La Fondation Anna Lindh : partager des expériences et des valeurs pour trouver des solutions communes aux défis

Par : Autres

anna-lindh-foundation-2013.jpgDepuis 2005, la Fondation Anna Lindh lance et soutient des initiatives conjointes impliquant des milliers de dirigeants de la société civile des deux rives de la Méditerranée. «En pratique, nous cherchons à rapprocher les personnes et à les encourager à partager expériences et valeurs pour leur permettre de trouver des solutions communes aux défis similaires auxquels leurs sociétés respectives sont confrontées», explique Paul Walton, responsable de la communication à la Fondation Anna Lindh dans un entretien accordé au Centre d’information pour le voisinage européen en vue du prochain Forum méditerranéen, qui se déroulera à Marseille du 4 au 7 avril 2014.

La dénomination complète de la Fondation Anna Lindh (FAL) inclut une mission d’encouragement du «dialogue entre les cultures». Qu’est-ce que cela implique en pratique?

Paul Walton : Les fondateurs de la FAL ont défini le dialogue interculturel d’une façon bien à eux. Non pas comme une réunion abstraite des «cultures» mais plutôt comme un processus de changement social parmi des êtres humains de différentes origines, conditions et convictions. En pratique, nous cherchons à rapprocher les personnes et à les encourager à partager expériences et valeurs pour leur permettre de trouver des solutions communes aux défis similaires auxquels leurs sociétés respectives sont confrontées.

Depuis 2005, la FAL lance et soutient des initiatives conjointes impliquant des milliers de dirigeants de la société civile des deux rives de la Méditerranée. Nous nous sommes concentrés sur les domaines où se façonnent les perceptions mutuelles. Dans cet esprit, nous formons des éducateurs à inculquer aux jeunes les compétences nécessaires à la citoyenneté interculturelle, nous rapprochons des dirigeants culturels autour de créations artistiques communes et nous encourageons les médias à s’engager sur la voie du journalisme interculturel. De plus, le réseau d’organisations de la société civile mis en place par la FAL, qui compte des membres très diversifiés dans 42 pays, est devenu une importante plate-forme régionale propice à l’établissement de partenariats.

Votre axe de travail a-t-il changé après le Printemps arabe? Si oui, de quelle façon?

De par la nature particulière de la FAL –une initiative intergouvernementale enracinée dans les sociétés civiles de la région–, nous étions bien placés pour nous adapter aux mutations sociales apparaissant dans la région arabe. Le premier rapport Anna Lindh sur les tendances interculturelles, publié trois mois avant le déclenchement de ces révolutions historiques, exposait déjà les convergences de valeurs et d’aspirations parmi les peuples de la région, ainsi que le désir des citoyens de prendre part à la gouvernance de leurs pays.

Nous avons axé notre réponse sur les questions sous-jacentes à l’Éveil du monde arabe, en particulier en développant des compétences pour une citoyenneté active et en permettant aux jeunes de faire entendre leur voix.

Deux programmes majeurs ont été lancés à cet égard : «Young Arab Voices», une initiative conjointe avec le British Council grâce à laquelle, depuis 2011, 80.000 jeunes de la région ont pu participer à des débats et au processus de transition démocratique; et «Citoyens pour le dialogue», un nouveau programme parrainé par l’UE qui favorise l’acquisition de compétences pour le plaidoyer, le travail en réseau et l’apprentissage de la citoyenneté.

Quels ont été les résultats du premier Forum Anna Lindh, qui s’est déroulé à Barcelone en 2010?

Le Forum de Barcelone a été particulièrement fructueux du point de vue de la constitution de partenariats car il a été l’occasion de rassembler, pour la toute première fois depuis la création de la FAL, la totalité de nos réseaux nationaux de la société civile. L’analyse de nos activités de suivi –en particulier l’appel à propositions de projets de la FAL– témoigne de l’impact du Forum en matière de développement de nouvelles initiatives transméditerranéennes.

En même temps, le Forum a eu un impact important sur l’élaboration des programmes de la Fondation. Il a en effet placé en tête de l’agenda du dialogue interculturel les défis communs que les sociétés euro-méditerranéennes se doivent de relever : démocratie inclusive, diversité culturelle, chômage des jeunes, droits de l’homme et développement durable.

Quels résultats attendez-vous du Forum 2014 à Marseille ?

Des préparatifs de grande envergure sont en cours en vue du Forum de Marseille. Au cours des neuf derniers mois, nous avons rassemblé des centaines de groupes de la société civile dans le cadre d’une série de réunions régionales sur les thèmes «Jeunes», «Femmes», «Médias» et «Migration», construisant ainsi le programme du Forum à partir de zéro. En partenariat avec les principales institutions euro-méditerranéennes, nous avons également facilité, en parallèle avec le Forum, une réunion régionale des autorités locales et le premier sommet des présidents de parlements nationaux de l’Union pour la Méditerranée.

Ce synchronisme offre une occasion unique : contribuer à relancer le dialogue dans la région méditerranéenne par la mobilisation de ses citoyens. Nous savons qu’une évolution majeure s’impose pour la coopération euro-méditerranéenne, une évolution qui promeut le dialogue et l’engagement civil sur la base des valeurs démocratiques partagées. Le Forum de Marseille pourra produire un impact considérable sur cette évolution.

Quels sont les principaux défis à relever par la FAL?

Les défis à relever par la FAL sont directement liés aux tendances, tensions et transitions qui sont actuellement vécues dans la région. Notre expérience de terrain acquise au contact de la société civile nous montre que toute la région méditerranéenne vit dans l’attente et l’incertitude. Ce sentiment s’explique par l’impact de la crise économique au nord et les changements politiques au sud.

Dans ce contexte, nous devons trouver des moyens efficaces et créatifs de maximiser les ressources afin d’aider à répondre aux besoins nouveaux et émergents des citoyens. Il est par exemple possible de créer des partenariats stratégiques –comme dans le cas des «Young Arab Voices»– ou de combiner des ressources, des réseaux et des méthodologies au bénéfice des acteurs locaux. De plus, nous devons continuer à soutenir les dirigeants politiques désireux d’exploiter les possibilités de mettre en place un projet euro-méditerranéen commun fondé sur les valeurs partagées et la mobilisation de la société civile, des citoyens pour la Méditerranée.

Citations :

«Nous cherchons à rapprocher les personnes et à les encourager à partager expériences et valeurs pour leur permettre de trouver des solutions communes aux défis similaires auxquels leurs sociétés respectives sont confrontées».

«Nous savons qu’une évolution majeure s’impose pour la coopération euro-méditerranéenne, une évolution qui promeut le dialogue et l’engagement civil sur la base des valeurs démocratiques partagées».

« Nous devons trouver des moyens efficaces et créatifs de maximiser les ressources afin d’aider à répondre aux besoins nouveaux et émergents des citoyens».