Cette structure a cultivé un “capital gouvernance“ qui devrait faire école. Le CJD –pour Centre des jeunes dirigeants d’entreprise-, un think tank qui se sert des meilleures pratiques et fonctionne à l’engagement citoyen. L’esprit CJD est un grand acquis!
Nous étions nombreux à couvrir le Vème congrès du CJD, le 14 novembre dernier. Nous étions tous éblouis par l’ambiance de cette manifestation qui s’est déroulée avec un certain panache. Des personnalités étrangères. Des têtes d’affiche locales. Des JD en incandescence intellectuelle. Une organisation bien huilée selon le cérémonial habituel. Mais j’ai le sentiment que nous sommes passés à côté de l’essentiel.
Comme d’habitude, le congrès démarre avec une matinée débat. Le thème de l’économie sociale de marché a été choisi dans le dessein de souffler une voie au nouveau modèle économique national, encore introuvable.
Le congrès est régulièrement assorti d’une assemblée élective. Wafa Sayadi a passé la main à Khaled Zribi, avec fair play, comme c’est d’usage.
La manifestation se prolonge par une cérémonie de sélection du prix du manager méritant. Hassen Jaiet a été l’heureux élu de la corporate awards pour cette édition. Le promoteur des espaces ‘’Culturel’’ est en quelque sorte le André Esserl national, celui-là même qui, en créant la FNAC, aimait à dire qu’il est “agitateur d’idées“. Le choix est top. Cette session a été couverte d’un éclat particulier. La présidente, en passant la main à son successeur, n’a pas rendu le tablier pour autant puisqu’elle prend la tête du CJD monde.
Tous ces éléments relationnels et festifs ont éclipsé un aspect fondamental, à savoir “la culture maison“ perpétuée par des bureaux qui se succèdent et qui cultivent un esprit démocratique et un engagement patriotique remarquables.
Un mandat, deux petites années et puis s’en vont
Il y a une règle d’or au CJD et qui est intériorisée par tous. Un mandat, c’est deux ans et c’est tout. Les JD se sont donné une charte et ils l’ont respectée. Elle commande qu’on ne siège qu’une fois. Tout le monde s’y tient. Personne n’y déroge. Et ils se relaient la consigne, entre eux, comme un credo. Cela peut paraître banal. Mais du temps de ZABA, l’air de rien, ça s’apparentait à de la provoc’ et ils ne se gênaient pas de le répéter haut et fort. Un mandat sec, un aller simple, pas de rebelote. L’ennui c’est qu’ils étaient seuls à donner de la voix. Dieu, que ça sonnait fort. Nous le reprenions timidement et les échos se faisaient entendre.
En plus de cette conviction démocratique qu’ils portaient en eux, chevillée au corps, leur engagement citoyen leur tenait à cœur. Ils se sont battus. Ils ont à leur actif des réalisations respectables. Je citerais de mémoire le cadre réglementaire pour la transmission d’entreprises. Et ils ont fait bouger les lignes administratives. Et quelle “grinta“ managériale! Jugez-en un président avant de se faire adouber par ses pairs défend le projet de son mandat. L’épreuve du grand jury est indispensable et c’est elle qui révèle et l’étoffe du candidat et la consistance de son programme.
Et puis, un président ne travaille jamais seul. Il est assisté de commissions. Et, ces dernières sont autonomes. Et elles travaillent en toute liberté. Et elles choisissent toujours des sujets d’intérêt national. L’intérêt est qu’elles font des propositions audacieuses. L’étude sur le tourisme fait encore date. Celle sur les incidents de paiement est tout aussi intense.
Le courage de leurs idées
Chez les JD, la dimension citoyenne est une et indivisible. Et les JD ne font pas dans la demi-mesure. A un groupe de ministres qui se dérobait à une idée de réforme, un ex-président se lève et demande : «dites-nous qui décide pour vous et on ira l’affronter». Un autre ex qui dit «nous devons être présents et faire toujours pression si l’on veut faire avancer la cause de l’entreprise». Il appuyait son propos par une citation d’Albert Einstein: «Le monde ne sera pas détruit par les auteurs du mal mais par ceux qui regardent et laissent faire».
Pour leur dixième anniversaire, les JD ont choisi le slogan de l’effervescence. On voit qu’ils tiennent la route. Au vu de leur parcours, on vibre pour l’esprit JD et pour sa veine démocratique.
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