Intervenant après le billet de Moody’s, le communiqué du Conseil d’administration de la BCT abonde, à peu près, dans le même sens. Plus pointu que d’usage, le communiqué est truffé de non dits qui suggèrent les solutions d’urgence. Les deux documents devraient servir de test d’admissibilité aux candidats pour le poste de chef de gouvernement.
Le communiqué du Conseil d’administration de la BCT va plus loin que de coutume. La note de Moody’s a pu, en toute vraisemblance, hâter cet accès d’affinement des observations. Des révélations, certes plus incisives et en filigrane les mesures d’intervention qui s’imposent qu’on souffle à demi mots.
La croissance se ramollit
On n’a pas fini de réviser le taux de croissance à la baisse. Fera, ne fera pas 3%? Pour l’instant, le compteur de la BCT indique 2,8% pour les neuf premiers mois. Ce résultat est sans mystère. L’investissement local décélère, ce qu’on savait. La BCT corrobore le fait par la baisse des crédits à long et moyen termes corrélée à la baisse des importations de biens d’équipement. Implicitement, la BCT indique que la croissance pour l’année qui s’annonce serait, elle aussi, en berne. Gare !
L’emploi subit le contrecoup du ralentissement économique
Le marché de l’emploi connaît des situations diverses. Le taux national a baissé de 16,9% à 15,7%, mais le taux de chômage chez les jeunes diplômés est plus qu’au double de la moyenne du pays à 33,5%. Nous demeurons dans le même schéma de développement, c’est-à-dire employant de la main-d’œuvre peu qualifiée et impuissant à embaucher les diplômés du supérieur. Là encore, ça va grincer, prévient le rapport.
Le taux d’intérêt de l’épargne est négatif
Le taux d’inflation se stabilise pour el deuxième mois consécutif à 5,8%. On ne va pas verser dans la controverse, mais l’inflation est encore plus présente que ne veut bien l’indiquer le taux. Par conséquent, le taux de rémunération nominal de l’épargne est de: TMM – 2 = 2,75%. Le taux réel est de: 5,8 – 2,75 = -3,05%. Une épargne de 100 dinars placée au 1er janvier de cette année vaut un peu moins que 97 dinars.
L’épargne pourrait se réallouer vers la thésaurisation. L’épargne nationale représente 16% du PIB pour une proportion d’investissement de 21%. L’écart pourrait se creuser et plomber par la même la croissance pour l’année qui vient.
Faute de contrepartie en devises, comment protéger le dinar?
Le mix décrit par le communiqué ne fait pas état de des appréciations de Moody’s. Cependant, il verse dans la même direction. Le tableau synthétique fait ressortir une situation où les flux de devises dégageront un gap débiteur. A mots, à peine voilés, le communiqué prévient de l’impuissance de la BCT à contenir la dépréciation du dinar parce qu’une simple projection dynamique des tendances actuelles laisse présager que notre monnaie va encore dévisser. On devine la suite..