à Lisbonne, le 26 novembre 2013 (Photo : Francisco Leong) |
[04/12/2013 20:34:24] Lisbonne (AFP) Les créanciers du Portugal ont entamé mercredi un nouvel examen du programme de rigueur du pays sous perfusion financière, au moment où patronat et syndicats sont unanimes à dénoncer une cure d’austérité qui pèse sur la reprise fragile de l’économie.
Le retour de la troïka (UE-FMI-BCE) intervient une semaine après l’adoption par le Parlement d’un budget d’une rigueur exceptionnelle pour 2014, qui a donné lieu à une vague de grèves et manifestations des fonctionnaires, principale cible des mesures.
Mais le secteur privé aussi a exprimé sa préoccupation face à une économie qui continue à battre de l’aile et un taux de chômage toujours très élevé (15,6%) malgré une légère embellie.
“Ce n’est pas en diminuant les salaires, comme le suggèrent certains membres de la troïka, que l’on va faire repartir l’économie”, s’est emporté Antonio Saraiva, président de la Confédération des entreprises portugaises.
Les experts du Fonds monétaire international sont notamment favorables à une baisse du salaire minimum (actuellement de 485 euros) pour les jeunes pour favoriser l’embauche de chômeurs.
“Une politique de bas salaires est inacceptable. Nous espérons que le gouvernement fera valoir ce point de vue auprès de la troïka”, a déclaré Lucinda Damaso, présidente du syndicat UGT, en attendant une rencontre entre les partenaires sociaux et les créanciers programmée mercredi prochain.
Une fois n’est pas coutume, la très austère ministre des Finances Maria Luis Albuquerque a dit partager l’avis des syndicats, estimant que les salaires ont déjà assez baissé dans le secteur privé: “Sur ce point, nous avons une divergence de vues avec le Fonds monétaire international”.
Selon une étude de la Banque du Portugal, 39,4% des salariés du pays ont subi en 2011 et 2012 des baisses de leurs revenus. Les nouveaux arrivants sur le marché du travail ont dû accepter en moyenne une diminution de 11% de leurs salaires en 2012.
“C’est en valorisant les gens que l’on crée de la compétitivité dans l’économie moderne que le Portugal est en train de construire”, a relevé mercredi le ministre de l’Economie Antonio Pires de Lima.
Satisfecit des marchés
Fort du succès de son échange de dette de 6,6 milliards d’euros réalisé sur les marchés la veille de l’arrivée de la troïka, le gouvernement portugais peut désormais aborder les négociations avec ses créanciers avec plus de sérénité.
Le “bon résultat” de cette opération “améliore les perspectives d’un retour du Portugal sur les marchés financiers”, s’est félicité le Premier ministre Pedro Passos Coelho.
“C’est un signe encourageant qui témoigne d’une confiance croissante des investisseurs envers le Portugal”, a souligné à Bruxelles Simon O’Connor, porte-parole du Commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn.
Pour échapper à l’humiliation d’un deuxième plan de sauvetage assorti de conditions sévères, Lisbonne cherche à reconquérir la confiance des investisseurs.
Le Portugal a reçu 71,4 milliards d’euros sur le total des 78 milliards d’euros accordés par l’Union européenne et le FMI. En cas d’examen réussi, Lisbonne obtiendra une nouvelle tranche de crédit de 2,7 milliards d’euros.
Mais des incertitudes continuent à peser sur la capacité du gouvernement à mettre en oeuvre les mesures d’austérité de 3,9 milliards d’euros prévues par le budget 2014. Leur sort est désormais entre les mains des juges de la Cour constitutionnelle.
Saisie par le président Anibal Cavaco Silva, la Cour doit se prononcer prochainement sur un projet phare du budget, les coupes de près de 10% dans les retraites des fonctionnaires.
En cas de verdict défavorable, le Portugal est tenu de proposer des économies alternatives. “Il faut trouver le cas échéant de nouvelles mesures, mais nous n’avons pas discuté d’un plan B avec le gouvernement”, avait assuré en novembre Subir Lall, chef de la mission du FMI pour le Portugal.