Le Berlioz, un ferry de la compagnie maritime MyFerrylink, quitte le port de Calais, le 4 novembre 2012 (Photo : Philippe Huguen) |
[04/12/2013 12:54:48] Calais (AFP) Soulagement pour la compagnie maritime MyFerryLink: le tribunal d’appel de la concurrence britannique a cassé une décision des autorités qui interdisait à ses bateaux d’accoster au port de Douvres.
“C?est une victoire et un soulagement”, ont aussitôt réagi Jean-Michel Giguet et Raphaël Doutrebente, directeur général et directeur général adjoint de la société coopérative et participative (Scop) MyFerryLink.
“C’est la première fois que la +competition commission+ (CC) perd sur sa compétence juridique”, a précisé, ému, M. Doutrebente à un correspondant de l’AFP. “On avait remis ça en cause et on a gagné sur ce point”.
Dans un communiqué, MyFerryLink explique que la CC doit notamment reconsidérer sa compétence juridique, et que le tribunal d’appel va étudier ultérieurement “de manière plus approfondie” les demandes des requérants.
“On est fier de tout ce qu’on a fait avec tous les salariés depuis le début de cette aventure, qui a été difficile”, a exulté M. Doutrebente.
Le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, a “salué” la décision, considérant que “le maintien de trois compagnies maritimes sur le Détroit est la garantie d’une concurrence effective”.
Un peu plus d’un an après son lancement, en août 2012, la compagnie de ferries vivait avec une véritable épée de Damoclès au-dessus de la tête.
“Cela avait freiné les transporteurs, je pense qu’on va avoir un boom et repartir. Les gens étaient réservés, c’était un peu compliqué pour nous”, a reconnu auprès de l’AFP Eric Vercoutre, secrétaire général du comité d’entreprise de MyFerryLink, qui parle “d’une sorte de chantage”.
Le tribunal d’appel de la concurrence a cassé une décision de la commission de la concurrence britannique, à l’unanimité, qui interdisait l’exploitation des ferries de l’ancienne compagnie SeaFrance – dont les bateaux ont été repris en juin 2012 par Eurotunnel et loués à MyFerryLink – au départ du port britannique de Douvres, afin d’éviter une augmentation des tarifs.
Pression sur les prix
La Commission estimait qu’en cumulant un service de ferries avec la gestion du tunnel sous la Manche, Eurotunnel pourrait s’emparer de plus de la moitié du marché des liaisons transmanche et ainsi faire grimper les prix.
Elle avait sommé Eurotunnel de vendre ses deux plus gros navires parmi les trois qu’il possède afin d’éviter que cette interdiction prenne effet.
Eurotunnel et MyFerryLink avaient fait appel de cette décision, assurant qu’elles constituaient deux sociétés bien distinctes l’une de l’autre.
“Le consommateur est gagnant (…) Cette nouvelle société créée, MyFerryLink, a montré son utilité sur le marché maritime transmanche”, a commenté de son côté Jacques Gounon, le PDG du groupe Eurotunnel.
Outre MyFerryLink, le Britannique P&0 et le consortium franco-danois Louis Dreyfus-DFDS assurent les liaisons maritimes entre Calais et Douvres.
Les deux compagnies avaient regretté une rentabilité en baisse.
“Le revenu moyen par passager a été considérablement plus faible en raison d’une pression considérable des prix, due à une surcapacité”, notait ainsi DFDS dans son rapport du troisième trimestre.
ée, à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard) |
P&0 affirme pour sa part subir une “chute de rentabilité” en raison de concurrents “fixant des prix en-dessous du coût pour gagner des parts de marché”.
“DFDS a toujours au travers de la gorge le fait qu’elle n’a pas pu acheter nos navires 5 millions d’euros à l’époque”, a estimé Eric Vercoutre.
“Ce n’était pas un bon combat. On s’est aperçu qu’avec trois compagnies on arrive à vivre entre Calais et Douvres”, a-t-il ajouté. “Il faut retrouver un équilibre dans les tarifs. Il faut arrêter de faire une guerre (…) tarifaire”, a-t-il demandé.
Frédéric Cuvillier a salué mercredi le “succès” de la compagnie de 533 marins et sédentaires, dont une majorité d’ex-SeaFrance, avec 11% de parts de marché du trafic fret transmanche et 8% du trafic passager.