Gaz : esquisse de rapprochement entre Gazprom et Bruxelles

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ésident de Gazprom, Alexandre Medvedev, le 4 juin 2013 à Moscou (Photo : Natalia Kolesnikova)

[04/12/2013 19:13:26] Bruxelles (AFP) Gazprom et la Commission européenne ont semblé rapprocher leurs points de vue mercredi, ce qui pourrait ouvrir la voie à un règlement de leur différend sur les pratiques du géant gazier russe, accusé d’entrave à la concurrence dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale.

Gazprom va faire “dans les prochains jours” des propositions en vue de parvenir à une solution concernant l’enquête que la Commission européenne a ouverte contre lui, a annoncé mercredi le commissaire européen chargé de la Concurrence, Joaquin Almunia.

“Gazprom a exprimé sa volonté d’explorer la possibilité d’une solution fondée sur des engagements” de sa part, a expliqué M. Almunia à l’issue d’un entretien à Bruxelles avec le vice-président de Gazprom, Alexandre Medvedev.

La rencontre, à laquelle participait également le vice-ministre russe de l’Energie, Anatoli Ianovski, a été “constructive”, a souligné le commissaire européen dans un communiqué.

“Gazprom a annoncé qu’il présenterait une ébauche de propositions écrites dans les prochains jours, et la Commission va les analyser”, a-t-il poursuivi, sans donner plus de précisions.

La Commission européenne avait ouvert une enquête formelle en septembre 2012, soupçonnant Gazprom de trois types de pratiques anticoncurrentielles.

Le groupe gazier était d’une part soupçonné de diviser les marchés gaziers en entravant la libre circulation de gaz entre États membres. Deuxièmement, il pourrait avoir empêché la diversification de la distribution du gaz et enfin, il pourrait avoir imposé des prix non équitables à ses clients en établissant un lien entre les prix du gaz et du pétrole.

Ces pratiques concernent la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République Tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne, toutes très dépendantes des livraisons de gaz russe.

Gazprom est notamment le seul fournisseur de gaz de la Lituanie, ancienne république soviétique, via un gazoduc traversant le Bélarus. Vilnius tente de briser ce monopole par la construction d’un terminal de gaz naturel liquéfié, qui devrait être opérationnel fin 2014.

Un signe d’apaisement

L’annonce de discussions en vue d’un règlement amiable traduit une évolution sensible du dossier depuis octobre. La Commission européenne avait alors haussé le ton contre Gazprom, avertissant qu’elle était prête à passer à l’étape suivante dans la procédure, sous la forme d’une communication des griefs.

Au sommet UE-Russie de décembre 2012, le président russe Vladimir Poutine n’avait pas caché son exaspération face à l’enquête de Bruxelles visant Gazprom. Il avait même dénoncé comme “inacceptables” certaines réglementations de l’UE, “considérées comme une confiscation des intérêts russes”.

Quelques semaines auparavant, le vice-Premier ministre russe Arkadi Dvorkovitch avait mis en garde l’UE contre “les conséquences” qui découleraient d’une condamnation du géant gazier. Quant au patron de Gazprom, Alexeï Miller, il s’était ouvertement demandé si Bruxelles escomptait recevoir du gaz dans des quantités croissantes dans les années à venir.

La Russie fournit entre un quart et un tiers de la consommation de gaz et de pétrole des pays européens.

L’annonce de discussions en vue d’un rapprochement entre Gazprom et la Commission est en tout cas un signe d’apaisement des relations entre la Russie et l’UE, qui se sont tendues avec la crise ukrainienne.

Pendant que M. Almunia rencontrait M. Medvedev, Alexeï Miller recevait mercredi à Moscou le vice-Premier ministre ukrainien Iouri Boïko pour discuter de la dette gazière de Kiev. La Russie fournit 60% de la consommation ukrainienne, et l’Ukraine constitue aussi le principal pays de transit pour le gaz russe exporté vers l’UE.

L’annonce de discussions mercredi entre la Commission européenne et Gazprom a coïncidé par ailleurs avec l’annonce du feu vert européen à l’acquisition par le groupe russe de quatre entreprises, les allemandes Wingas et WIEH et les néerlandaises Winz et Wintershall, spécialisées dans la fourniture et le stockage du gaz.