une opportunité de reprendre la main et imposer leur propre solution de paiement pour améliorer leur connaissance client et leur taux de transformation”, souligne le cabinet Xerfi dans une étude sur le marché des paiements.
Une possibilité que ne boudent pas les banques. BNP va tester en Belgique un portefeuille électronique amélioré avec l’ambition de créer le “shopping 3.0”.
L’épine dorsale de la relation bancaire
Mais l’enjeu pour les banques reste de garder la maîtrise des moyens de paiement, “l’épine dorsale de la relation bancaire”, explique Philippe Marquetty, directeur produits et paiements chez Société Générale.
Et d’éviter que des acteurs extérieurs au secteur ne collectent des données bancaires.
Plusieurs géants du web, comme Amazon ou Google disposent déjà de leur propre système de paiement. Les opérateurs téléphoniques proposent en France Buyster depuis deux ans.
“Pour les banques, perdre l’accès direct aux données des consommateurs compliquerait sérieusement la compréhension et l’anticipation des besoins de leurs clients”, indique Pierre Pilorge, associé au cabinet EY (Ernst&Young), dans une étude sur les banques et le commerce en ligne.
Outre le portefeuille électronique, les banques explorent aussi d’autres possibilités offertes par les smartphones, comme l’acceptation des paiements cartes pour les petits commerçants ou les tranferts d’argent par SMS. Mais là aussi, la concurrence est rude, notamment de la part d’acteurs spécialisés.
“Sur l’ensemble de ces solutions, toutes ne survivront pas”, estime M. Marquetti, “L’intérêt pour les banques, c’est d’être au rendez-vous quand une solution s’imposera”.
Pour lui, les clés du succès tiennent dans la simplicité d’utilisation, le niveau de sécurité proposé et surtout la capacité à s’imposer assez largement.
“La France est un marché extrêmement fragmenté et compétitif. Il y a un risque que le consommateur s’y perde un petit peu”, admet Laurent Bailly de Visa, qui estime que les marques reconnues ayant la confiance des consommateurs feront la différence.