Les Journées de l’entreprise, rendez-vous annuel de l’IACE (Institut arabe des chefs d’entreprise), débattront, cette année, des nouvelles approches du financement de l’entreprise. En réalité, les organisateurs pensent souvent aux financements alternatifs, au financement bancaire. Souvent, ils n’insistent pas assez sur la nécessité d’innovation, en la matière. Les entraves d’accès au financement bancaire prennent le dessus, généralement.
Et, dans ce sillage, on néglige la carence en véhicules nouveaux. La palette de titres de capital et de dette est trop réduite: l’action, le certificat d’investissement et l’obligation. Cela restreint le champ des financements innovants.
Il faudra à cette 28ème édition des Journées de l’entreprise donner aussi toute l’importance qu’il mérite au financement de la trésorerie. L’investissement conditionne l’expansion mais la trésorerie fait le dynamisme, donc la rentabilité de l’entreprise.
Le financement par la dette doit revenir à ses véritables dimensions
Point besoin de tout reprendre dans le détail, la situation peut être résumée en peu de mots. La PME domine le tissu économique, ses problèmes de financement sont prépondérants. La PME, c’est plus de 80% du tissu économique du pays. Elle emploie 65% de la main-d’œuvre et ne bénéficie que de 14% des crédits bancaires. On omet souvent de rappeler qu’elle représente près de 80% des impayés bancaires outre les impayés commerciaux chez les fournisseurs.
Sous-capitalisée, la PME n’avait d’autre choix que de se financer par le crédit bancaire. La sous-capitalisation fait que la part du crédit dans le financement est élevée. Le ratio d’endettement dans le meilleur des cas est de 30%. Cela place l’entreprise en situation de déséquilibre financier.
Au concret, cela veut dire que les intérêts dévorent toute la marge de l’entreprise.
Par ailleurs, le remboursement des annuités de crédit dégarnit sa trésorerie, aggravant ainsi sa dépendance du système bancaire quant au financement de son exploitation.
Outre cela, le moindre défaut fait que l’entreprise se trouve classée, donc pénalisée, pour les conditions et les taux.
Le cumul des agios ne fera qu’aggraver la situation, en menant vers la consolidation. Pire que tout, le banquier étant, par définition, risque adverse, on en arrive à monnayer du crédit contre des sûretés réelles. C’est-à-dire que le crédit peut dévier de sa cause. Il servirait à couvrir les engagements de la banque et non à augmenter le patrimoine de l’entreprise.
Le crédit bancaire, en somme, ne répond pas au mal. Et cela est dû en partie à sa mauvaise allocation. Il doit revenir à sa finalité d’origine, en l’occurrence, apporter un financement d’appoint et non se substituer au capital.
La trésorerie est capitale pour le financement de l’entreprise
Le bas du bilan n’a jamais été au cœur du débat. Et pourtant, il est d’importance primordiale. Le financement de l’exploitation est la réponse aux problèmes d’impasse de trésorerie qui étouffe la quasi totalité des PME. Le crédit à moyen terme à la production devrait être généralisé, étant donné que les entreprises ne disposent pas de fonds de roulement adéquat.
Par ailleurs, pourquoi on n’implémenterait pas la loi française Dailly qui autorise le système bancaire à escompter les simples factures des entreprises?
La liquidité pour la PME c’est la pierre d’achoppement de la rentabilité. C’est elle qui commande le résultat d’exploitation. Des solutions nouvelles doivent être trouvées. Le métier de banquier devrait se concentrer davantage sur le financement de la trésorerie que des immobilisations. Pour ces dernières, la réponse est à chercher du côté du venture capital.
Impliquer le capital-risque, promouvoir de nouveaux titres et restreindre les garanties
Le sujet de la diversification des modes de financement par l’endettement ne peut pas déboucher sur des solutions miracles. Si on doit approfondir l’exploration, il faut le faire conjointement avec les capital-risqueurs. Ces derniers ont besoin d’une multitude de titres pour financer les entreprises. Intervenir sur un projet en amorçage est différent en montant et en durée d’une intervention sur un projet en développement ou en difficulté.
L’Etat doit varier les titres en fonction des circonstances. Les pactes d’actionnaires sont là pour envisager tous les cas de sortie pour les investisseurs.
Par ailleurs, l’Etat devrait aussi faire l’effort de sauter le pas et s’aligner sur la législation anglo-saxonne. La finance anglo-saxonne est la plus évoluée du monde, pourquoi dès lors ne pas emprunter ses bonnes pratiques?
La garantie du banquier devrait se limiter au seul bien qu’il finance. Lors de la crise de subprimes, les défaillants se contentaient de remettre les clés au banquier et ils ne subissaient aucune autre poursuite. Cela aiderait nos banquiers à aiguiser leur culture du risque et à bien cibler leurs engagements.
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