à Seclin (Nord) (Photo : Philippe Huguen) |
[04/12/2013 11:59:03] Londres (AFP) Chamboulement chez Eurostar, vingt ans après son lancement : Londres a annoncé mercredi sa volonté de vendre sa part de 40% dans la compagnie ferroviaire transmanche à un moment clé de son histoire avec l’arrivée de la concurrence d’ici quelques années.
“C’est l’un des actifs qui, selon nous, pourrait être vendu d’ici 2020”, a indiqué sur la chaîne Sky News le vice-ministre britannique du Trésor, Danny Alexander.
A la recherche de capitaux pour investir dans les infrastructures en cette période de vaches maigres budgétaires, le gouvernement de coalition conservateurs-libéraux démocrates, qui a dévoilé mercredi son nouveau plan national d’infrastructures, a décidé de doubler son objectif de cession d’actifs publics à 20 milliards de livres d’ici 2020.
Un objectif dans lequel rentrerait la cession de la compagnie ferroviaire opérant le train à grande vitesse entre Londres, Paris et Bruxelles, aujourd’hui détenue à 55% par la SNCF, à 40% par le gouvernement britannique via la société publique London & Continental Railways et à 5% par la compagnie ferroviaire belge SNCB.
L’argent qui serait tiré de la cession “pourrait être réinvesti dans les infrastructures du pays”, a ajouté Danny Alexander. Mais “aucune décision n’a été prise”, a-t-il assuré, insistant sur le fait qu’une éventuelle cession n’interviendrait “pas nécessairement cette année ou l’année prochaine” mais d’ici 2020.
Sans préciser à qui pourrait être vendue cette part – SNCF et/ou SNCB ou investisseurs privés – le ministre libéral-démocrate a toutefois souligné que l’Etat devait se décider à vendre les actifs publics qui pouvaient “être mieux gérés par le secteur privé”.
Contactée par l’AFP, la SNCF s’est refusée à tout commentaire, notamment sur l’hypothèse d’un rachat de la part de Londres. Eurostar a conservé le même mutisme.
Mais pour l’auteur et journaliste spécialiste des transports, Marc Fressoz, “Eurostar est arrivé à maturité sur le marché. La compagnie a chassé l’avion des liaisons Paris-Londres et Bruxelles-Londres”.
“C’est le bon moment pour vendre” et “la SNCF, ou la SNCB, ou les deux, pourraient être tentées d’augmenter leur part”, estime-t-il.
Un chamboulement à un moment clé pour Eurostar
Si un investisseur privé, comme un fonds de pension, remportait la mise, Eurostar pourrait être encore plus secouée car il “aurait des exigeances de rentabilité et ferait pression sur la gestion”.
ésor, Danny Alexander (c), le 30 octobre 2013 à New Delhi (Photo : Raveendran) |
Près de vingt ans après l’inauguration le 6 mai 1994 du tunnel sous la Manche par la “Dame de fer” Margaret Thatcher et François Mitterand, et le lancement le 14 novembre de la même année d’Eurostar, cette décision du gouvernement britannique est un chamboulement pour la compagnie transmanche, née de la volonté de Paris et de Londres de mettre les deux capitales à portée de train.
D’autant plus qu’elle se retrouve à un moment charnière de son histoire avec l’arrivée prochaine de la concurrence dans le tunnel sous la Manche.
Petite révolution, Deutsche Bahn a obtenu mi-juin le feu vert pour faire circuler ses trains dans le tunnel. Les premiers trains de la compagnie allemande – qui relieront Londres à Francfort via Bruxelles et Cologne, et à Amsterdam via Rotterdam – devraient circuler en 2016.
En très bonne santé, Eurostar a vu son bénéfice net bondir à 91 millions de livres l’an dernier (110 millions d’euros) contre 20,8 millions en 2011 et son nombre de passagers progresser de 2% à 9,9 millions.
Et cette bonne performance se poursuit : au troisième trimestre, la compagnie transmanche a enregistré un chiffre d’affaires en hausse de 10% et un trafic en progression de 5%.